Saint-Martin, Saint-Barth, Anguilla… les îles dévastées il y a un an par l’ouragan Irma se remettent de leur traumatisme, chacune à leur rythme. Et si les stigmates persistent, la zone est aujourd’hui parfaitement adaptée à une croisière de rêve.

Même si l’ouragan dévastateur Irma est passé il y a plus d’un an, le sujet reste au centre de toutes les conversations des habitants de Saint- Martin. L’île franco-néerlandaise qui s’est réveillée le 6 septembre 2017 dans un décor d’apocalypse panse encore ses plaies. Face au phénomène naturel le plus violent de l’Atlantique nord depuis Allen en 1980, Saint-Martin se relève doucement et tente de se reconstruire en tirant les leçons de cette pénible expérience. Le secteur du charter et de la location de bateaux est par ailleurs déjà opérationnel. Et si les infrastructures, ports et marinas, souffrent encore des impacts du cyclone, les mouillages de la zone sont parfaitement adaptés à la pratique de la croisière.

Dégâts sans précédents

Sunsail_444_anchored_2-copiePour bien comprendre l’ampleur des dégâts subits, il faut se rappeler qu’à Saint-Martin, ce ne sont pas moins de 1200 bateaux qui ont été endommagés ou complètement détruits. Dotée d’un immense lagon, l’île dispose de plusieurs « trous à cyclones » qui ont attiré les voiliers sur zones au moment de l’alerte. La flotte de location, constituée de 200 bateaux impossibles à délocaliser en quelques jours, a payé un lourd tribut. La totalité des unités sur place a subi des dégâts.
650 dossiers d’assurance ont été ouverts, plusieurs centaines de bateaux ont coulé, et 80 d’entre eux attendaient toujours d’être renfloués en octobre 2018. Presque tous les voiliers ont démâté, et tous les catamarans ont été retournés par des vents enregistrés à 360 km/h dans les rafales.
La situation qui a suivi le cyclone a fait surgir de nombreux problèmes. D’abord les bateaux abandonnés, dont personne ne prend en charge les frais de renflouements et de destruction. Ceux-ci s’élèvent à une vingtaine de milliers d’euros pour un monocoque de 40 pieds, et presque le double pour un catamaran à peine plus grand. Ensuite, le stockage des épaves à terre qui s’est révélé être un casse-tête. Et bien sûr, la question de la déconstruction, pour laquelle aucune véritable filière n’existe, ni sur l’île, ni sur le continent.

Quand Kafka s’en mêle

pinel-L.-Benoit---lat17-studioCeci sans compter les blocages administratifs absurdes qui empêchent toujours un déblaiement efficace. S’agissant d’une île à deux états – le DOM français de Saint Martin d’un côté, et le territoire autonome de Sint Maarten de l’autre – des difficultés sont apparues lorsqu’il a fallu travailler l’autre côté de sa frontière. Normes européennes, loi sur les marchés publics, droits du travail sont autant d’éléments qui génèrent des inerties très dommageables à la reconstruction de l’île. Oyster Pond, une marina dévastée située exactement sur la frontière, fait probablement le plus les frais de cette situation. Des tonnes de déchets ont par exemple été ramassées du côté néerlandais par une association, puis déposées du côté français, sans que personne n’assure la suite du traitement. À l’anse Marcel, les entreprises qui disposent des équipements adaptés au déblaiement ne sont pas autorisées à intervenir sur le territoire français, pour des raisons d’accès aux marchés publics. Résultat, seul un ponton est utilisable, et les employés ne savent pas quand ni comment le site sera remis en état.

Industrie nautique à la rescousse

Pinel---L.-Benoit---lat17-studioHeureusement, les professionnels du nautisme ne sont pas restés les bras croisés et ils font tous leur possible pour que Saint-Martin redevienne la capitale de la plaisance du nord de l’arc Antillais. Bulent Gulay, président de Metimer (association des professionnels de la mer de Saint-Martin) qui vit sur l’île depuis plus de trente ans, relève les nombreux défis posés par le passage d’Irma. « La filière de déconstruction des bateaux n’est globalement pas développée, et elle l’est encore moins sur une île comme la nôtre. Nous sommes en train de mettre en place un système qui permette de valoriser les matières premières après la démolition. Les flocons de fibres peuvent par exemple être utilisés à la place du gravier pour faire du béton. Nous soutenons aussi un projet de barge qui permet de renflouer les épaves, et de les déconstruire directement à bord. » Des projets très intéressants mais qui demandent du temps et des moyens, que Metimer s’efforce de trouver auprès de différentes institutions.

Destination idéale

Malgré toutes ces difficultés et les problèmes de reconstruction, Saint-Martin a réussi à redevenir en moins d’un an une destination de rêve pour les amateurs de croisières. Les habitants ont réalisé, dans l’adversité, un remarquable travail et le littoral a retrouvé presque partout son charme d’avant cyclone. Parfaitement centrée et équipée d’un aéroport international avec des vols directs d’Amsterdam et de Paris, Saint-Martin constitue un excellent point pour rejoindre les îles avoisinantes de Saint-Barth et Anguilla. Sur place, au départ de Marigot, la côte Nord – partie française – compte plusieurs petits mouillages de rêve, à l’image de Friars Bay, ou de l’Anse Heureuse. Grand Case, réputée escale gastronomique est toujours très marquée par le passage d’Irma, et de nombreux établissements n’ont pas encore rouvert. La baie reste cependant magnifique et mérite un arrêt pour déguster une grillade dans les fameux lolos (petits restaurants locaux), qui ont repris leur place.

