En posant mon sac à bord pour ma première croisière CCS, j’étais loin d’imaginer le nombre de milles parcourus par Cruising Swiss V (voir encadré) tant son état général me semblait excellent. Il faut y voir certainement la rigueur avec laquelle tous les équipages entretiennent les bateaux du CCS et veillent à les maintenir toujours en parfait état. Même si les procédures paraissent parfois un peu rigides, il faut reconnaître que d’autres milieux connaissent les mêmes méthodes, et réussissent à faire durer des véhicules (au hasard gris-vert !) pendant des années. C’est donc certainement le seul moyen !
Un grand voyageur donc, pour une petite croisière plaisir cette fois ! Ce type d’escapade peut aussi, bien sûr, être au programme des croisières articulées autour de thèmes aussi divers que la formation, les milles, les manœuvres, l’échouage ou l’éclairage, proposées entre autres par le groupe lémanique. J’ai même découvert dans le programme général une croisière « jardins anglais, marée et courants »… Funny, isn’t it ?
Un vrai plaisir, donc, que de naviguer au départ de La Trinité-sur-Mer en direction de Lorient. Le terrain de jeu n’est pas vraiment parsemé d’embuches pour autant que la navigation soit bien assurée ! Dès lors, la route pimentée par des airs bien appuyés du nord/nord-est louvoie entre Port Halliguen, La Teignouse, un mouillage déjeuner à Houat et d’autres lieux remarquables comme Belle-Ile-en-Mer ou Port Tudy. Quel plaisir d’échouer (volontairement !) dans le lit de la rivière de Sauzon ! Même si l’opération est délicate avec un grand bateau et 20 noeuds de vent dans l’axe du port, le jeu en vaut la chandelle : découverte de Belle-Ile-en-Mer au petit matin et balade à pied dans une nature épargnée par le gel de l’hiver dernier ; les fleurs printanières sont déjà nombreuses et rendent l’escale agréable et romantique. Le ciel clément permet même un excellent repas de poissons et crustacés en terrasse, au soleil et en T-shirt.
Les bords suivants nous emmènent aux Poulains, partie sauvage du nord de Belle-Ile-en-Mer et, après une reconnaissance du mouillage très abrité de Ster Ouen, au nord-ouest de l’île, nous faisons cap sur l’île de Groix. La météo bretonne se rappelle à nous et c’est sous une pluie battante que nous mouillons dans l’avant-port de Port Tudy. Un avis de grand frais pour le jour suivant et quelques ennuis de moteur nous poussent prudemment vers Lorient dès le lendemain !
La baie de Lorient, autrefois grande base militaire, est certes moins poétique que les îles proches mais regorge de centres d’intérêts divers pour le plaisancier. Plusieurs marinas de tailles différentes accueillent le marin : Port Louis (musée de la compagnie des Indes), Kernevel (carburant), Locmiquelic, et le port de Plaisance dans le centre-ville.
La Cité de la Voile Eric Tabarly imaginée en 1999, une année après la disparition du grand marin, a ouvert ses portes en 2008 et dynamisé les activités sportives véliques sur un espace autrefois dédié au commerce et aux sous-marins. Cette institution se veut un pôle de compétences multiples autour du nautisme et de la course en mer. Lieu d’exposition permanente, c’est en même temps le port d’attache des Pen Duick d’Eric Tabarly que l’on peut admirer le long des pontons. Les multicoques y tenaient salon également pendant notre escale forcée et ce fut pour certains l’occasion de rêver, peut-être, devant une future acquisition ! Base technique pour une partie de la flotte des tout nouveaux MOD70 et autres coursiers des mers, l’endroit permet quelques rencontres captivantes: Steve Ravussin, croisé au détour d’un ponton, s’est fait un plaisir de nous faire visiter sa nouvelle bête de course Race for Water et de nous expliquer le fonctionnement du Multi One
Championship. De la présence des grandes équipes de course au large aux événements comme l’arrivée de la 8e étape de la Volvo Ocean Race le 17 juin, la reconversion du site génère une activité nautique importante et positionne Lorient comme une nouvelle capitale européenne de la voile.
Après une séance photo et une ultime navigation dans une succession de grains, les nettoyages, l’inventaire et la transmission du bateau à l’équipage suivant nous rappellent au ponton. C’est en jurant que nous reviendront que nous prenons la direction de la gare pour rallier nos pénates helvétiques.
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