Le Round Robin de la régate de qualification à Kreuzlingen a profité de conditions musclées. Après un début en fanfare, Nathalie Keller s’est finalement inclinée en demi-finale contre la domination masculine. Lukas Erni et Alain Stettler ont obtenu le précieux sésame pour la finale à Zoug. © Tobias Storkle

L’héritage de l’Alinghi Swiss Tour est sauvé. En regroupant la régate de qualification, la finale de la Swiss Cup et le St. Moritz Match Race, Christian Scherrer, soutenu par Volvo Suisse ainsi que les clubs de voile de Kreuzlingen et de Zoug, a trouvé la trilogie gagnante pour rendre la discipline encore plus populaire.

Le match race en Suisse avait en principe bien démarré. Avec son Swiss Tour, Alinghi a rendu célèbre les matches aux quatre coins de la Suisse. Les sponsors ne manquaient pas et les clubs les plus renommés ont volontiers œuvré pour Alinghi. La succession était pourtant une autre paire de manche, Swiss Sailing ayant beaucoup de peine à trouver des organisateurs. La raison ? Très certainement l’investissement considérable en termes d’infrastructure et de recherche de bénévoles. L’absence d’un grand sponsor ne facilitait en outre pas la donne. En dernier lieu, les équipages eux-mêmes ne montraient franchement pas un intérêt démesuré pour le match race.

Tout ceci semble désormais oublié. Christian Scherrer a une fois de plus montré qu’il était l’homme de toutes les situations. Il est non seulement un navigateur hors-pair mais également un organisateur de talent. Il a su mettre à profit ses relations avec les personnalités et sponsors importants du monde suisse de la voile, tout en tirant habilement les ficelles de son événement.

En choisissant le lieu de la régate de qualification, il a tapé dans le mille. Dans le but d’intéresser le plus de monde possible, la régate au format open sur le lac de Constance était également ouvertes aux participants des pays voisins. Pas moins de 26 équipages ont répondu présents, obligeant même le club organisateur Yacht Kreuzlingen à faire disputer une sorte de pré-qualification.

Après un bon début, le vent sur le lac de Zoug est allé en diminuant. Dans la seule et unique manche de la finale, le team Clerc s’est imposé contre Stettler. © Juerg Kaufmann
Ladies first après le Round Robin

C’est ainsi que la liste des participants à la Volvo Match Race Cup qui s’est déroulée fin avril dans la baie de Constance comprenait également deux équipages allemands, ainsi que des équipages juniors et un team féminin. Ce dernier a fait plus que bonne figure. A la surprise générale, le team de Nathalie Keller n’affichait pas une seule défaite après les Round Robin ! Dans les demi-finales par petit temps, les dames étaient un peu moins à l’aise. Elles ont perdu contre le Team d’Alain Stettler qui, à son tour, s’est avéré vaincu dans la finale contre Lukas Erni.

Les blu26 ont à nouveau été couverts de louanges. Si leur manœuvrabilité, leur potentiel de vitesse et leur design résolument moderne convainquent les adeptes du match race et font augmenter la demande, ils plaisent aussi à des organismes tels que le « Jugendregatta Förderverein Bodensee ». Cette association de promotion de la voile de compétition chez les juniors a pu acquérir deux unités de blue26 grâce au soutien de mécènes et sponsors au terme de la qualification. Sur cette base, il est maintenant question de créer une plate-forme d’entraînements réguliers pour le match racing.

Pression pour le team Monnin

Les deux finalistes de Kreuzlingen ont donc fait le déplacement à Zoug pour y disputer, pendant le week-end prolongé de l’Ascension, la finale de la Match Race Cup contre les six meilleurs équipages suisses qualifiés d’office. Les tenants du titre et héros locaux Monnin étaient donnés grands favoris. Dans leur formation classique, les frères Monnin d’Immensee sont incontestablement numéro 1 en Suisse. Leur 18e position dans le classement mondial montre qu’ils figurent également parmi l’élite internationale.

Comme ils s’habitent au bord du lac de Zoug, ils connaissent le plan d’eau comme leur poche. En plus, les blu26 n’ont plus aucun secret pour eux et se prêtent bien à leur façon de naviguer. Logiquement, la pression qui pesait sur leurs épaules était palpable, les frères Monnin étant venus chercher la victoire.

Le fait que le team Monnin n’avait pas réussi à se qualifier pour les quarts de finale au Match Race Germany, fin mai, n’était pas révélateur de leur forme. Après tout, ils s’y étaient confrontés à une concurrence haut de gamme, constituée des meilleurs équipages professionnels du monde. A Zoug, c’était le titre national qui était en jeu et ils comptaient bien faire carton plein.

Les favoris à la peine
© Juerg Kaufmann

Le premier jour des hostilités s’est déroulé comme prévu pour les frères Monnin. Un vent bien établi a permis de faire courir l’ensemble des pré-régates. Pendant tous les Round Robin, le team Monnin n’a perdu qu’un seul match contre le team Walser. La qualification était donc chose faite, les chances étaient intactes.

Les débuts de Jérôme Clerc et son équipage ont été beaucoup plus laborieux. Après trois défaites dans le Round Robin, les Genevois ont obtenu leur ticket pour les demi-finales in extremis. A la grande surprise générale, ils n’ont alors laissé aucune chance aux frères Monnin qui partaient favoris, en les battant sans appel 2:0. Dans la deuxième demi-finale, l’autre favori, le team Walser, a été battu de justesse par le team Stettler d’Oberhofen.

Faute de vent le dimanche après-midi, la finale s’est jouée sur une seule et unique manche. Jérôme Clerc, Bryan Mettraux, Elodie-Jane Mettraux et Denis Girardet de la Société Nautique de Genève se sont imposés contre le team Stettler.

Le team Clerc laisse éclater sa joie. © Juerg Kaufmann

Le prestigieux Yachtlub Zug et Volvo Suisse ont réussi à faire de la Volvo Match Race Cup un événement digne de ce nom, sur l’eau tout autant qu’à terre. Le feed-back positif laisse espérer que l’organisation jouira pour les cinq ans à venir d’une base solide. L’avenir n’est pourtant pas encore assuré puisque le sponsor Volvo a signé pour une année seulement. Reste à espérer que les retours chez Volvo Suisse soient tout aussi positifs que chez les participants et le public.