© Claude Ingargiola

Michel Desjoyeaux a mis son grain de sel dans le championnat des Décision 35 devenu depuis cette année le Vulcain Trophy (anciennement Challenge Julius Baer). Les deux dernières étapes de la saison courues en Méditerranée ont consacré l’équipage de Foncia, dans le sillage de ses multiples tentatives depuis 2006 avec Alain Gautier à la barre, dont la route avait été barrée par Alinghi, Okalys-Corum et Banque Populaire.

© Claude Ingargiola

En abordant le dernier Grand Prix d’Antibes avec quatre points d’avance sur Alinghi et six sur Veltigroup, le Team Foncia se trouvait en position de force pour l’emporter. Et quand Mich’Desj se lance un défi, ce n’est pas pour faire de la figuration. « Jeu, set et match ! Nous gagnons le trophée avec une victoire dans la dernière épreuve, c’est génial ! Cela veut dire que nous avons bien bossé à bord, commente le skipper français. La confiance s’est peu à peu installée dans l’équipe au fil de la saison. Nous avons accumulé les podiums après une première étape ratée. Avec des adversaires aussi affûtés, il ne fallait pas prendre de risque, mais être bon et incisif tout le temps. Face à des bateaux comme Alinghi dont l’équipage navigue ensemble depuis près de dix ans, on a réussi à rester dans le coup jusqu’au bout sans baisser de régime. Nous nous sommes toujours remis en question et c’est ce qui nous a permis de progresser et de tenir Alinghi à distance à Antibes dans des conditions plus légères qu’à Beaulieu-sur-Mer. »

Le D35 tient le choc
© Claude Ingargiola

Etait-ce une bonne idée d’organiser ce déplacement des multicoques du lac en Méditerranée ? Le pari lancé par les propriétaires n’était pas gagné d’avance. Le coût de l’opération (CHF 400 000.-) et une logistique compliquée à mettre en place ont mis tout le monde sous pression. Le baptême de l’eau salée pour le D35 avait le don d’exciter la curiosité de tous les navigateurs. Sur un plan d’eau plus ouvert, il fallait tenir compte de plusieurs paramètres comme la force du vent, les vagues et la fiabilité des éléments les plus délicats du bateau en mer.

Les jeunes du CER ont pris leurs marques à Beaulieu-sur-Mer (9e), puis ont passé la vitesse supérieure avec Arnaud Psarofaghis à la barre à Antibes (2e). © Claude Ingargiola

« A écouter les commentaires des navigateurs, des organisateurs et des sponsors, ces deux étapes méditerranéennes ont été un succès, assure Bertrand Favre, le Serie master. En quatre jours, nous n’avons eu qu’un jour sans navigation à Beaulieu (trop de vagues) et à Antibes (manque d’airs). Le comportement du D35 en mer a été la bonne surprise. Le multi a tenu le choc même dans les vagues où certains équipages s’en sont mieux sortis que d’autres, il est vrai. Dans l’eau salée, le D35 flotte un peu plus haut et le vent chaud est moins dense que le Léman, ce qui demande une capacité d’adaptation. »

Nouveau venu sur le podium du Vulcain Trophy, le Veltigroup de Marco Siméoni, barré par Stève Ravussin, a confirmé en Méditerranée la régularité et les performances obtenues sur le Léman. © Claude Ingargiola

Alinghi a survolé l’étape de Beaulieu, alors que les autres ont mis plus de temps à trouver les bons réglages. En revanche, à Antibes, les conditions ont été plus lémaniques. Foncia a su en tirer le meilleur parti, tout comme le CER et son équipage genevois (Arnaud Psarofaghis et Jérôme Clerc notamment) ou encore Zen Too de Guy de Picciotto, barré par Fred Le Peutrec. « Nous avons opté pour un style de navigation plutôt conservateur, explique Jérôme Clerc. Avec des départs prudents et des choix tactiques fondés sur notre stratégie. Cela nous a permis de toujours savoir où nous en étions et de rester en embuscade dans les moments plus critiques. Il nous a fallu un peu de temps pour caler nos automatismes dans les régates d’Antibes, car nous n’avions plus navigué ensemble sur ce bateau depuis le Bol d’Or Mirabaud. »

© Chris Schmid

Ernesto Bertarelli, contrarié par les décisions du jury de course lors des régates d’Antibes, reconnaissait sportivement les mérites de Foncia. « Michel Desjoyeaux et son équipe ont été réguliers tout au long de la saison sur le circuit. Nous avons aussi eu de bons moments, notamment lors de notre première victoire dans le Bol d’Or Mirabaud sur un D35 et le magnifique succès à Beaulieu-sur-Mer. Cette opération en Méditerranée valait la peine d’être tentée. Je pense qu’il faudra réfléchir à d’autres événements de ce type dans les années à venir », confie le patron d’Alinghi.

Une saison 100% lémanique en 2012

L’avenir ? Les membres de l’Association de multicoques de compétition (AMC), propriétaires des D35, ont déjà esquissé les contours de la saison 2012 du Vulcain Trophy. Comme prévu, elle sera lémanique à 100 %, comme l’indique son Serie master. « Le prochain calendrier doit être validé par l’assemblée générale, mais il n’y aura pas de surprise. La saison sera standard avec une première partie principalement axée sur la Genève-Rolle et le Bol d’Or Mirabaud, puis les étapes traditionnelles du mois de septembre. Il s’agira d’éviter les conflits de dates avec le circuit des Extreme 40 et celui des MOD 70 qui accueillent plusieurs navigateurs du lac », souligne Bertrand Favre*. Combien de Décision 35 sur la ligne de départ en 2012 ? Cette question reste un peu floue, car plusieurs propriétaires n’ont pas encore fait leur choix. « Deux ou trois bateaux pourraient changer de main, mais ce n’est pas un souci, nous comptons sur une dizaine de D35 l’an prochain. » Jusqu’en 2013, le Vulcain Trophy poursuivra sa route normalement. Mais les propriétaires devront ensuite réfléchir à l’avenir de cette série vieille de dix ans.

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