AccueilReportagesInterview« Le Bol d’Or Miraubaud 2009, une arrivée mémorable ! »

« Le Bol d’Or Miraubaud 2009, une arrivée mémorable ! »

© Jean-Guy Python
A la veille d’une saison sur le Léman, quelle est votre expérience en D35 ?

Elle est modeste. J’ai fait trois fois le Bol d’Or Mirabaud et une fois la Genève-Rolle-Genève. J’étais tellement au courant que vers Rolle j’ai demandé où se trouvait la ligne d’arrivée… Donc mon expérience en D35 s’arrête là pour le moment.

 

Allez-vous prévoir une période d’entraînement sur le lac avant le début de la saison ?

On a prévu de s’entraîner là-bas dès la mi-mars. Je serai sur toutes les courses, y compris la partie courue en Méditerranée.

 

Cette saison en Décision 35 fait-elle partie de votre entraînement pour le MOD70 ?

Le but du jeu, c’est évidemment d’être opérationnel dès le début des navigations avec le MOD70. Comme on n’aura pas beaucoup de temps pour s’entraîner, il faut profiter au maximum des opportunités. Et, bien évidemment, vivre pleinement le Championnat des Décision 35. Ce sont les deux aspects de ces opérations qui nous intéressent.

 

Le petit temps lémanique vous fait-il peur ?

Pas plus que ça, il n’y a pas de raison. Bon, on apprécie plus ou moins. Mes deux derniers Bol d’Or ont été les plus longs de l’histoire. Lorsqu’on a gagné en 2009, on n’était pas loin d’une vingtaine d’heures et je peux vous affirmer que c’est long.

 

Vous évoquez votre victoire de 2009. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de cette édition ?

En 2008, lors de mon premier Bol d’Or, on était en tête une bonne partie de la course et on a raté l’arrivée. L’année suivante, on s’est dit que ça ne servait à rien d’être devant trop tôt, et que c’est à la fin qu’il fallait l’être. C’est le moment de cette arrivée qui reste mémorable pour moi.

 

Quelles sont vos ambitions pour cette saison ?

Essayer d’être à la hauteur de ce qu’a fait mon prédécesseur, Alain Gautier. Ensuite, participer à l’intégralité du circuit en faisant de belles navigations. Et puis, il y aura cette petite subtilité qui consiste à courir la deuxième partie de la saison en Méditerranée…

© DR

 

A ce propos, pensez-vous que les équipages lémaniques pourraient avoir un peu plus de peine en Méditerranée ?

Il n’y a aucune raison. Ce sont des marins comme les autres. Ils ont l’habitude de naviguer sur de l’eau douce un peu plus souvent que nous mais c’est tout. Il n’y a aucune contradiction.

 

Vous qui avez de nombreuses expériences de navigation autour du globe, que pensez-vous de ces marins lémaniques ?

Ce qui compte, ce n’est pas le bateau ni le plan d’eau. Tout ça reste un support, un outil. Le propre du marin et du compétiteur, c’est d’être capable de s’adapter à n’importe quelle condition. Les navigateurs suisses, dits « marins d’eau douce », sont excellents. Regardez le plan d’eau sur lequel on s’entraîne à Port-la-Forêt, il n’est pas forcément plus grand que le Lac Léman. Fondamentalement, pour moi il n’y a pas de différence.

Revenons sur votre Barcelona World Race. Vous étiez au coude-à-coude avec Dick et Peyron, vous avez cassé, on vous a senti très affecté de ne pas pouvoir continuer. Avez-vous digéré cet échec ?

Je n’ai pas l’habitude de m’arrêter trop longtemps sur des échecs. Ca tombe bien parce qu’il y a plein de projets et j’aime mieux passer à autre chose rapidement. C’est clair que je ne suis pas satisfait mais c’est la vie et il faut vivre avec ça.

 

Votre bateau a-t-il été construit trop vite ?

Pour le moment, on n’a pas trouvé de vice de fabrication. Il y a trois ans, un bateau avait cassé à peu près au même endroit et on avait trouvé un bout de film plastique dans le mât, ce qui expliquait la casse. Mais pour le moment, il n’y a rien d’anormal dans les morceaux qu’on a récupérés. Il y a des bateaux très récents qui n’ont aucun problème. Mais c’est vrai que ce sont des bêtes très sophistiquées et on est toujours plus satisfait d’avoir du temps pour apprendre à s’en servir et éventuellement les faire évoluer. Le bateau a été construit vite, mais pas dans la précipitation.

 

Parlons de l’avenir. Qu’est-ce qui vous séduit dans le nouveau circuit océanique des MOD70 ?

C’est qu’on puisse faire naviguer plus de bateaux que ce qu’on imaginait, et surtout qu’on arrive à mettre sur le devant de la scène des multicoques de taille équivalente. Enfin, que les multis commencent à avoir une vitrine et des retombées internationales. Voyez la Coupe de l’America qui se joue définitivement en multicoque. On espère bien que le circuit des MOD70, à vocation internationale et océanique, puisse trouver un réel écho, pas seulement chez les « frenchies » mais un peu partout, parce qu’on a envie d’en faire profiter d’autres nations. Jusque-là, il y avait peu de personnes motivées à nous rejoindre sur ce circuit, mais maintenant ça se dessine bien.

 

Alors ce sera mieux que l’ORMA ?

On veut surtout que ça marche. En fait, avec l’ORMA, on n’a pas su se défendre quand on a eu des problèmes. N’oublions pas qu’avec nos bateaux de l’ORMA, on n’a pas seulement fait des courses au large, mais aussi des grands prix. On avait des machines pour faire du solitaire et de la Formule 1. C’était une série très polyvalente. La seule chose pas géniale, c’est qu’on restait dans notre cour entre Français, parce qu’à l’époque ces bateaux faisaient peur. Aujourd’hui, la voile internationale s’est rendu compte que les multicoques existaient et qu’il y avait moyen d’en faire quelque chose d’excellent. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer sur la Coupe. Et j’aurais tendance à dire « enfin ». Les multis en Coupe, ça fait trente ans que ça existe, et en océaniques, trente ans qu’on s’amuse avec ces bateaux-là. Si les multis de la Coupe de l’America sont aussi performants actuellement, c’est en partie dû à l’expérience des Français en multicoque 60 pieds ORMA. Grâce à nous, l’ensemble du monde de la voile a progressé dans cette catégorie. Vous savez, les Anglo-saxons n’ont pas une grande expérience de ces engins, mais on peut espérer qu’ils comprendront un jour qu’avec cette nouvelle série de Ravussin, ils pourront nous mettre des tartes, je suis sûr qu’ils vont y venir. En résumé, le MOD70 est dans la lignée de tout cet historique avec une volonté internationale.

 

Vous êtes profondément attaché au multicoque ?

Evidemment, parce que c’est ce qu’il y a de plus drôle, de plus rapide et de plus spectaculaire. Cela dit, un marin comme moi peut passer du multi au mono sans problèmes, tout ça restant des bateaux à voiles.

 

Alors Michel Desjoyeaux, spécialiste des multis, c’est pour quand la Coupe de l’America ?

Ecoutez, pour l’instant je suis engagé avec Foncia jusqu’en 2014 sur le circuit des MOD70 et a priori, ça va bien m’occuper. Mais forcément, ceux qui démarrent des projets sur la Coupe vont en France à la pêche aux spécialistes des multis. Et effectivement, j’ai été contacté.

© Jean-Guy Python
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