Pourquoi avez-vous signé chez +39, un syndicat italien qui défendra les couleurs du Circolo Vela Gargnano lors de la 32e America’s Cup?
L’hiver dernier, j’étais en discussion avec plusieurs défis pour la prochaine America’s Cup. C’est finalement +39 qui m’a fait la meilleure offre. Je l’ai donc acceptée avec plaisir.

Pourquoi l’America’s Cup et pas l’Around Alone ou le Vendée Globe?
Je préfère le sport d’équipe. Une bonne coordination au sein de l’équipe est un défi tout particulier, surtout en voile. Les régates en solitaire ne sont donc pas mes priorités, du moins pas pour l’instant. J’ai été aussi intéressé par une participation à la Volvo Ocean Race (ex Withbread Round the World Race) qui partira en octobre de Galicie. Jusqu’à la signature chez +39, j’étais d’ailleurs en pourparler avec Brasil One, avant de me décider en faveur de la Coupe. C’est là que j’ai la plus grande expérience. En plus, ce n’est pas tous les jours que la Coupe se dispute en Europe! Je ne voulais rater cette occasion pour rien au monde!

Chez Alinghi, vous étiez totalement intégré dans l’équipe et vous participiez à la prise de décision, mais contre toute attente, vous n’avais pas été retenu pour l’équipe navigante. La situation serat-elle semblable chez +39 ou votre place à bord est-elle assurée?
Chez Alinghi, Russell Coutts m’avait engagé en tant que navigateur pour le deuxième équipage et j’avais l’occasion de participer à quelques régates lors de la Louis Vuitton Cup. Alors que chez +39, je fais partie de la première équipe, j’ai donc de bonnes chances de pouvoir naviguer. Toutefois, il n’existe aucune garantie, la place à bord n’est jamais chose assurée.

Quelle est votre tâche au sein de l’équipe?
A bord, j’occupe la position du régleur du génois et à terre, je travaille comme coordinateur des voiles et m’occupe, en collaboration avec Juan Garay, notre designer de North Sails Argentine, du programme de voiles et de leur développement. Juan et moi avons déjà travaillé ensemble dans le cadre d’autres projets. Notre collaboration fonctionne très bien, c’est un véritable plaisir de travailler avec Juan. C’était d’ailleurs une des motivations qui m’a incité à signer chez +39.

Le team +39 se compose essentiellement de champions mondiaux et olympiques: Luca Devoti (vice-champion olympique en Finn), Iain Percy (champion olympique en Finn), les Français Xavier Rohart et Pascal Rambeau (champions olympiques en Star), l’Espagnol Rafael Trujillo (vice-champion olympique en Finn) et le Britannique Andrew Simpson (médaillé de bronze mondial en Finn). Vous ne faites pas un peu figure d’exception?
A côté des cracks olympiques, il y a toute une troupe de vétérans de la Coupe dans l’équipage. Il s’agit essentiellement de marins de l’ancien team Prada, notamment Massimo Galli, qui a participé la première fois à la Coupe avec Italia à Fremantle, et le régleur de spi Stefano Rizzi, mon vis-à-vis, qui a gagné le Louis Vuitton Cup 2000 avec Luna Rossa. Les navigateurs olympiques apportent un vent frais dans l’équipage, tandis que nous, les habitués de la Coupe, possédons l’expérience nécessaire. C’est une bonne complémentarité.

Vous avez fait le tour du monde avec Pierre Fehlmann et participé à l’America’s Cup avec les Australiens de FAST 2000 et avec Alinghi. En quoi +39 se distingue-t-il des autres défis?
Il n’y a pas de différences significatives entres les équipages, puisque l’objectif reste le même, à savoir rendre un bateau aussi rapide que possible pour gagner les régates. Ce qui change, c’est la mentalité au sein de la troupe. Le défi italien de +39 se caractérise par une bonne dose «Italianità». Lors de la construction de notre base à Valence, la première chose qui fonctionnait dans le container n°5, était la machine à café (rires). Néanmoins, tout le monde travaille très dur. Nous sommes tous conscients que, comme tout jeune équipage, nous devrons faire des efforts particuliers pour être compétitifs.

Comment jugez-vous les chances de +39 d’accéder à la finale?
Contre les «Heavyweights», comme Prada, BMW Oracle Racing ou Emirates Team New Zealand qui disposent d’un budget deux à trois fois plus grand que le nôtre et qui participent déjà pour la deuxième ou troisième fois à la Coupe, la tâche sera dure. Une qualification pour la demi-finale est pourtant tout à fait dans nos possibilités. Cela dit, le chemin jusqu’à la Coupe 2007 est encore long et nous ne sommes qu’au début. Nous nous réjouissons à l’idée de pouvoir relever le défi et comptons bien acquérir de l’expérience dans les pré-régates. Et nous sommes tout à fait capables de créer l’une ou l’autre surprise.

Vous êtes également un homme très demandé dans notre pays, notamment dans le circuit du match race. Cette année, vous organisez le troisième St Moritz Match Race, un grade 1. Qu’estce que cet événement apporte-t-il aux navigateurs suisses?
Avec le St Moritz Match Race, nous attirons les meilleurs navigateurs du monde sur le magnifique plan d’eau de St Moritz. C’est de la voile au plus haut niveau que le public peut suivre de tout près. En plus, le St Moritz Match Race permet à deux équipages suisses de se mesurer à l’élite mondiale et de gagner leurs premiers gages.

Il y a dix ans, une première tentative de créer un circuit de match race en Suisse a échoué. Maintenant, l’UBS Alinghi Swiss Tour est entré en scène. Les Suisses sont-ils maintenant prêts pour ce jeu d’échecs sur l’eau?
Depuis notre victoire avec Alinghi, le monde de la voile a beaucoup évolué dans notre pays. L’UBS Alinghi Swiss Tour constitue une magnifique plate-forme pour les navigateurs suisses. La preuve: les résultats du premier week-end à Zürich. J’en suis très heureux!

Quel rêve aimeriez-vous encore réaliser?
Pour l’instant, tout va bien. Après mon opération de l’épaule en automne dernier et un long hiver en Suisse, il fait bon de se retrouver sur l’eau. Mes grands objectifs du moment sont la Coupe et le St Moritz Match Race. Bien entendu, ce serait magnifique de relever encore une fois le défi d’un tour du monde ou d’une participation aux Jeux Olympiques, mais ce qui prime maintenant, c’est Valence 2007.