« On voit qu’il y a des équipes très fortes comme Alinghi, avec des gens cent pour cent pro. Realstone, avec lequel il faut compter. Ce sont eux qui naviguent certainement le plus. Ladycat pourrait aussi mettre une grosse pression. Et tout ça va brouiller les cartes. Je reste prudent, car les surprises ne sont pas exclues », explique Christian Wahl, skipper de Mobimo et fin connaisseur des pièges lémaniques. Il poursuit : « Il ne faut pas oublier non plus que Tilt peut gagner des Grands Prix. Je pense qu’il y a cinq équipes très solides, avec un ou deux outsiders comme Zen Too.
Du côté des nouveaux venus, Racing Django a un bon potentiel, mais ils sont jeunes et manquent de rodage. C’est aussi ce qui nous fait défaut sur Mobimo. Des équipes comme Realstone ou Alinghi arrivent plus vite à leur vitesse cible et à leur maximum de potentiel. »
Cette analyse pertinente résume assez bien la première partie de la saison des grands multicoques lémaniques. Christian Wahl nous l’a livrée un peu avant le Bol d’Or Mirabaud. Il avait bien vu la montée en puissance de Ladycat, qui a mené l’équipage de Dona Bertarelli à la victoire sur la boucle lémanique.
Tout a commencé début mai par le Grand Prix Les Ambassadeurs au large de la Nautique de Genève. Un week-end de rêve, du vent à plus de 20 nœuds, 13 manches enchaînées à un rythme d’enfer et un format de course encore plus performant. Tout était réuni pour lancer la nouvelle saison du Vulcain Trophy 2014 sous les meilleurs auspices. Ernesto Bertarelli a d’entrée de jeu démontré l’étendue de ses capacités en remportant cette première rencontre : « C’est vraiment satisfaisant de régater à ce niveau ! Je tiens à féliciter aussi l’équipe de Realstone, qui a très bien navigué pendant les trois jours. Ça s’est joué à peu de choses, à une seule course en fait. Ça aurait pu être eux, ou nous ! Je suis heureux de débuter la saison dans ces conditions magnifiques ! », déclarait le skipper d’Alinghi à l’issue du premier rendez-vous de la saison.
Alinghi s’est imposé après 13 manches devant Ladycat powered by Spindrift racing et Mobimo.
D’un week-end à l’autre, les conditions sont changeantes et les 20 nœuds de Genève ont fait place à un régime de vents aléatoires pour l’Open de Crans. La première manche a d’emblée donné le ton, avec une annulation suite à une grosse bascule de vent. Les régates s’enchaîneront en donnant beaucoup de fil à retordre aux tacticiens et au Comité, qui devra réorienter le parcours entre chaque régate, au bon vouloir d’Eole. Finalement, c’est Team Tilt qui saura profiter au maximum de ces conditions compliquées et dominer le premier jour au large de Crans : les vents changeants et les effets de terre ont réussi à l’équipage de Lucien Cujean et Sébastien Schneiter. Le podium est finalement occupé par Team Tilt, Realstone et Ladycat powered by Spindrift racing. Lucien Cujean est heureux, l’équipage a remporté à Crans son premier Grand Prix sur le circuit Vulcain Trophy : « On est jeunes et physiques, on aime avoir des sensations, donc on est parfois un peu pirates sur les lignes de départ. On a réalisé des coups tactiques en phase avec le vent et le travail fourni en amont nous apporte la régularité. »
Le duel incroyable qui a opposé Alinghi et Realstone lors de la Genève-Rolle-Genève s’est étendu jusqu’aux deux premières manches de l’Open de Versoix.
A ce jeu-là, c’est Alinghi qui a enchaîné les victoires et laissé Realstone au pied du podium. Ce qui s’explique aisément pour Jérôme Clerc : « Le petit point qui nous manque à Versoix est dû aux heures d’entraînement que nous n’avons pas effectuées avant l’Open à cause du chavirage subi en début de semaine ». Le week-end de Pentecôte a aussi été marqué par la rivalité entre la fougue de Team Tilt et l’expérience de l’équipage de Mobimo. Son skipper Christian Wahl parle de belle confrontation : « Il y a une magnifique bagarre entre Tilt et nous depuis le début de la saison. Nous sommes plus prudents, notre agressivité est plus introvertie, mais on recherche la performance avant tout. »
A la fin de l’Open de Versoix, Nicolas Grange, skipper et propriétaire d’Okalys, mais aussi président de l’Association des Multicoques de Compétition, s’exprimait sur la course à venir : « Le Bol d’Or Mirabaud est la plus belle course sur le lac Léman, les Décision 35 veulent récupérer le Bol, de la bise est prévue, ce n’est donc pas impossible. »
Ce fut fait, et de belle manière. On a eu le bonheur d’assister à un final proprement époustouflant avec Yann Guichard arc-bouté sur la barre d’un Ladycat filant en direction de Genève à des vitesses vertigineuses, frôlant ainsi un nouveau record du parcours. Realstone et Alinghi viennent compléter le podium de cette fantastique édition du Bol d’Or.