Terrain de jeu varié

Grand-Case---©-JMG-RivaLa route vers Saint-Barth se fait généralement par le nord-est, avec une halte possible à Tintamarre (voir encadré), puis une navigation au près jusqu’à Gustavia, passage obligé pour les formalités. Les navigateurs seront frappés par le contraste avec Saint-Martin et si plusieurs hôtels réputés sont encore en reconstruction, l’essentiel des dégâts a ici été réparé. Grâce à son statut particulier, Saint-Barth a pu prendre en charge très rapidement les travaux qui lui ont permis de retrouver sa superbe. Les visiteurs ne manqueront pas une excursion à Lorient, où le célèbre rockeur français Johnny Hallyday est enterré.
Idéalement, le retour se fait au portant, vers la pointe ouest de Saint Martin, d’où on peut rejoindre directement Anguilla en une navigation de trois heures.
Cette petite île indépendante, également parfaitement reconstruite, est calme et plaisante et offre de très beaux mouillages sauvages. Après un passage administratif à Sandy Ground, et un punch à l’Elvi’s beach bar, les bateaux peuvent rejoindre en une petite heure Crocus bay, haut lieu du snorkeling, ou Dog Island (voir encadré). Le retour vers Marigot peut être fait indépendamment par l’est, ou par l’ouest, en fonction des conditions.
En visitant ces trois îles, les navigateurs pourront profiter d’une diversité époustouflante. Et si les nombreuses plaies sont toujours visibles à certains endroits, la beauté des sites permet de les oublier très vite.

Un demi-siècle pour Moorings

2018_SS_Canoun_Torillo-042The Moorings, pionnier de la location de voiliers s’apprête à célébrer ses 50 ans. L’histoire de cet acteur incontournable de la plaisance a en effet débuté en 1969 aux îles Vierges Britanniques. Charlie et Ginny Cary, les fondateurs du célèbre loueur, proposaient alors six petits monocoques. La flotte s’est agrandie au fil des ans, pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, avec plus de 400 unités – souvent des catamarans – proposées sur les plus belles mers du monde, notamment en Asie, en Polynésie, aux Seychelles et en Méditerranée.
Six bases sont établies le long de l’Arc Antillais, de Grenade à Porto Rico. Un an après Irma, ce 50e anniversaire célèbre la renaissance de la plaisance dans les îles Vierges Britanniques et à Saint-Martin, particulièrement touchée. Le tourisme nautique y joue en effet un rôle économique majeur bien compris par Air France ou Air Caraïbes qui proposent des tarifs hors saison très attractifs. La flotte gravement touchée, est aujourd’hui partiellement renouvelée et une vingtaine de bateaux sont disponibles à la location à Saint-Martin pour la saison 2018-2019. Les bases de Marigot et Tortola sont opérationnelles, même s’il reste encore des travaux à réaliser pour revenir à la normale.


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IMG_6599À Saint-Martin – L’île Tintamarre : située à la pointe nordest de la partie française de Saint-Martin, à deux petites heures de navigation de Marigot, l’île Tintamarre représente une magnifique escale pour voiliers de passage. Avec seulement 1,2 km2, les amateurs d’excursion peuvent aisément partir à sa découverte à pied, et trouver des vestiges du terrain d’aviation utilisé après guerre par une petite compagnie qui faisait des transports « pittoresques ». À l’Ouest, face à Saint-Martin : la plage de baie blanche, constitue un superbe mouillage de jour, et un site privilégié pour la pratique du kitesurf. Le mouillage est équipé de quelques bouées, ce qui rend l’escale encore plus facile.

À Saint-Barth – l’anse Colombier : le mouillage de Gustavia est réputé rouleur et peu confortable. L’anse Colombier, située à l’ouest de l’île de Saint-Barth, constitue probablement le meilleur repli pour ceux qui rêvent de sites sauvages. Partie intégrante de la réserve marine, les fonds près des rochers y sont magnifiques : tortues, raies, langoustes s’y donnent régulièrement rendez-vous et sont faciles à observer. Les amateurs de petites randonnées pourront rejoindre en une petite demi-heure l’anse des flamands, en saluant les nombreuses tortues terrestres qui se promènent sur ce chemin.

À Anguilla Dog Island : située à une petite dizaine de milles au nord-ouest d’Anguilla, Dog Island fait partie des incontournables d’une croisière sur zone. Son petit mouillage abrité, juste derrière Blowing Point est un véritable trésor où seuls quatre ou cinq bateaux peuvent poser l’ancre dans 2 mètres d’eau. Réservé aux unités de peu de tirant d’eau, l’endroit est un paradis pour les amateurs de robinsonnades. Sable blanc d’une finesse exceptionnelle, eau turquoise, l’îlot de 500 acres est réputé comme site de nidification privilégié de nombreux oiseaux marins.

Irma objectivement

Exceptionnellement violent, Irma était le premier ouragan à rester classé en catégorie 5 (vent à plus de 135 noeuds, vagues de plus de 5,5 mètres) pendant une aussi longue période, soit 72 h. Le cyclone a causé des dégâts catastrophiques, particulièrement à Barbuda, Saint-Barth, Saint-Martin, Anguilla et les ÎIes Vierges. 80 000 résidents des Florida-Keys ont été évacués à son annonce. Les autorités de Cuba ont déclaré l’état d’alerte dans toutes les provinces orientales du pays. Irma a été suivi par Jose, de catégorie 4, deux jours après son impact sur le nord des Antilles, ce qui a interrompu les opérations de secours pendant 48h. Quatre morts et une cinquantaine de blessés ont été recensés sur la partie française de Saint-Martin. 85 % des habitations ont été détruites, et 10 000 personnes se sont retrouvées sans toit après le passage du cyclone.
Les dégâts causés sont aujourd’hui estimés à près de 100 milliards de dollars sur l’ensemble des zones touchées et à 3 milliards d’euros uniquement pour les îles de Saint-Barth et Saint-Martin.