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Grand Prix Beau-Rivage Palace de Lausanne

Au premier jour du Grand Prix Beau-Rivage Palace de Lausanne, le 18 septembre, après sept manches courues depuis le mois de mai, seuls trois points séparent Foncia (3e) d’Okalys-Corum (2e), lui-même à deux points d’Alinghi. Tout est encore largement jouable, même si l’équipage pour le moins entraîné d’Alinghi part favori. Même scénario dans les sous-groupes aux différents niveaux du tableau où tout le monde espère pouvoir grappiller une ou deux places sur les douze. Le seul vent qui daigne souffl er devant les quais du Beau-Rivage Palace de Lausanne le vendredi est celui de la désillusion, aucune manche ne pouvant être lancée. Les prévisions ne s’annoncent pas meilleures pour le lendemain. Cette sixième saison du Challenge Julius Baer est-elle déjà jouée ? Le Grand Prix Beau-Rivage Palace de Lausanne se distingue en effet des autres étapes par son format particulier : les régates du vendredi et samedi comptent pour le Challenge Julius Baer avec une remise des prix de la saison le samedi soir, alors que le dimanche est consacré à des régates d’exhibition (cette fois une course par équipe, Suisse contre Europe). Tout le monde respire à nouveau après le briefi ng du samedi matin lorsqu’un petit vent de sud-ouest fait enfi n vibrer la surface du lac. Il faudra enchaîner les manches rapidement ! Trois heures de départs audacieux par 7-8 noeuds, d’options risquées, de folles remontées au près et de passages de bouées en trombe scellent le sort de la saison 2009. La course aux points se noie en début d’aprèsmidi lorsque le comité annule la 4e manche en raison de l’instabilité du vent, lequel ne reviendra plus avant le dernier départ possible. Le D35 Julius Baer s’est imposé lors de la première manche mais n’a pas transformé l’essai, tandis qu’Alain Gautier sur Foncia s’est emparé des deux autres. Deux équipages ont amélioré leur classement au fil des manches : celui de Guy de Picciotto sur Zen Too avec Franck Cam-mas à la barre (6, 3, 2), 3e du Grand Prix Beau-Rivage Palace, et celui de Dona Bertarelli sur Lady Cat avec Karine Fauconnier à la barre (8, 7, 6), 6e du Grand Prix. Les grands perdants de l’étape lausannoise sont Romandie.com barré par Frédéric Moura (11e), pourtant parti en tête de la première manche avant de tout perdre sur une option malchanceuse, et Banque Populaire barré par Pascal Bidégorry (10e), pourtant sur le podium de l’Open de Nyon en août.

L’heure des comptes
Fidèle équipier du détenteur du record de distance sur 24h et de la traversée de l’Atlantique nord *, Yvan Ravussin sur Banque Populaire analyse la contre-performance : « Nous avons été mauvais sur les départs, ce qui ne pardonne pas sur des parcours aussi courts. Il nous manque des heures sur l’eau pour maîtriser le bateau car, cette saison, nous sommes toujours arrivés 24h avant les épreuves sans pouvoir jamais vraiment nous entraîner, surtout dans les contacts avec le reste de la flotte et les placements dans les départs. Cette année, nous sommes surtout concentrés sur notre tour du monde, nous serons plus disponibles l’an prochain pour chercher des résultats sur le Léman. » Sur Zen Too, Franck Cammas revient sur la saison : « Nous ne nous sommes pas montrés brillants tout le temps mais on ne finit pas trop mal. Il faut travailler la cohésion du groupe, qui mélange pros et amateurs. » Guy de Picciotto, propriétaire du bateau, s’avoue légèrement déçu de fi nir 5e de la saison alors qu’ils étaient 4e l’an passé, même si le série master Bertrand Favre relativise : « Zen Too a mieux navigué en 2009 mais tout le haut du tableau s’est amélioré, s’ils continuent à s’entraîner ensemble ils pourraient viser le podium l’an prochain. » C’est d’ailleurs Julius Baer, barré par un Philippe Cardis à la tête d’une équipe soudée par deux victoires dans le Tour de France à la Voile qui a pris cette année la 4e place du Challenge. Autre partisan du 100% pro, Christian Michel, propriétaire de Smart Home (6e), espérait plus de sa fin de saison après sa 2e place dans le Bol d’Or Mirabaud : « Le fait d’avoir cassé le bateau à la Genève-Rolle nous a fait perdre beaucoup de temps après, qui n’a pas été utilisé pour l’entraînement pur. » Son barreur, Fred Le Peutrec, admet que « même si certains aspects se sont avérés très encourageants, nous manquons encore de consistance et il faudra y travailler l’an prochain ».  Depuis le Bol d’Or qui a fait souffrir l’équipage féminin arrivé dernier D35, Ladycat n’a cessé de remonter au classement au fil des étapes pour fi nir 9e au classement final. Engagée depuis 2007 pour trois ans auprès de ses sponsors et de sa barreuse Karine Fauconnier, Dona Bertarelli doit réfléchir à l’évolution de son projet. Outre le fait que Ladycat est devenu synonyme de « voleur de maman » pour ses enfants, les navigatrices vivant de la voile sont très peu nombreuses et concentrées en ce moment sur les JO de Londres. Se mettra-t-elle à la barre d’un équipage mixte ? Dans son ensemble, la saison s’avère très satisfaisante pour le série master Bertrand Favre, qui se dit surtout soulagé que l’intégration des deux nouveaux équipages, Banque Populaire et Veltigroup, se soit opérée en douceur au sein de la flotte.

L’appel du large

A égalité de points avec Alinghi mais avec un différentiel moins favorable, Nicolas Grange exulte : « Naviguer pratiquement au même niveau que l’équipage qui va gagner l’America’s Cup pour la troisième fois consécutive procure un plaisir énorme ! » Skipper du D35 Foncia, Alain Gautier a mis la pression à Alinghi jusqu’au bout, changeant même un équipier au dernier moment pour gagner du poids. Pas tout à fait euphorique face à cette 3e place du Challenge (il était 2e l’an passé), il philosophe : « Je suis venu naviguer en D35 sur le lac et je repars avec une place sur Alinghi 5 pour l’America’s Cup, je n’ai pas tout perdu ! » Enlaçant Alain Gautier et Loïck Peyron, Ernesto Bertarelli leur sourit : « N’oubliez pas que nous sommes dans la même équipe maintenant ! » Trois trophées Julius Baer à la suite, trois aiguières d’argent consécutives ? En 2010, le Challenge Julius Baer devrait s’exporter en Méditerranée pour une ou deux étapes en fi n de saison, ainsi que l’envisage l’association des propriétaires. Décidément, l’histoire d’amour entre les D35 et les skippers français a encore de beaux jours devant elle.

* voir la section « Protos & Records » de www.skippers.tv

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