© Christophe Breschi

Pour sa 19e édition, la Mini Transat reprend son nom historique, après avoir porté le patronyme de Transat 6,50 durant dix ans. La course, qui s’élance le 13 octobre prochain de Douarnenez pour rejoindre les Canaries et les Antilles Françaises, ne se dispute plus, comme entre 2001 et 2011, entre La Rochelle, Madère et Salvador de Bahia. La grande classique des prétendants à la carrière de coureur au large revient donc en Bretagne, d’où elle est partie chaque deux ans entre 1987 et 1999.

Plusieurs coureurs ont regretté ce changement qui délaisse un parcours complexe ponctué d’une traversée de l’équateur, pour une traversée dans l’Alizé qui privilégie la vitesse au portant, plutôt que la capacité à appréhender les nombreuses transitions. L’histoire nous dira si le choix est au final judicieux.

Skippers suisses toujours au rendez-vous

Toujours appréciée des Suisses, l’épreuve réunit cette année trois concurrents arborant le pavillon rouge à croix blanche. Justine Mettraux, Simon Koster et Alan Roura poursuivent en effet dans la lignée d’Etienne David, Nicolas Groux, Hervé Favre, Jacques Valente, Stève Ravussin, Bernard Stamm, Olivier Luthi et bien d’autres, en s’engageant dans celle qu’on appelle la plus solitaire des transats. D’horizons très différents, Justine, Alan et Simon qui s’apprêtent tous trois à participer à leur première traversée océanique en solitaire, ont en commun une solide expérience du large et la volonté de devenir pro.

© Pierre Bourras
Justine la besogneuse

La Genevoise Justine Mettraux fait partie des quelques skippers à avoir pu démarrer sa campagne avec un sponsor en poche. L’entreprise TeamWork, présente sur le circuit Mini depuis trois éditions, et surtout victorieuse en 2011 avec David Raison, a en effet décidé d’apporter son soutien à cette régatière prometteuse. Membre du pôle Lorient Grand Large, Justine Mettraux travail à plein-temps sur son projet depuis début 2012. C’est probablement lors de la première étape de la course Les Sables — Les Açores — Les Sables, remportée dans des conditions difficiles, qu’elle a acquis la reconnaissance de ses pairs. Extrêmement rigoureuse dans ses préparations de course, elle s’est toujours adjoint les compétences de skippers très qualifiés pour les épreuves en double afin de profiter au maximum de diverses expériences. Etienne David, Milan Kolacek ou encore Isabelle Joschke l’ont secondée à différentes occasions. Si elle déclare volontiers privilégier la manière au résultat, elle reste d’une ténacité exceptionnelle, qui laisse souvent ses homologues masculins sans voix.

Trop rares alémaniques

Membre du même pôle d’entraînement que sa compatriote, Simon Koster est un des rares Suisses allemands à participer à la Mini Transat. Le Zurichois qui s’est lancé à peu près en même temps que Justine, finance une bonne partie de son projet seul. « Je rentre travailler en Suisse chaque hiver. J’ai quelques partenaires, mais pas de sponsor principal. La difficulté, c’était surtout d’acquérir le bateau. Maintenant, j’arrive à tourner. Mais je fais tous les travaux moi-même. »

Simon Koster, qui vient de l’école du dériveur, a fait preuve d’une remarquable progression depuis ses premiers pas en mini. Régulièrement classé dans les cinq premiers lors des courses de préparation, il s’est même payé le luxe de remporter la Transgascogne. « C’est très important de voir qu’il est possible de jouer avec les meilleurs. Je ne me fixe toutefois pas d’objectif pour la Mini Transat, car on ne peut pas savoir ce qui va se passer. Le niveau a vraiment augmenté, et beaucoup de skippers sont très bien préparés ».

Parfaitement bien intégré chez les Bretons, Simon Koster espère que cette Transat lui donnera l’occasion de poursuivre dans cette voie.

Jeune et ambitieux

Alan Roura fait finalement partie de cette génération de marins prêts à tout donner pour faire partie de l’aventure. Élevé sur un voilier, le skipper né en 1993 a rejoint Douarnenez l’an dernier depuis la Nouvelle-Calédonie. Il a acquis son bateau, et a participé à sa première régate trois semaines après son arrivée en Bretagne. Engagé sur un proto d’ancienne génération, le numéro 284 construit en Nouvelle-Zélande, il n’occupe pas les premières places du classement, mais a terminé presque toutes les courses dans lesquelles il s’est engagé. Présent en Suisse pour participer au Bol d’Or Mirabaud cet été — qu’il a d’ailleurs remporté aux côtés de Cyrus Golchan — le jeune skipper ne cache pas caresser le rêve d’un Vendée Globe un jour ou l’autre. Mais avant de tâter du 60 pieds, il va devoir passer sa Mini Transat comme tout le monde.