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« Construire un projet compétitif en très peu de temps sera notre premier objectif »

© Christian Pfahl
C’est la 1re année que le CER monte un équipage de D35, comment en êtes-vous arrivé là ?

Effectivement, nous participons normalement tous les ans au Tour du France à la Voile (TFV), mais l’organisation a décidé de changer de bateau pour l’édition 2011, en remplaçant le Farr30 par le tout nouveau M34 du chantier Archambault. Malheureusement, la gestion de cette transition est à notre sens catastrophique, et l’opération a pris énormément de retard. Les délais de livraison ont été largement repoussés. Quelques mois avant le prochain TFV, très peu d’équipages ont reçu leur bateau. Dans les délais actuels, nous pensons qu’il est impossible d’assurer une préparation correcte sur le plan sportif et un niveau de sécurité suffisant pour faire naviguer notre jeune équipage en mer. Par ailleurs, l’achat du M34 (d’une valeur de 250’000 francs) représente un risque important pour notre association si le Tour venait à péricliter – ce que nous n’espérons pas ! Dans ces conditions, notre comité a pris la décision de repousser d’une année notre participation au Tour de France à la Voile. Comme alternative, et pour continuer à former nos jeunes marins genevois, nous avons l’opportunité de disposer d’un multicoque D35 pour participer à un circuit international en 2011.

 

Est-ce compatible avec votre mission ?

Le support change mais l’objectif reste le même : former les jeunes de la région à la régate. Cette année, le concept est encore plus exceptionnel ; pour 150 francs la saison, avec quelques compétences, une grande motivation et un bon esprit d’équipe, de jeunes régatiers pourront naviguer sur ces machines extraordinaires. Ça nous a tous fait rêver un jour. Nous avons sélectionné une douzaine d’équipiers sur les mêmes critères que pour le TFV, avec le paramètre condition physique en plus : compétences, esprit d’équipe, disponibilité. La cerise sur le gâteau est d’être de la partie alors que la flotte se déplace en mer pour la première fois.

© Brice Lechevalier
Quelle expérience du D35 les différents équipiers possèdent-ils ?

Sur les douze équipiers, cinq ont déjà fait du D35 la saison passée. Arnaud Psarofaghis et Cédric Schmidt naviguaient sur Ylliam ; Bryan Mettraux, Denis Girardet et moi-même avons navigué sur Zebra 7.

 

Quelles ambitions nourrissez-vous en termes de classement ?

Avant de parler de résultat, il nous faut construire un projet compétitif en très peu de temps, ce sera le premier objectif. L’équipe du CER va régater contre des équipes très rodées, des professionnels qui tournent depuis de nombreuses années. Mais nous ne serons là ni pour faire de la figuration, ni pour boire des coupes de champagne avec des stars : nos objectifs consistent à apprendre le multicoque, faire bonne figure sur l’eau et montrer que la structure et les méthodes du CER donnent à ses membres l’opportunité de s’adapter à de nouveaux défis, même de très haut niveau. En termes de résultats, il ne faut pas se faire d’illusions, nous ne jouons pas le podium, mais à la longue nous comptons être de bons challengers et donner de la consistance à la flotte des Décision 35. Et nous avons l’avantage d’être une équipe jeune, très motivée, avec des équipiers de talent pour relever ce défi.

 

Au-delà des résultats, qu’attendez-vous de cette saison (rencontres, tactique, notoriété, etc…) ?

Notre objectif est de faire progresser encore l’équipe que nous avons formée il y a un an, tout en intégrant quelques nouvelles têtes. Il faudra savoir capitaliser sur les connaissances acquises la saison précédente. L’approche sera la même : trouver la vitesse, communiquer juste, gérer les émotions. Il faudra être plus précis et plus exigent car tout va plus vite en multicoque. Nous aspirons à être meilleurs pour retourner en monocoque l’année prochaine. Nous allons par ailleurs naviguer contre d’excellents régatiers comme Michel Desjoyeaux ou les marins d’Alinghi. Des occasions privilégiées de se frotter à de telles pointures… Mais on ne se privera pas du plaisir de les laisser derrière sur quelques manches! C’est ce qui fait le charme de ce sport !

© Christian Pfahl
Le CER fête cette année ses 30 ans, en quoi cela va-t-il consister ?

Nous voulons simplement réunir toutes les régatières et régatiers qui sont passés par le CER, ainsi que tous les amis et partenaires de l’association. Projet en cours !

Vous-même avez été sélectionné pour les SUI Sailing Awards 2010 en tant que Offshore Sailor, qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J’ai été très surpris d’être nominé pour ce prix face à de grands marins comme les frères Ravussin. Cette nomination, je la dois avant tout à mon équipe qui a réussi, en à peine une année, à se hisser au plus haut niveau, en passant tout près d’une victoire amateur au Tour de France à la Voile. Cette reconnaissance est la preuve que nous avons le savoir-faire et l’organisation pour être compétitifs au plus haut niveau.

 

D’autres membres du CER naviguent-ils en tant qu’équipiers sur le Vulcain Trophy ?

Oui, les sœurs Mettraux naviguent depuis plusieurs années sur Ladycat, de même qu’Eric Monnin sur Okalys-Corum. Le jeune Romain Meyer effectue sa première saison sur Zen Too.

 

En tant que jeune régatier international, quelle image pensez-vous que la voile suisse véhicule à l’étranger ?

Vu le nombre de régatiers étrangers qui naviguent en D35, je serais curieux de savoir quelle est leur opinion sur ce point. Peut-on vraiment répondre ? A mes yeux, sans fédération forte, il n’y a pas de quoi former une véritable image à l’international. Ainsi, la voile suisse est surtout composée d’initiatives isolées dans des disciplines variées : à côté de la machine Alinghi, il y a quelques jeunes talents qui peuvent rêver d’olympisme, quelques vieux briscards de la course au large, des équipes éparpillées dans diverses séries monotypes et… le CER au Tour de France !

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