Les équipages étrangers sèment le trouble sur le Challenge Julius Baer. Foncia et Banque Populaire mènent le jeu à mi-saison, alors qu’Okalys-Corum et Alinghi s’accrochent pour garder bonne fi gure. Zoulou et Ylliam, les deux nouveaux venus de 2010 ont rapidement pris le rythme et fait comprendre à leurs camarades qu’il fallait désormais compter avec eux. Le championnat prend une tournure défi nitivement pro, et si le niveau n’a jamais cessé de monter linéairement saison après saison depuis la création de la série, 2010 marque incontestablement le passage à un stade supérieur.

Le Grand Prix Beau-Rivage Palace, habituellement disputé en automne, ouvrait cette année les rencontres et n’a pas profité des conditions escomptées, malgré ce nouveau choix saisonnier. Le vent est désespérément resté aux abonnés absents tout le week-end – les organisateurs ne comptent d’ailleurs pas poursuivre dans cette voie, et l’épreuve lausannoise devrait à nouveau avoir lieu en clôture dès 2011. L’unique manche courue le dernier jour de régate a tout au plus permis à la fl otte une première prise de contact durant laquelle les bizuts ont dévoilé une partie de leur jeu, peu réjouissant pour les habitués.

C’est lors de la Realstone Cup, le deuxième rendez-vous de l’année, que les bateaux ont pu faire vraiment connaissance. Six courses ont été disputées entre bise et rebat. Alain Gautier, Ernesto Bertarelli et Pascal Bidégorry ont dominé le week-end. Le débutant Arnaud Psarofaghis s’en sort assez bien avec une 5e place, tandis que des habitués comme Philippe Cardis ou Nicolas Grange se retrouvent respectivement aux 6e et 7e rangs, des places peu habituelles compte tenu de leur expérience.
L’Open de Versoix, qui s’est déroulé le même week-end que la Genève-Rolle-Genève devait permettre aux déçus de la Realstone Cup de se refaire une santé sur des parcours en aller-retour. Le format de l’épreuve, incluant la classique du Yacht Club de Genève entre deux journées de Grand Prix, a été choisi par les organisateurs afin d’optimiser les déplacements des nombreux étrangers qui passent ainsi trois jours à régater sur deux évènements distincts.

Sans surprise
Okalys-Corum, qui s’est imposé pour la quatrième fois sur l’aller-retour entre Genève et Rolle termine l’Open 5e. Pour Damien Cardenoso, équipier à bord, cette victoire sur la grande course s’est essentiellement jouée lors du retour vers Genève. « Notre avance n’était pas énorme à Rolle, et la flotte nous est revenue dessus pendant le Dog Leg », ex-plique-t-il. Et d’ajouter : « Notre tacticien, Eric Monnin, était en état degrâce et a réalisé un travail exceptionnel en nous envoyant toujours au bon endroit. » En finissant avec une petite demi-heure d’avance sur le deuxième, Zoulou, le catamaran orange a presque donné une leçon de voile aux autres D35. Cardenoso estime par ailleurs que le niveau s’est encore bien renforcé cette année et que la capacité des bizuts à entrer dans le jeu n’est pas une réelle surprise. « Tout le monde savait qu’Arnaud Psarofaghis représente un concurrent sérieux, d’autant plus que son équipe est largement expérimentée. Alvin Arnold et Jean-Pierre Ziegert connaissent bien le bateau. Tous les marins de Zoulou sont quant à eux des compétiteurs de haut niveau avec des énormes palmarès. Si nous ne les attendions pas réellement sur une grande course, nous savions qu’ils ne venaient pas faire de la figuration. Pierre Pennec navigue depuis 5 ans en D35 et il commence à bien connaître le Léman. »

Un jeu encore ouvert
Pennec ne contredit pas ces propos, mais estime être encore loin de bien maîtriser le lac. « Nous avons encore beaucoup à apprendre, même si nous sommes déjà très contents de cette première partie de saison. Mais globalement, nous n’avons eu que deux vraies bonnes journées depuis le début. »
La surprise est venue de Ladycat, dont l’équipage a remporté le Bol d’Or Mirabaud haut la main (voir l’article en p 66). Le jeu est encore bien ouvert pour la deuxième partie de la saison, mais les leaders se profi lent déjà et si de nombreuses places peuvent être gagnées ou perdues, il est peu probable que les premiers soient les derniers, et vice versa. Le Challenge Julius Baer est clairement passé d’une classe de propriétaires à un circuit professionnel, et chacun sait qu’il doit compter avec cet aspect pour espérer faire la différence.