© Christophe Breschi/TeamWork
Vous avez commencé à naviguer en Mini au début de cette saison. Avez-vous le sentiment d’avoir progressé depuis vos débuts ?

Je dirais surtout que j’ai appris à connaître mon bateau. Avec les heures passées en entraînement et en régate, je suis nettement plus à l’aise qu’avant. Aujourd’hui, je maîtrise ma machine alors que je la découvrais encore au printemps dernier.

Après ces huit mois consacrés uniquement au Mini, est-ce que votre vie de coureur au large professionnel correspond à vos attentes ?

Du point de vue de l’investissement personnel, je pense que oui. Je savais que ça allait être assez dur, et surtout très dense. S’il y a des surprises, c’est plutôt du côté des résultats, car je ne pensais peut-être pas me placer aussi bien après une saison. Donc globalement, on peut dire que je suis contente, et que j’aime ce que je fais.

Vous vous êtes illustrée comme fille parmi les garçons. Ce résultat confirme-t-il que la course au large est appropriée à la mixité ?

Je pense ne pas être désavantagée par le fait d’être une fille, car la différence ne se fait pas sur le physique. Et si c’est le cas dans certaines situations ou sur certains supports, il y a largement moyen de compenser cet aspect par d’autres qualités. Mais quoi qu’il en soit, la question de la mixité n’est pas une véritable question, car il n’y a pas suffisamment de femmes qui font de la course au large pour envisager un classement spécifique. La mixité est un état de fait, car il n’y a pas d’autres options pour les filles que de courir avec les hommes.

Arrivée à Horta aux Açores, en première position des séries, Justine laisse éclater sa joie après plus de 10 jours de mer. © Christophe Breschi/TeamWork
Vous travaillez depuis vos débuts en Mini avec une structure et un entraîneur. Est-ce qu’une pareille méthode est indispensable pour réussir aujourd’hui ?

Il est peut-être possible de faire sans. Mais je pense que c’est incontournable si on veut monter rapidement. Le travail qu’on réalise avec un entraîneur, et en partageant notre expérience avec d’autres coureurs, permet de comprendre pas mal de choses très vite. On progresse indéniablement plus rapidement que ceux qui seraient seuls, ou moins structurés. Il suffit d’ailleurs d’observer les résultats. Tous ceux qui occupent les meilleures places font partie d’un pôle. Le Mini s’est professionnalisé, ce n’est plus un truc d’aventuriers. Il faut se mettre dans ce mode si on a des perspectives de résultats.

Mais le fameux « esprit Mini » ne souffre-t-il pas de cette nouvelle donne ?

Non, vraiment pas. Ça ne change strictement rien. L’ambiance est toujours aussi remarquable. Aux escales, tout le monde s’entraide et se côtoie dans le même état d’esprit. Nous sommes une dizaine de coureurs à être professionnels et les rapports avec ceux qui n’ont pas ce statut sont les mêmes qu’entre pro. La classe Mini est vraiment géniale de ce point de vue.

Est-ce que, après ces premières expériences plutôt concluantes, vous vous projetez déjà à moyen terme, après la Transat 6,50 2013 ?

Non, pas du tout. Je suis concentrée sur cet objectif. J’ai déjà suffisamment à faire, je ne veux pas me disperser. Il faut envisager une chose après l’autre.

À ce propos, quelle est la suite de votre programme d’ici la Transat ?

Je vais continuer à m’entraîner à Lorient après les Sables-Les Açores-Les Sables. Il y a encore une session avec notre entraîneur Tanguy Le Glatin en octobre. Ensuite, j’ai prévu de faire un bon chantier. Le programme de l’hiver n’est pas encore complètement déterminé, mais il y aura une période de repos, avant de reprendre le circuit. Le calendrier 2013 ne sortira qu’en janvier, mais il y aura les classiques habituelles, comme l’Open Demi-Clé, la Select, le Trophée MAP, le Mini-Fastnet et la Transgascogne. Cette dernière sera la plus longue régate avant la Transat 6,50 en automne 2013.

Membre du pôle course au large de Lorient, Justine Mettraux s'entraîne assidûment avec les meilleurs ministes depuis la fin de l'hiver 2011/2012. © Stéphanie Gaspari/TeamWork
Vous ne vous êtes pratiquement pas arrêtée depuis la première mise à l’eau de votre voilier TeamWork l’hiver dernier. Etes-vous êtes fatiguée par cette saison chargée ?

Disons que je me réjouis d’avoir un peu de temps pour moi. Ça fait huit mois que je suis à fond six jours sur sept, sans parler des régates. Ça fera du bien de penser à autre chose quelque temps. Cela dit, je ne suis pas réellement fatiguée, et j’ai plutôt bien supporté les courses jusque-là.

Pour terminer, pouvez-vous nous dire ce qui vous tient éveillée et vous motive à gagner des régates ?

C’est difficile à expliquer. Plus que gagner et être devant les autres, ce que j’aime, c’est mener mon bateau du mieux que je peux en ayant le sentiment du travail bien fait. La manière me semble plus importante que le résultat. Après, je pense que cet état d’esprit porte ses fruits et contribue à faire des performances.