Les 20 bateaux de la flotte alignés quelques secondes après le départ d’une manche. La voilure imposante du Star en fait une embarcation très sportive dans la brise. © Marc Rouiller

Le suspense aura duré jusqu’au bout de la semaine tant le niveau des athlètes était élevé. Au final, c’est l’Américain Mark Mendelbatt et son équipier Brian Fatih qui ont foulé la plus haute marche du podium à la suite d’une régate qui a déjoué tous les pronostics. Mais peu importe le classement, à la fin de la semaine, l’unanimité était de mise chez les régatiers qui s’accordaient pour dire que cette seconde édition fut une véritable réussite. Encore mal connue du grand public, la SSL affiche sa volonté de permettre l’émergence d’un circuit professionnel de voile légère par l’introduction de prize money et par la promotion des résultats sportifs des skippers. Elle veut croire en son avenir et s’imposer durablement dans le paysage de la voile. Mais quels sont les ingrédients qui lui permettront de relever ce défi en 2015 ?

Le numéro 1 du classement SSL, l’Italien Diego Negri et son équipier Sergio Lambertenghi © Gilles Martin-Raget
« Le format de la course et le niveau des skippers présents sont vraiment incroyables »

Ces mots sortent de la bouche de Freddy Loof, médaillé d’or de Star aux JO de Londres et actuellement membre de l’équipe Artemis. Il continue : « j’aurais vraiment le sentiment d’avoir manqué quelque chose d’important en ne venant pas ici. » Avec une moyenne d’une médaille olympique par bateau lors de cette finale, on peut déjà dire que la démarche a remporté un franc succès du côté des athlètes. Cela n’est pas dû au hasard, il a fallu faire monter les enchères. Tout d’abord en constituant un ranking mondial comptabilisant près de 2 500 skippers et équipiers et surtout par l’introduction d’un prize money de 200 000$ à partager entre l’ensemble de la flotte sur la base du classement de la finale. Que l’on pense ou non que sport et argent font bon ménage, le résultat est au rendez-vous. Lors des 12 manches organisées durant la semaine, les équipages se sont livrés des combats acharnés à chaque passage de bouée et sur tous les bords. Cet engouement commence à se faire sentir au-delà de la classe Star puisque l’actuel champion du monde de Finn Giles Scott et son dauphin Ivan Gaspic ont fait le déplacement. Décloisonner la classe afin de permettre des rencontres inattendues et très compétitives est un point fort de la SSL qui a manifestement trouvé les arguments pour faire oublier – l’espace de quelques semaines – à des champions venus d’ailleurs, leur discipline de prédilection au profit du Star. Sur le ton de la plaisanterie, le Britannique Giles Scott nous confiait « je ferai simplement semblant d’être à bord d’un gros Finn et nous verrons ce qui en ressort ». Preuve que cet exercice mental a bien fonctionné puisque ce dernier est parvenu à se hisser jusqu’en demi-finale où il s’est malheureusement incliné en raison d’une pénalité qui ne pardonne rien à ce stade de la course.

Freddy Loof, le champion olympique en titre n’était quasiment plus remonté sur un Star depuis les JO. Il a repris du service spécialement pour l’occasion et s’est classé 2e. © Marc Rouiller
« Entraîne-toi et on verra qui est le meilleur »

C’est le message que souhaite adresser le Français Xavier Rohart, actuel Président de la SSL, aux skippers issus des autres classes pour 2015. Parmi les objectifs majeurs de la SSL figure la création d’une académie du Star. Cette structure aura essentiellement pour but de permettre aux invités VIP de la finale de poursuive l’entraînement lorsqu’ils le souhaitent avec l’appui de staristes expérimentés. Si l’objectif est d’en implanter sur plusieurs continents, la première verra le jour dès cette année à Grandson (VD), sur les berges du lac de Neuchâtel. Xavier Rohart dément toute concurrence avec le circuit ISAF ou les autres classes, mais défend la création d’un « produit sportif médiatisé et tourné vers les supporters » qui pourra ensuite être repris et dupliqué par les autres disciplines. Les responsables de la SSL semblent être à la recherche d’un équilibre savant, entre d’une part, une pratique sportive qui respecte l’esprit centenaire de la classe Star, et d’autre part, la production d’un format médiatique de grande ampleur. Des moyens colossaux ont ainsi été injectés dans la diffusion d’un livestreaming avec la présence d’une équipe de production habituée des rendez-vous tels que la Coupe Louis Vuitton ou encore la Volvo Ocean Race. Prochaine étape, le petit écran ? « Pourquoi pas ? C’est une piste à étudier », nous répond Xavier Rohart.

Ivan Gaspic fait partie des invités VIP de la finale. Arrivé à Nassau avec très peu d’entraînement sur le Star, il a progressé tout au long de la semaine et a finalement atteint les quarts de finale. De quoi lui donner envie de persévérer dans la discipline. © Gilles Martin-Raget

En attendant, l’expansion de la SSL devrait se poursuivre. L’organisation d’un Grand Chelem est attendue à Grandson pour le mois de septembre. Comme pour le tennis, il s’agira d’un rendez-vous majeur avec à la clef la distribution d’une grande quantité de points et surtout l’introduction d’un prize money qui devrait avoisiner les 100 000$. Pour l’ouverture de la compétition, la SSL devrait bénéficier d’un parrain de prestige du nom de Dennis Conner. En effet, le quadruple vainqueur de la Coupe de l’America a aussi fait ses armes sur le Star avec lequel il a été sacré deux fois champion du monde. Si le succès est au rendez-vous, alors la SSL voguera vers son objectif qui est d’organiser d’ici 2024 pas moins de 4 Grands Chelems à travers le monde en plus de la finale aux Bahamas. Souhaitons leur donc bon vent pour être à la hauteur de leurs ambitions !