Reportages Voile en Suisse

Six équipes s’expriment

Pas de vacances pour les avocats! L’America’s Cup a été secouée par un séisme juridique, le 29 juillet dernier. En invalidant le Challenger of Record du Golden Gate Yacht Club – Oracle BMW Racing, la Division d’Appel de la Cour de New York a remis la 33e America’s Cup sur les rails souhaités par Alinghi et la Société Nautique de Genève.
Les vaillants régatiers de BMW Oracle Racing, qui pour une fois ne sont pas prophètes en leur pays, ont donc immédiatement contre-attaqué et demandé un nouvel appel. Délai probable du prochain verdict: «entre dix et douze mois» auxquels s’ajouterait le délai d’organisation de 10 mois. Pas de quoi réjouir la communauté de l’America’s Cup, qui une fois encore voit les petits challenges non inféodés souffrir de cette situation.


Cinq défis : Team Shosholoza, Team French Spirit, Argo Challenge, K-Challenge et Mascalzone Latino-Capitalia Team – ainsi qu’un Defender, Alinghi, ont répondu.
Quatre défis : United Internet Team Germany, Team Origin, BMW Oracle Racing et Team New Zealand, ont été contactés mais n’ont pas souhaité s’exprimer.
Le Desafío Español, Aire et Fuxia Challenge n’ont pas jugé bon de répondre.

Quels ont été vos sentiments lorsque vous avez entendu la décision de rétablir le Club Espagnol (CNEV) en tant que Challenger of Record pour la 33e America’s Cup ?

Brad Butterworth (Alinghi): Nous envisagions d’avoir une America’s Cup avec de multiples équipes en 2010.

Cpt Sarno (Shosholoza): J’ai été très surpris parce que le verdict précédent semblait être logique. Heureux dans un deuxième temps car cela signifiait que l’on pouvait recommencer à planifier notre participation dans la prochaine America’s Cup.

Antonio Spinelli (Argo Challenge): Cette décision ne contribue pas beaucoup à relever le niveau d’incertitude dans lequel nous et nos partenaires sommes plongés en ce moment.

Stéphane Kandler (K-Challenge): Cela démontre qu’il ne faut jamais préjuger des tribunaux. Il vaut mieux attendre la fin des procédures avant de commenter et espérer.

Marc Pajot (Team French Spirit): Pour l’instant, nous sommes l’un des participants officiels de la 33e America’s Cup. ACM n’a pas encore remboursé les droits d’inscription aux challengers régulièrement inscrits.

Vincenzo Onorato (Mascalzone Latino): J’étais surpris et très déçu. C’est une décision incompréhensible.

Pensez-vous que l’Appel d’Oracle soit une bonne décision ? A votre avis, quelles en sont les raisons ?
Brad Butterworth: Je pouvais comprendre la stratégie d’Oracle qui souhaitait conserver son avantage technologique en faisant en sorte que le match «Â hostile » ait lieu le plus tôt possible contre nous. Mais maintenant que cet avantage a disparu, leur décision de faire appel n’a aucun sens.

Cpt Sarno: Les avocats en font une interminable bataille juridique fondée sur les ambigüités de l’acte de donation de la Coupe. L’America’s Cup a atteint son apogée en terme de popularité. Il nous suffisait juste de surfer sur la vague du succès. Je suis convaincu qu’Oracle n’a jamais été très sincère. L’équipe américaine ne poursuit que ses propres intérêts.

Antonio Spinelli: Nous pensons que leur décision est raisonnable. Toute opportunité doit être saisie. Parfois, vous voulez paraître sincère et vous semblez égoïste, parfois c’est le contraire qui se produit.

Stéphane Kandler: C’est une bataille de géants dans laquelle les petites équipes n’ont rien à faire. Il n’y aucun trophée plus difficile d’accès que l’America’s Cup. Pour la gagner, vous devez être le meilleur dans tous les domaines, y compris au tribunal.

Marc Pajot: D’un point de vue sportif, il est hors de question d’accéder à une finale sans avoir participer aux sélections. Cela va à l’encontre de toutes les valeurs que le sport de haut niveau véhicule.

Vincenzo Onorato: Si quelqu’un a des doutes en ce qui concerne la décision d’Oracle de faire appel, je lui suggère d’aller lire le Protocol d’Alinghi, qui est le document le plus antisportif jamais écrit auparavant.

Vous êtes inscrits à la 33e America’s Cup en dépit du Protocol défini par Alinghi. Ces règles sont-elles aussi injustes qu’on le dit ou simplement similaires à celles édictées lors des éditions précédentes?

Brad Butterworth: Nous avions modifié quatorze fois le Protocol de la 32e Coupe entre 2003 et 2007, par conséquent, préjuger de notre volonté et de notre capacité à le modifier en cours de route est totalement ridicule.

Antonio Spinelli: Les règles de l’America’s Cup sont formelles: celui qui gagne décide! Le protocol peut paraître sévère, voire injuste, mais vous pouvez toujours décider de rester en dehors de la compétition.

Stephane Kandler: Pour participer à l’America’s Cup, vous devez accepter les règles décidées par le Defender et le Challenger of Record. Ensuite, vous avez la possibilité de les améliorer.

Marc Pajot: Il y avait certaines difficultés dans le document d’origine. Beaucoup ont été améliorées, mais le protocole reste encore perfectible. La porte me semble grande ouverte pour le modifier à nouveau. Je suis pour la règle: «un challenge, une voix!»

Vincenzo Onorato: Nous nous battrons pour un Protocol équitable. Nous continuerons d’exprimer notre avis qui est exactement sur la même longueur d’onde que celui d’Oracle.