Saint Barth dispose de tous les

ingrédients dont le plus exigeant des régatiers puisse rêver. Vent stable et soutenu, mer formée et houle puissante sous un ciel d’azur, soleil généreux et paysages marins à la magie renouvelée à chaque virement de bord… Parti pris assumé des organisateurs, le plaisir en mer se décline aussi à terre ; on vient à Saint Barth goûter sans complexe à toutes les joies, du vent, de la mer, des jolis bateaux, mais aussi d’un petit coin de France ayant su exporter aux portes des Amériques le meilleur de son savoir-vivre. Pour toutes ces raisons, les Voiles de Saint Barth ont fait l’unanimité parmi les 48 skippers et propriétaires engagés, qui au terme de quatre manches âprement disputées, pouvaient d’une seule voix s’exclamer : « Saint Barth, the place to be ! »

Beaux yachts et grands skippers
A la barre du CNB 76 Spiip, Bruno Troublé s’enthousiasme pour la formule : « Les Voiles de Saint Barth me rappellent beaucoup la Nioulargue à ses débuts, avec des bateaux venus de tous les horizons. » © Christophe Jouany

Les Voiles de Saint Barth 2011 ont ainsi réuni 48 voiliers de toutes tailles répartis en cinq classes distinctes et représentant 20 nations de tous les hémisphères de la planète voile. Américains, Néo Zélandais, Australiens, Français ou Néerlandais… Le concept retenu et qui comble marins, skippers et propriétaires a permis à quelque 400 navigateurs de régater en course, au contact, sur des parcours variés autour de l’île de Saint Barthélémy, et d’alterner à terre avec de beaux moments de convivialité et de plaisirs au soleil des Caraïbes.

Selon l’expression de l’américain Ken Read, Saint Barth est « l’endroit idéal où débuter la saison de course ». De Bruno Troublé aux propriétaires Jim Swartz ou George David, en passant par des marins rompus aux joutes de la Coupe de l’America Hugo Stenbeck, Gavin Brady ou Peter Holmberg ou grands navigateurs océaniques, Lionel Péan, Jacques Vincent ou Bryan Thompson… tous avouaient s’être pris au jeu de la régate, naviguant au maximum de leurs capacités dans un alizé aussi brûlant que tonique, sur des parcours au final très techniques, dessinés par un habitué des lieux, le navigateur Luc Poupon.

« Nulle part ailleurs, il nous est donné de naviguer dans la brise, sous le soleil et dans de chauds embruns », s’émerveille Ken Read, skipper du maxi yacht Rambler 100. Le puissant plan Kouyoumdjian a sans surprise plané au dessus de la compétition. Mais son propriétaire, George David, et tout l’équipage issu du projet Puma Ocean racing, ont mis un point d’honneur à annuler sur l’eau l’important handicap de jauge qui favorisait Genuine Risk, imposant plan Dubois, propriété de la US Merchant Marine Academy, confié pour l’occasion à l’expertise du Suédois Hugo Stenbeck. La lutte de ces deux géants, que le maxi yacht Sojana n’était guère en possibilité d’arbitrer, a véritablement fait le spectacle, tant la longue houle semblait faire le bonheur de ces monstres surpuissants souvent flashés à plus de 25 nœuds.

De l’action à tous les étages…

Spécialiste de la Coupe de l’America issu de la voile olympique, le Néo Zélandais Gavin Brady a vécu une semaine antillaise en tous points comparables à celle de Ken Read. A la barre du véloce TP 52 Vesper, ex Quantum, propriété de l’américain Jim Swartz, il a lui aussi bataillé au sein d’une flotte compacte et hétérogène d’une douzaine de jolis yachts de 50 pieds et plus contre le chronomètre et son handicap de jauge. Sur des parcours quotidiens longs d’une vingtaine de milles appelant au louvoyage au cordeau entre les rochers et îlots de l’archipel, Vesper s’est montré à l’aise à toutes les allures, y compris dans le fort clapot, observé jusqu’à plus de trois mètres dans la partie Atlantique de l’épreuve. « Les Voiles me font beaucoup penser aux conditions que l’on rencontre à Hawaï, de grosses vagues, du vent fort, et une mer très chaude ; que du plaisir !, confiait Gavin Brady. Jim Swartz adore les Voiles. Nous étions ici l’an passé, il avait tout de suite signé pour cette année, et il a déjà déclaré qu’il sera de nouveau présent l’an prochain, avec Vesper ou Moneypenny… »

Voilier en forme du moment, le Grand Soleil 43, version régate dénommé Antilope, aux mains du Néerlandais Willem Wester, se place systématiquement sur la plus haute marche des podiums Européens et Caribéens depuis près d’un an. Il a longtemps tenu la dragée haute à Vesper avant de s’incliner face à la plénitude du TP 52 américain. Peter Cunningham et son équipage américain mené par Tony Rey, dans l’attente de la livraison de son propre TP 52, l’ex Synergy russe, a fait fort bonne figure à bord du puissant Farr 60 Venemous, armé pour l’occasion.

Le succès au rendez-vous
© Laurent Benoit

Les Voiles de Saint Barth semblent ainsi promises à un bel avenir ; le bouche à oreille entre skippers et propriétaires est le meilleur atout promotionnel de l’événement et les organisateurs envisagent déjà une encourageante « crise de croissance », le petit port de Gustavia ayant ses limites en matière de capacité d’accueil. François Tolède, organisateur des Voiles, n’en fait pas de mystère, il faudra à l’avenir s’inscrire très tôt à ce nouveau et incontournable rendez-vous caribéen pour s’assurer une place. « Le concept proposé ici, mélange de régates sérieuses sur l’eau et de convivialité à terre, pour un très large éventail de yachts, modernes ou classiques et de toutes tailles, sur un plan d’eau offrant les conditions de navigation rêvées, fait l’adhésion de tous. Cette adhésion se répand comme une traînée de poudre entre skippers et propriétaires du monde entier et tous nous prédisent un succès exponentiel. Nous gardons la tête froide et anticipons déjà cette crise de croissance bienvenue. Cohérence des classes, équilibre entre sport et divertissement, excellence de l’accueil… Tous ces points font l’objet de notre vigilance… ». Rendez-vous est déjà pris du 2 au 7 avril 2012.