La société Multi One Design SA (MOD) a présenté le 2 octobre dernier au Beau-Rivage Palace de Lausanne son nouveau projet de multicoque océanique monotype ainsi que son circuit de compétitions. Après une première tentative de lancement en 2007, qui proposait déjà un concept similaire censé reprendre le flambeau de l’ORMA déclinante, la SA présidée par Marco Simeoni et dirigée par Franck David a soumis sa copie revue et corrigée aux médias et partenaires potentiels.

Numerus clausus
Sur le papier, ou plutôt sur scène, le MOD 70 version 2010 est dépeint comme un projet idéal. Toutes les lacunes de feu l’ORMA ont été analysées et des réponses sont apportées à chacun des points négatifs de l’ancienne association, dont les actifs ont été repris par MOD SA : numerus clausus à douze bateaux pour garantir la valeur de ceux-ci sur le long terme ; stricte monotypie afin de limiter les coûts ; voiliers beaucoup plus sûrs et robustes que les 60 pieds Open ; cabinet d’architecte réputé et expérimenté, circuit comportant un Tour d’Europe, un Tour du Monde et une Transat ; et surtout, limitation à quatre unités par pays dans le but de ne pas retomber dans un programme franco-français qui caractérise toujours le multicoque océanique. Le fait d’avoir présenté le projet en Suisse n’est d’ailleurs pas étranger à cette volonté et va dans le sens évident d’internationaliser cette classe naissante.

Pari audacieux ou osé
Malgré tous ces aspects réellement séduisants, on ne peut que constater qu’à ce jour aucune équipe n’a encore signé et qu’il en va de même pour les villes étapes du Tour de l’Europe et du Tour du Monde. À part le premier bateau acquis par Multi One Design qui sera vraisemblablement mené par Stève Ravussin, les autres projets sont toujours au stade de la réflexion. Au moment de sa présentation, le MOD 70 est donc fondé sur un pari. Audacieux ou osé, selon la vision qu’on veut lui accorder, mais un pari tout de même ! Franck David est à l’évidence très optimiste sur l’avenir et stipule qu’autant de moyens n’auraient jamais été investis si des contacts sérieux n’avaient pas été pris. Le soutien financier de Marco Simeoni, PDG de Veltigroup, reste par ailleurs une garantie fondamentale permettant d’engager la construction de cinq bateaux avant même d’avoir des engagements fermes.

Projet clé en main
Difficile pourtant de ne pas penser au projet de maxi monotype de Pierre Fehlmann qui, malgré des investissements importants, avait fini par capoter il y a une dizaine d’années. « Le projet Grand Mistral voulait à l’époque prendre la place de la Whitbread* », rappelle à juste titre Stève Ravussin, directeur technique du MOD
70. Et d’ajouter : « Notre position est différente puisque nous arrivons sur un terrain laissé vide par l’ORMA. » Il est vrai qu’en comparaison à la situation de 2007, le MOD 70 a largement mûri et présente des atouts plutôt prometteurs. « Lorsque nous avions ébauché ce projet, il y a 3 ans, nous pensions poursuivre dans la voie de l’ORMA, soit dans un système associatif », explique encore Stève. « Nous n’avons jamais pu accorder nos violons, car comme souvent, chacun cherchait à tirer la couverture a lui, poursuit-il. Aujourd’hui, nous proposons un produit clé en main, et ne sommes donc pas contraints par les revendications de chacun, même s’il va de soi que nous restons et resterons à l’écoute des équipages. »

Le Gitana Team intéressé
La présence dans la salle de Didier Bottge, président du Gitana team, ainsi que d’autres personnalités de la voile, rappelle que les contacts sont en effet sérieux. L’équipe du Baron Benjamin de Rothschild pourrait, même si son représentant ne se prononce pas formellement, armer un des cinq premiers bateaux. « La vocation de Gitana est la pérennité et, à l’évidence, ce qui vient d’être présenté constitue à nos yeux le projet le plus intéressant et réaliste dans son dimensionnement », confi e Didier Bottge.

Huit fois moins chers que la Volvo
Côté argent, le MOD 70 est également présenté comme abordable, en tout cas en comparaison avec les autres circuits présentant une visibilité comparable. Le prix du bateau est avancé à 3,75 millions de francs, alors que les coûts annuels de fonctionnements sont estimés à 2,5 millions. Le tour européen, dont la première édition doit avoir lieu en 2012, a quant à lui une valeur de 20 millions. Le coût du Tour du Monde, programmé en 2013-2014, est estimé à 40 millions. Les sponsors intéressés pour soutenir l’un ou l’autre des évènements devront sortir de leur poche 4,5 millions pour le Tour d’Europe et 12 millions pour le Tour du Monde. « Nous estimons la rentabilité de l’investissement à 300% », précise Franck David. En comparaison, nous sommes huit fois moins chers qu’une campagne de la Volvo Ocean Race. » Le directeur exécutif se défend pourtant de vou
loir concurrencer le légendaire Tour du Monde en monocoque. « Cette course a une forte culture anglo-saxonne, elle est incontournable et nos calendriers ne se confrontent pas. » Le directeur exécutif de MOD SA reste donc persuadé de la complémentarité du projet dans le monde de la course au large : « La nature à horreur du vide, nous venons simplement combler une place qui était disponible ! »
*actuelle Volvo Ocean Race