© Brice Lechevalier

Evoluant dans le giron du groupe Bénéteau, premier producteur de bateaux de plaisance, le chantier bordelais passera le cap cette année des 3300 unités de 38 à 62 pieds vendues en trente ans. Un record sur ce marché de niche en plein essor. Présent sur tous les continents, Lagoon fidélise sa clientèle en organisant chaque année un rallye convivial et propice aux échanges, à la fois entre propriétaires, et entre les clients et ceux qui leur ont vendu leurs deux coques savamment aménagées. Alors que le nom de Saint-Martin est déjà évoqué pour l’an prochain, la vingtaine de Lagoon présents en mai 2014 se sont élancés entre Palma de Majorque et Cabrera. Cette île de l’archipel des Baléares se distingue par son fort dominant l’anse protégée accueillant un port minuscule animé par un restaurant, et par son parc naturel surveillé par les militaires habitant sur le micro-archipel de Cabrera. Après huit heures de près et de houle, le mouillage en fin de journée, à l’abri de cet amphithéâtre de calcaire et de verdure, avait un goût de paradis, que ni la paella ni le rioja servis à quai n’ont démenti.

© Brice Lechevalier

Autour du buffet et des quatre grandes tables dressées sur le port pour l’occasion, les équipages font plus ample connaissance après le cocktail et le dîner de la veille à Palma, échangent leurs impressions sur la navigation et les performances respectives de leurs embarcations, analysant les options prises par les uns et les autres pour atteindre ce petit oasis. Entre le Lagoon 39, léger et bien toilé, et le Lagoon 620 puissant dans 20 nœuds de vent, les catégories intermédiaires ont parfois du mal à se positionner pour ce qui est de la compétitivité sportive. Heureusement, tout le monde a bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une régate mais d’une croisière en flottille. Certains venaient d’Australie ou de Finlande, et le pavillon suisse flottait sur deux catamarans.

Deux pavillons suisses pas comme les autres

Flambant neuf, le Lagoon 52 de Sabrine et André Inderbitzin était d’ailleurs exposé au Salon International du Multicoque de la Grande Motte au printemps. Equipé d’un code zéro et d’un génois autovirant, Aglaea a fière allure. Il faut dire que le couple de Zoug nourrit de grandes ambitions. Ancien cadre dirigeant d’Oracle, le jeune retraité a fondé le Swiss Catamaran Sailing Club afin de faire connaître la plaisance à ses compatriotes, et à toute personne intéressée par la découverte de la voile dans des conditions confortables : flybridge, cockpit panoramique, cuisine spacieuse, trois grandes cabines avec clim, rangements, douche et toilettes, sans oublier un équipement de navigation high-tech avec hydraulique et mat carbone. « Nous voulons être les ambassadeurs du Swissness en mer, proposer aux gens des vacances à la voile de luxe et démontrer que la navigation peut être synonyme de confort », explique André. Déjà prévu jusqu’en 2017, le programme de navigation d’Aglaea (du nom de la déesse grecque, fille de Zeus) débute par la Corse et la Sardaigne cet été mais prévoit naturellement les Caraïbes l’an prochain. Les premiers membres du club ont déjà réservé leurs cabines de croisière avec équipage. Le couple connaît bien le principe pour avoir loué des Lagoon pendant des années, avec ou sans équipage. Il s’agit pourtant de leur première acquisition, et ils ont fait appel à un skipper professionnel pour les accompagner les premières semaines. « J’ai eu le coup de foudre pour le Lagoon 52 ! », déclare son heureux propriétaire, enthousiasmé par son acquisition. Leur plus grande satisfaction jusqu’à présent, confirmée pendant l’Escapade Lagoon, est d’avoir convaincu leurs deux fils de les accompagner en vacances d’une part, et de leur faire aimer la voile d’autre part. A Palma, les deux jeunes adultes ont déclaré à leurs parents qu’ils reviendraient cet été. Aventures à suivre sur le Club Lagoon et sur aglaea.ch.

Départ de la flotte des Lagoon de Palma (ci-dessus) dans le petit temps en fin de matinée pour un mouillage salutaire à Cabrera (ci-dessous) après 7-8 heures de près dans 15-20 nœuds de vent © Brice Lechevalier

Convertis à la vie sur l’eau depuis 2007, Clara et Martin ont acheté leur Lagoon 420 d’occasion. « Il était presque neuf, et d’ailleurs depuis il n’a pas bougé », explique le skipper, qui précise y avoir installé la climatisation. « Nous habitons à Dénia et naviguons toute l’année, tout en vivant sur le bateau trois mois par an durant lesquels nous effectuons une grande croisière ». Le couple binational (Clara est suisse et Martin allemand) précise occuper chacun une cabine avec douche et toilettes afin de pouvoir se retirer dans son coin si nécessaire, et avoir transformé les autres en espaces de rangement et de stockage. Très à l’aise dans les manœuvres au port et plutôt performant en navigation, le duo de sexagénaires respire la complicité et le bonheur de sillonner les mers en catamaran. Interrogée sur leur participation à ce rallye, Clara déclare adorer le principe du Club Lagoon : « Lagoon continue à penser à nous même après la vente du bateau, c’est très agréable de constater que nous comptons toujours pour le chantier ». Martin enchaîne : « C’est l’occasion de rencontrer d’autres propriétaires et de discuter de nos bateaux. Au moins, ici, on sait que les gens sont ouverts. Parfois, dans les marinas quand nous allons aux devants de nos compatriotes spontanément, ils ne sont pas toujours très réceptifs ». Tout le monde ne peut pas avoir la Lagoon attitude…

© Brice Lechevalier