Avec un podium identique à celui de l’année précédente, le D35 Trophy 2018 a été plus disputé que jamais. Ylliam – Comptoir Immobilier s’est offert sa première victoire en grand prix. Retour sur une saison pleine de rebondissements.

Pour son avant-dernière saison, le D35 Trophy n’a pas failli à sa réputation et les écarts n’ont jamais été aussi serrés à l’issue des huit épreuves du championnat. Seulement 33 points départagent le premier du dernier alors qu’il y en avait 55 en 2017, 45 en 2016, 62 en 2015, et 61 en 2014…

De la bise pour démarrer

_LS06822L’ouverture s’est déroulée comme à son habitude à la Société Nautique de Genève et les neuf concurrents inscrits ont profité d’excellentes conditions après un long hiver consacré à la préparation technique et à l’entraînement. Une bise soutenue d’une quinzaine de noeuds a couronné cette entrée en matière qui n’a pas laissé de place à l’échauffement. Alinghi, Ylliam – Comptoir Immobilier, Zen Too et Realteam ont successivement remporté les premières manches.

Au terme de l’événement, après onze courses, sept des neuf concurrents ont terminé au moins une fois sur le podium. Alinghi a quant à lui donné le ton en remportant cinq régates. Mobimo a également fait une belle impression en terminant troisième au général, derrière Alinghi et Ylliam – Comptoir Immobilier. Christian Wahl, sixième du championnat en 2017, n’a pas manqué de se féliciter de ce premier résultat prometteur. « Il y a de nouvelles énergies et c’est très positif. Nous avons fait une session d’entraînement de dix jours consécutifs avant ces premières régates, ça semble porter ses fruits. »

L’Open de Versoix, qui a suivi, a vu Alinghi poursuivre sur sa lancée avec une confortable avance de quatorze points sur Swisscom, qui s’est octroyé la deuxième place devant Ylliam – Comptoir Immobilier. Début juin, le Grand Prix de Versoix a été disputé le même week-end que la première grande course du calendrier, la Genève- Rolle-Genève. Swisscom, Racing Django, Zen Too, et Realteam se sont chacun hissés sur le podium lors de ces deux événements, en laissant toujours la première marche à l’indétrônable Alinghi.

Bol très lémanique

_LS07151 Le Bol d’or Mirabaud, cinquième étape du championnat, a clos la première partie de la saison sur la très belle victoire de Mobimo. L’épreuve qui s’est disputée dans des airs particulièrement légers s’est terminée au milieu de la nuit. Pratiquement chaque concurrent a eu son heure de gloire durant les quatorze heures de course. Au final, la régate s’est jouée entre Mobimo, Okalys Youth Project, Ylliam – Comptoir Immobilier et Alinghi, entre la Tour Carrée et la ligne d’arrivée. Mobimo qui a réussi un exercice parfait, sur un lac lisse comme un miroir, s’est faufilé vers la victoire en laissant les trois autres sur le carreau. Okalys Youth Project, qui prend la deuxième place, réalise une performance remarquable, s’agissant d’un équipage mené essentiellement par des jeunes de moins de 18 ans et un homme connu comme le loup blanc sur le Léman : Loïck Peyron. Le co-barreur, Arnaud Grange, n’est d’ailleurs pas prêt d’oublier cette expérience.

_LS07922Reprise compliquée Le mois de septembre a réservé quelques surprises, et si tout semblait se profiler pour voir Alinghi poursuivre en dominant, un contretemps est venu troubler la mécanique bien rodée. Nils Frei, régleur incontournable du bord depuis quinze ans, blessé lors d’une étape du circuit de GC32, n’a pas pu prendre son poste. Les conséquences de son absence à bord ont été lourdes et l’équipage a fait face à pas mal d’adversité : 9e au Yacht Club, puis 6e à Crans, Alinghi ne s’est ressaisi qu’à Nyon, en terminant sur la dernière marche du podium.
Ce classement lui a quand même permis de s’imposer sur le D35 Trophy – pour la septième fois – mais avec seulement cinq points d’avance, alors qu’il en comptait quatorze l’année précédente. Ylliam – Comptoir Immobilier, vainqueur de ce Grand prix Realstone présenté par le Musée du Léman, a pu dignement fêter ce premier succès qui le conforte au deuxième rang de la saison. Zen Too, 7e à Nyon, est certes un peu déçu de sa dernière prestation, mais prend, comme en 2017, la troisième place du général.
Ernesto Bertarelli, soulagé au terme de la dernière régate, s’est exclamé une fois la ligne d’arrivée franchie : « Je suis content que ça soit fini ! » avant de se réjouir, comme les huit autres skippers, de revenir en 2019 pour l’ultime D35 Trophy de l’histoire.


Le D35 et après ?

photo-encadréComme nous l’avions déjà relevé dans notre édition du printemps, les D35, lancés en 2004, vont disputer leur dernière saison en 2019. Bien que jamais égalé – un seul bateau a remporté le Bol d’Or devant eux en quinze ans – le prestigieux support lémanique mérite, après ces années de bons et loyaux services, d’être modernisé. Le TF35, un foiler, va donc lui succéder dès 2020.

Toujours en phase d’étude, le futur voilier va devoir répondre à un cahier des charges assez complexe et être capable de voler dès 7-8 noeuds de vent réel, soit à peine plus que le minimum requis pour régater en D35. L’équipe en charge du dossier n’est toutefois pas du genre à s’offusquer de la difficulté. Avec l’espagnol Gonzalo Redondo aux commandes, l’américano-néerlandais Dirk Kramers à la structure, le Britannique Adam May au design des foils, le Suisse Luc Dubois aux systèmes de vol, et le français Marc Ménec à la modélisation 3D, le projet est plutôt bien doté et devrait donner naissance à une véritable bombe technologique.

Au niveau du calendrier, les premiers essais ont été réalisés durant l’été avec un Easy To Fly modifié (voir photo ci-contre). Ceux-ci doivent permettre de tester et valider plusieurs choix en rapport aux outils d’assistance de vol. Les tests vont se prolonger durant l’hiver et la construction des premiers éléments sera lancée en début d’année 2019. Le voilier numéro 1 devrait être mis à l’eau à la fin du printemps 2019 et huit ou neuf unités devront être construites pour commencer la saison en mai 2020.

Le bateau sera construit par un consortium d’entreprises hautement spécialisées. Jean- Marie Fragnière, ingénieur et responsable du bureau d’étude chez Décision SA durant 30 ans, est en charge de la coordination générale de la construction alors que Bertrand Favre, série master des D35, manage l’ensemble du projet.