Les Pirate, ils existent toujours. Pas seulement ceux qui s’enrichissent en attaquant des bateaux en mer. Tout aussi actifs que les bandes sévissant au large de la corne d’Afrique, les navigateurs adeptes du Pirate, un dériveur de tradition long de 5m, tirent des bords depuis de nombreuses années. En Suisse, la monotypie peut se vanter d’une longue tradition. Peu après la construction du premier prototype en Allemagne en 1938, les premières unités de ce bateau à deux places ont fait leur apparition sur nos lacs. Les premières régates n’ont pas tardé, suivies de la fondation de l’Association Suisse des Pirate, la SPV. Suite à l’admission des bateaux en polyester et l’introduction du gréement en alu et d’un spi en plus de la voilure de 10m2, les bateaux de 170kg ont vécu une véritable renaissance dans les années 60 et 70.
Stefan Vögeli, président de la SPV depuis 2001, vante les mérites de la série : « Le Pirate est un bateau pour tout le monde. Il est facile à manœuvrer, repose sur une construction massive et n’exige pas de forme physique spéciale. Ce qui importe lors des régates, c’est l’anticipation, la tactique et les réglages. Le matériel est secondaire. Même un bateau de 20 ans peut tout à fait rivaliser avec les meilleurs, du moins au niveau national ». En effet, les Pirate suisses se distinguent par leur grande hétérogénéité. Grâce au camp de voile J&S organisé chaque année, on peut même voir des équipiers de 14 ans ainsi que des jeunes barreurs participer aux régates. Les régatiers les plus âgés ont dépassé les 70 ans. « Nous formons une grande famille au sein de laquelle règne une bonne ambiance », explique Vögeli.
Formant la base des navigateurs sur Pirate, les six flottes régionales organisent jusqu’à 10 régates par saison. Certaines comptent pour la « Cup ». En plus, tous les deux ans a lieu un championnat suisse international. A ce jour, les Pirate ont toujours réussi à remplir le critère selon lequel au moins six régates doivent voir s’aligner 15 bateaux ou plus. Leur statut de série A de Swiss Sailing leur est donc assuré.

Une flotte internationale à Arbon
Cette année, les Pirates suisses attendent un événement de tout premier choix. Sur mandat de l’IPA, l’association internationale des Pirate accueille le championnat d’Europe qui se déroule tous les deux ans. Il sera organisé par le Yacht Club Arbon en mai prochain. Les 80 à 90 bateaux attendus viennent de tous les pays membres de l’IPA, à savoir la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Hongrie, la République Tchèque et la Turquie. Les places disponibles devraient donc toutes être attribuées. En Allemagne, les intéressés doivent même se qualifier moyennant un classement. Malgré cet engouement de la part des navigateurs, les clubs ne se sont pour ainsi dire pas vraiment pressés au portillon pour mettre sur pied cet événement attractif, comme le relève Stefan Vögeli. « En Suisse, notre série ne jouit pas d’une très bonne image. Les clubs préfèrent organiser des régates pour des séries plus modernes ou des bateaux plus traditionnels jouissant d’une plus grande renommée, comme par exemple les classes métriques ». Reste à espérer que le championnat d’Europe du lac de Constance aidera à redorer le blason des Pirate suisses. Car au niveau de la participation aux régates et la cohésion au sein de la série, les Pirate suisses n’ont rien à envier à la plupart des autres séries évoluant chez nous.

Plus d’infos sur : www.piraten.ch et www.yca.ch