© Camellia Menard

Entre Tenerife et la Guadeloupe au moment d’imprimer cette édition hivernale, les deux amis comptent ensuite rejoindre l’Océan Pacifique par le Canal de Panama pour rallier les Iles Marquises, puis remonter vers l’Indonésie, le Sri Lanka, la Mer Rouge, la Méditerranée et revenir en Vendée en septembre 2014. Autant dire que le sentiment des connaisseurs, curieux et supporters venus découvrir le Défi SMA à la Société Nautique de Genève mi-septembre autour des deux aventuriers, oscillait entre l’admiration, l’incrédulité et l’appel à l’internement immédiat ! Certes le palmarès d’Yvan Bourgnon comprend depuis vingt ans de nombreuses victoires en transats ainsi que des records encore plus nombreux sur des catamarans de toutes tailles, dont certains restent toujours en sa possession, alors que son acolyte s’est bien illustré en planche à voile. Mais de là à enfiler 50’000 km à la belle étoile sur 450 kilos en matériau composite et sans électronique (ils se guideront au sextant), le défi est de taille. Conçue et assemblée à la Trinité-sur-mer par une petite équipe de passionnés, sa structure se compose essentiellement de deux coques et de deux poutres indestructibles. Côté confort, le Défi SMA ferait passer un VOR65 pour un bateau de croisière : des bancs pliables au-dessus des coques en guise de couchette, une heure de pompage manuel ininterrompu pour obtenir deux litres d’eau douce, l’obligation de se changer deux ou trois fois par jour pour éviter le pourrissement de la peau constamment en contact avec l’eau salée, pour ne citer que quelques exemples du quotidien des deux marins.

© Camellia Menard

Eole les a prévenus dès le départ que ce ne serait pas une promenade de santé. Pétole et froid glacial ont d’abord mis leurs nerfs à rude épreuve entre l’Espagne et le Maroc, les obligeant à effectuer un arrêt à Agadir les mains gonflées par l’humidité, le frottement sur les bouts, le sel et les embruns. Puis le gros temps les a empêchés de reprendre la mer pour les Canaries. Ils en ont profité pour se reposer avant la transatlantique, car le bateau, bien qu’extrêmement solide, a révélé une fâcheuse tendance à tosser : « Il tape tellement fort que les vibrations sur la coque résonnent dans nos corps », expliquait sur son site Yvan pour qui le sommeil commençait à manquer. Le pari n’est pas gagné, mais vaut très largement la peine d’être suivi, notamment dans le prochain Skippers et sur defisma.com.