Vous avez assisté au départ de la Transat Jacques Vabre, comment se porte le milieu de la course au large ?

La course au large est sujette à des cycles avec des périodes plus ou moins fastes, et généralement un creux dans le sillage du Vendée Globe. Sur les 44 bateaux au départ de la TJV, 26 appartiennent à la Class 40, qui semble connaître un bel essor ; l’hétérogénéité des équipages n’empêche pas leur professionnalisation croissante, c’est un phénomène intéressant. Dans l’ensemble le monde de la course au large reste encore très français et peine à s’internationaliser. Il faudra voir quand et comment  le rapprochement récent entre l’IMOCA et OSM* pour développer les droits commerciaux du Championnat IMOCA à l’international donnera des résultats. Le salut de ce milieu passe donc par le rééquilibrage de poids entre la France et les autres pays, mais aussi par la présence d’acteurs capables de s’entendre pour harmoniser les calendriers et accroître la valeur commerciale de la voile, condition indispensable pour rivaliser avec d’autres sports mieux structurés.

Vous avez annoncé la venue d’un nouvel équipage chinois pour la Volvo Ocean Race, de quelle nature est votre implication ?

OC Sport gère la campagne du Team Dongfeng de A à Z : le recrutement et l’entraînement de l’équipage, mais aussi la logistique, les hospitalités ou encore la communication. Nous avons engagé Bruno Dubois en tant que directeur de l’équipe. C’est une magnifique opportunité pour notre sport que ce constructeur automobile chinois ait choisi la voile pour accompagner son développement global. C’est aussi une occasion unique de participer au développement de la voile en Chine. Relancer un projet sportif ambitieux faisait partie de nos objectifs majeurs depuis quelques années avec mon associé Mark Turner. OC Sport est né de la fusion de ma société et d’OC Group, l’entreprise qu’il avait créée avec Ellen McArthur en 1997 pour gérer tous les projets sportifs d’Ellen pendant plus de 10 ans. Une dizaine de personnes de l’époque, fortement imprégnées de cette culture du challenge, travaillent encore pour nous et s’enthousiasment pour cette nouvelle aventure. Outre le défi sportif, la Volvo Ocean Race nous permettra de toucher directement une dizaine de marchés à l’international.

Quel est votre rôle sur la plateforme des MOD70 ?

Notre mode d’intervention a évolué au cours des trois dernières années. Durant les deux premières, nous avons construit le MOD European Tour, avec l’accueil dans les villes et l’organisation des étapes, auprès de Marco Simeoni, Stève Ravussin et Franck David. En 2013, ils ont laissé la possibilité aux équipages de participer à des événements multiclasses, dont la Transat Jacques Vabre et la Route des Princes que nous avons organisée en juin dernier et qui doit se tenir tous les deux ans. A ce jour, nous n’avons pas de lien officiel avec la classe MOD70, mais restons très attentifs à son évolution. Le prochain événement annoncé en mai 2014 est la transat Krys Ocean Race, dans laquelle nous ne sommes pas impliqués.

Sport Course The Extreme Sailing Series 2013  Act 7 Nice France
© Lloyd Images
Comment voyez-vous l’avenir des Extreme Sailing Series ?

Les Extreme Sailing Series ont fait leur preuve, notamment depuis leur globalisation en 2010. Ce sera leur huitième année consécutive en 2014, réunissant 8 à 10 équipages sur huit étapes, dans huit pays et quatre continents différents. Le circuit est une bonne combinaison de villes iconiques et de stades nautiques parfaitement taillés pour le concept qui a fait le succès des Extreme 40 et dont certains se sont inspirés. Outre les équipages actuels, dont les Suisses Alinghi et Realteam, nous recevons actuellement beaucoup de demandes de nouveaux teams qui aimeraient intégrer le circuit. Notre partenaire majeur Land Rover nous accompagnera jusqu’en 2015 au moins, et la couverture média ne cesse d’augmenter pour atteindre désormais l’équivalent de 30 millions d’Euros. D’ici trois à cinq ans, nous proposerons probablement un nouveau bateau pour continuer à séduire les marins.

Sport Voile Dongfeng
© DR
En tant que professionnel de l’événementiel sportif, que retenez vous de la 34e AC ?

Il faut distinguer les deux volets, puisque la Louis Vuitton s’est avérée très décevante dans son ensemble, puis le duel entre les Américains et les Kiwis a donné lieu à un suspense sportif hallucinant. Les efforts déployés en termes de production audiovisuelle ont donné des résultats fantastiques, permettant à la voile de sortir de son milieu classique, d’expliquer à de nombreuses personnes qui ne connaissaient pas et ne comprenaient pas le match racing l’intérêt de telles régates.

Pourquoi avoir installé votre société en Suisse ?

Il y a plusieurs raisons, à commencer par des choix personnels. Avant la naissance d’OC Sport, j’avais déjà créé une société en Suisse car je tenais à vivre au milieu des montagnes, et le Valais m’a toujours attiré. A partir de là, nous avons construit une stratégie focalisée sur les sports outdoor et d’endurance. Ensuite nous nous sommes rapprochés de Mark Turner et avons fusionné nos deux entités. Tout en conservant sa base opérationnelle sur l’Ile de Wight, nous avons développé notre équipe en Suisse. D’une part nous y organisons d’autres événements sportifs, d’autre part le bassin lémanique bénéficie d’un dynamisme très porteur dans le milieu vélique : qu’il s’agisse des D35, des MOD70, des équipages suisses des Extreme Sailing Series, de la présence d’OSM à Lausanne, et maintenant de Team Tilt et de Spindrift. De nombreuses opportunités professionnelles ont découlé de cette implantation, ce qui ne nous a pas empêchés d’ouvrir des filiales à Paris puis à Singapour.

Sport Marathon Geneve
© Manu Molle
Quels autres événements organisez-vous ?

Cette année, OC Sport a organisé 22 événements dans 12 pays, dans trois sports principaux : la voile, la course à pied et le cyclisme amateur. La voile représente 70% de notre activité. Outre les Extreme Sailing Series, nous sommes également propriétaires de The Transat et d’une académie de voile en Angleterre avec Artemis. Par ailleurs nous nous occupons de trois marathons : Nice-Cannes, le 2e de France avec 13000 participants, Libreville au Gabon dont la 1re édition a eu lieu début décembre, et le Genève Marathon for Unicef, qui fêtera son 10e anniversaire l’an prochain avec plus de 10 000 coureurs, alors qu’il n’y en n’avait que 3000 lorsque nous l’avons repris en 2010. Enfin, nous organisons avec succès la Haute Route, lancée en 2011 entre Genève et Nice. Il s’agit des premières cyclosportives par étapes à travers les cols les plus mythiques de la planète, pour des amateurs engagés qui souhaitent vivre une expérience premium et proche de ce que vivent les professionnels. Cette année, nous avons créé la Haute Route Pyrénées entre Barcelone et Anglet, et l’été prochain la Haute Route Dolomites-Alpes Suisses verra le jour entre la mer Adriatique et le Léman. Les trois se succèderont en trois semaines. De plus en plus de pays considèrent le vélo comme le nouveau golf, et de très nombreux décideurs s’y sont mis dans les 5 dernières années, à Londres, New York ou Genève ! OC Sport y jouit d’une très bonne réputation également.

*la société Open Sport Management, fondée par Sir Keith Mills