Quel est ton meilleur souvenir à la barre, toutes séries confondues ?
A la barre de Maricha IV ! Cela remonte au printemps 2005. Le bateau sortait d’hivernage et avait subit beaucoup de modifications, j’ai participé à sa remise à l’eau pendant un mois au côté de Christophe Buholzer, et j’ai pu embarquer ensuite pour son convoyage entre La Ciotat et New York. La transat a durée 15 jours et j’étais de loin le plus jeune à bord parmi les 18 équipiers. On m’a proposé de prendre la barre du 42 mètres et pendant mon quart on est monté à 28 nœuds. Ensuite il y a même eu des pointes à 30 nœuds, un vrai bonheur !

Sur quelle grande course océanique te verrais-tu embarquer ?

Si je regarde loin à l’horizon c’est la Volvo Ocean Race qui me parait être la plus intéressante, mais ce ne serait pas avant dix ans et il faudrait que je navigue d’abord sur des gros bateaux, style petits maxis ou multis géants. En fait, ce n’est pas mon objectif principal et, pour l’instant, je me concentre sur les régates en triangle.

Tu as commencé le Moth à foils début 2008, décroché une place de Champion d’Europe dans la foulée, une autre de troisième aux mondiaux en 2009, quelle est la prochaine étape ?

En tenant compte du fait que le niveau va encore s’élever l’année prochaine, mon but consiste à finir à nouveau dans les trois premiers mondiaux à Dubaï, en mars 2010 puis à décrocher un troisième titre de Champion d’Europe, en août, à Silvaplana. En Suisse par exemple, nous avons des nouveaux venus tels que Matthias Renker et Fabien Froesch qui ont réalisé des bons débuts, et qui vont progresser très vite.

Comment y parvenir, quel est ton programme pour ces prochains mois ?

Depuis la mi-octobre, je m’entraîne avec Jean-Pierre Ziegert* dans le golfe de St-Tropez un weekend sur deux, parfois avec l’appui d’un entraîneur : l’Anglais Simon Payn a été une fois Champion du monde et quatre fois Champion d’Europe, son aide est précieuse. Ce programme devrait continuer ainsi jusqu’à la mi-février pour s’intensifier alors à Dubaï, où une bonne partie de la flotte sera certainement déjà présente. Les conditions de vent devraient y être légères donc il ne faut pas prendre de poids d’ici-là. Parallèlement, je dois travailler le physique et l’endurance, par exemple à vélo. Côté technique, les manœuvres vont faire partie de l’entraînement, ainsi que la conduite du bateau en général ou les réglages en vol avec de la vague en particulier. Enfin, nous allons tenter de développer des pièces spéciales pour améliorer les performances en vol.

Si les Moth ne rentrent pas aux JO, serais-tu tenté par une autre série pour viser une médaille olympique ?

Si les Moth en faisaient partie, oui, ou si les multis revenaient aux JO également, mais sinon pas.

Tu as remporté le Safram Speed Tour** avec ton équipage de Rhône Gestion, penses-tu défendre votre titre l’an prochain ou passer au D35 ?

Effectivement, indépendamment du fait que ce M2 est en vente et que j’effectuerai certainement quelques régates à bord d’autres M2 sans suivre tout le circuit, je souhaite passer à plus gros. Or, Pierre-Yves Firmenich*** vient d’acheter le Décision 35 SUI6 (ex Cadence et Alinghi en 2009) et devrait m’en confi er la barre. J’y retrouverai d’ailleurs une partie de mon équipage de M2, Cédric Schmidt et Cédric Chapot, ainsi que mon père et, bien sûr, Pierre-Yves.

Tu as aussi gagné l’Esse Europa Cup avec Arnaud Gavairon et le championnat de série de Grand Surprise avec Paolo Pelachani de Gryffi ndor. Qu’est-ce qui t’attire sur ces bateaux typiques du lac ?
En fait, ces batea
ux sont pourvus de voiles North Sails, pour qui je travaille en tant que designer, et il s’agissait à chaque fois de venir essayer le jeu de voiles afin de l’optimiser pour la saison suivante. En Grand Surprise, c’était en outre la dernière manche du Championnat lémanique à Thonon, et je suis aussi allé y défendre mon titre !

Pour avoir suivi de près son développement et navigué dessus, quelles chances donnes-tu au foiler SYZ & CO de battre effectivement des records ?
Le bateau possède réellement un très grand potentiel, mais il lui faut des conditions de vent particulières, en tout cas supérieures à 15 nœuds uniquement pour décoller. Depuis sa nouvelle configuration à l’automne, elles n’ont pas encore été réunies. Dans l’absolu, on doit pouvoir atteindre les 30-35 nœuds et battre le record de vitesse sur un mille et sur une heure.

Tu es designer chez North Sails, penses-tu un jour avoir une carrière 100% consacrée à la navigation ?

Pour le moment, je trouve vraiment très intéressant de pouvoir allier le design des voiles dans un bureau de développement à la navigation. Cela s’avère parfaitement complémentaire et j’ai déjà beaucoup de chance. Mais un jour oui, ce serait un rêve de pouvoir consacrer toutes mes journées à la navigation !

As-tu un exemple, dans la voile, d’un régatier qui t’impressionne particulièrement ?

Loïck Peyron est depuis toujours un exemple pour moi, mais Alain Gautier m’impressionne également beaucoup.

*détenteur du record de vitesse lémanique sur un mille et président de l’association suisse de Moth à foils
** voir article page 38
*** président de la SNG et ancien propriétaire du F40 Yliam