Pendant un demi-siècle, les membres du St. Gallischer Yachtclub Rorschach (SGYC) ont recherché un club house. Même si l’attente d’un port d’attache et d’un local a été longue, le club nautique situé au bord du lac de Constance a toujours cultivé sa propre philosophie et mis sur pied des fêtes pleines d’humour et débordant de créativité.

« Vous n’êtes pas un club nautique, mais une famille de navigateurs », aurait affirmé Peter Cunningham des îles Caïmans lors du championnat de Suisse 2014 des Dragon organisé par le SGYC. Il n’aurait pas pu mieux dire. Le SGYC ne brille pas forcément par des exploits sportifs et n’est pas non plus un organisateur de régates très actif. Cependant, il se démarque par sa vie associative qui met tout le monde d’accord, car les membres et les hôtes s’y sentent à l’aise, un peu comme à la maison entourés de leur famille. En entretenant cet état d’esprit, le club est resté fidèle aux objectifs fixés par les fondateurs durant un doux soir d’été 1942, consignés dans leur premier procès-verbal : « Cultiver la vraie camaraderie et promouvoir la voile par les escadres et les sorties. » Dès les premières années d’existence en pleine guerre, le club comptait déjà dix yachts et dix dériveurs stationnés dans le port du château (le « Schlosshafen ») et dans le port de la société Spezialbeton Staad.

À la recherche de places d’amarrages

SGYCDans les années d’après-guerre, le nombre de bateaux a connu une croissance spectaculaire et il était devenu extrêmement difficile de trouver des places d’amarrage. En 1955, suite à la décision de fermer le Schlosshafen, contraints de trouver une solution, les responsables ont pris le taureau par les cornes en construisant bénévolement le « Gröblihafen ». Quelques années plus tard, la ville de Rorschach lançait le projet d’un port de plaisance pour les gondoles et les yachts. Pour y être associé, le club n’a pas hésité à changer de nom. Le Yachtclub Staad est ainsi devenu le St. Gallische Yachtclub Rorschach. Pour la mise en oeuvre du projet, les intéressés ont toutefois dû s’armer de beaucoup de patience. Un terrain constructible non conforme, des autorisations manquantes ou des griefs formulés par les associations de protection de l’environnement ont passablement retardé sa réalisation. En 1978, soit une vingtaine d’années plus tard, le port de la coopérative Rorschach a enfin vu le jour.

La convivialité avant tout

Il lui a fallu attendre cinq ans supplémentaires pour avoir son propre local permettant enfin aux membres de mener une vie associative digne de ce nom. Depuis, elle s’est bien développée. Pour bien démarrer la saison, le SGYC organise chaque année le désormais traditionnel « lever des fanions ». Suivant un rituel établi, les membres hissent les drapeaux des trois pays et les fanions du club tout en trinquant à une saison réussie et bon enfant. Quand le SGYC organise des événements, l’originalité et l’humour jouent toujours un rôle important. Le père Noël arrive en dériveur et plus d’une fois, le baptême d’un bateau s’est déroulé au beau milieu du lac sur un radeau. Certains événements peuvent même être taxés d’insolites, à l’image de la « 3-Seen-Cup ». Une sorte de défi étonnant où, un équipage mené par Stefan Manser, membre du comité du club, avait porté un catamaran gonflable à pied sur trois lacs alpins appenzellois pour les traverser à la voile. Josef Müller, le président du SGYC depuis six ans, a compris le potentiel du club et réussi à lui donner de nouvelles impulsions. Depuis 2012, les nouveaux membres doivent passer une sorte de bizutage amusant pour être admis au club. Une fête pleine d’humour où tout le monde se divertit et noue des contacts. Josef Müller a également lancé le trophée du président qui récompense chaque année une personnalité ou une organisation méritante. Bien entendu, la navigation joue également un rôle important au SGYC. Dans les classes traditionnelles des Dragon ou des 6mJI, dans lesquelles évoluent plusieurs membres, le club organise des régates, notamment la très populaire régate amicale Midweek qui a lieu chaque mercredi pendant la saison estivale. Mais le SGYC ne serait pas le SGYG si la régate ne se terminait pas par une soirée conviviale.