Et de dix !

En dix ans, la flotte des D35 participant au championnat a oscillé entre 8 et 12 concurrents. © Loris von Siebenthal

Les bonnes idées sont celles qui durent, et les Décision 35, qui attaquent leur dixième saison, viennent encore de le prouver. L’histoire qui a débuté après l’hécatombe des Formule 40 au Bol d’Or 2003, se poursuit aujourd’hui avec la même passion qu’au premier jour.

Le projet, en gestation depuis 2002, pendant de la campagne d’Alinghi à Auckland, s’est précipitamment concrétisé après que les derniers F40 se sont retrouvés sur le dos ou en miette lors d’une ultime course mouvementée. Nicolas Grange et Philippe Cardis ont alors mis les bouchées doubles, pour que le concept puisse prendre vie et être opérationnel la saison suivante. Travaillant d’arrache-pied pour réunir suffisamment de propriétaires dans un temps record, ils réussissent l’exploit d’en convaincre huit. Une commande est aussitôt passée à Décision, avec un contrat signé « sur un coin de nappe ».

Ils sont venus naviguer en D35 à l’occasion du Grand Prix Beau-Rivage Palace de Lausanne : Marc Guillemot, Jean-Pierre Dick, Dominique Wavre, Loïck Peyron, Laurent Bourgnon, Bernard Stamm et Stève Ravussin. © Brice Lechevalier
Un début en fanfare

En mai 2004, le numéro 1 Alinghi est mis à l’eau après un hiver marathon au chantier de Corsier-sur-Vevey. Suivent le Bedat & Co de Nicolas Grange, le Ferrier Lullin de Philippe Cardis, le Zen Too de Guy de Picciotto, les Zebra 5 et 7 de Fred Amar, le Cadence de Jean-François Demole et le Banque Gonet, acheté en copropriété par un groupe de médecins amateurs de voile. La banque genevoise Ferrier Lullin, sponsor de Philippe Cardis, soutient le circuit qui est remporté sans appel par Zebra 5 mené par Etienne David et sa bande de jeunes du CER. Loïck Peyron, spécialiste mondial du Multi termine deuxième, sur Zebra 7, alors qu’Alinghi monte sur la troisième marche du podium. Le championnat se termine sur le très classique Grand Prix Beau-Rivage Palace à l’automne. La crème de la voile de compétition est présente pour découvrir les engins qui font la fierté du Léman. Marc Guillemot, Laurent Bourgnon, Stève Ravussin, Bernard Stamm, Dominique Wavre, Brad Butterworth et Jean-Pierre Dick constatent avec enthousiasme la réussite du projet qui semblait encore utopique deux ans plus tôt.

Cadence, le voilier de Jean-François Demole, fait partie des concurrents de la première heure. © Loris von Siebenthal
La machine est lancée

Cette première saison, sorte de mise en bouche, donne le ton et chaque équipe se met au travail pour s’améliorer. La monotypie démontre son potentiel, remettant tout le monde au même niveau. Chacun comprend que l’entraînement fait la différence et construit un programme structuré pour combler ses lacunes. Le recours à des barreurs de renom devient également chose commune. Les voileux lémaniques se mettent à penser comme les pros du large pour tenter de tirer leur épingle du jeu.

© Loris von Siebenthal

L’année suivante, c’est au tour du président de l’association des multicoques de compétition (AMC) de prendre les commandes du championnat. Nicolas Grange et Loïck Peyron s’imposent en effet deux années de suite, laissant à chaque fois Alinghi juste derrière eux. Banque Gonet remporte par ailleurs le Bol d’Or 2006, avec à la barre Russell Coutts qui s’était illustré trois ans plus tôt aux commandes d’Alinghi lors de l’America’s Cup.

© Loris von Siebenthal

La série se fait par ailleurs sa place à une plus grande échelle. Les bateaux se baptisent et se débaptisent, se vendent et se rachètent et de nouvelles unités se construisent. Les leaders de la première heure laissent la place aux curieux. Le D35 fait désormais partie du paysage lémanique et en 2007, la flotte compte dix Décision 35, le Smarthome de Christian Michel et le Ladycat de Dona Bertarelli rejoignent en effet le championnat en début de saison. C’est aussi l’année où Alinghi prend la tête du classement, qu’il ne lâchera plus jusqu’en 2009.

L’apogée

Les D35 font parler d’eux bien au-delà des frontières, et les équipes étrangères rejoignent le championnat. Ainsi, Pascal Bidégorry commande un nouveau bateau pour naviguer avec son équipage sous les couleurs de Banque Populaire. Le Basque s’impose d’ailleurs dès son arrivée en 2010. Artemis Racing, le syndicat de Torbjorn Torqvist pour l’America’s Cup, acquiert également une unité. Marco Simeoni, qui investira l’année suivante dans les MOD monte encore un team pour promouvoir son groupe Veltigroup. Avec douze concurrents, le circuit qui porte le nom de Challenge Julius Baer est à son apogée.

Les D35 attirent, depuis qu’ils existent, des régatiers de tous horizons. à l’image D’Ernesto Bertarelli, Alain Gautier et Loïck Peyron. © Loris von Siebenthal

Profitant de ce remarquable engouement, les propriétaires mettent alors sur pied un projet qui leur tient à cœur, celui d’aller naviguer en mer. Le championnat 2011, qui se nomme désormais Vulcain Trophy, est idéal pour enfin réaliser ce rêve. Neuf concurrents prennent le chemin de la Côte d’Azur à l’automne, après les principaux rendez-vous lémaniques, pour disputer le Grand Prix de Beaulieu-sur-mer et celui d’Antibes. Team Foncia de Michel Desjoyeaux s’impose au terme de cette saison d’exception, lourde en logistique mais appréciée par tous. Le Centre d’Entraînement à la Régate de Genève, qui fait une pause d’un an sur le Tour de France à la Voile, a également participé à toutes les courses, et termine honorablement cinquième. L’année suivante, ce même équipage se hisse sur la première marche du podium avec une confortable avance. Du coup, Jérôme Clerc et ses régatiers décident de suivre Alinghi sur l’autre grand circuit de multicoques, les Extreme Sailing Series.

© Brice lechevalier

L’arrivée de Tilt ainsi que celle de Christian Wahl sur l’ancien Smarthome pourraient bien mettre fin à la domination de Realstone Sailing cette année. Sans compter que les autres concurrents n’ont certainement pas l’intention de se laisser faire de la sorte deux saisons de suite. Les douze Décision 35 se retrouvent donc au complet pour fêter dignement ce dixième championnat, qui promet d’être plus disputé que jamais.

© Philippe Schiller
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