Pendant les régates au large, «Teamwork» mène l‘armada devant «The Wave-Muscat» et «Alinghi». © Jean-Guy Python

Porto, ses collines, ses ponts jetés entre les quartiers pittoresques de Gaia et de Ribeira et au milieu, les méandres du Douro. Un fleuve avec marées et courants tordus, un des plans d’eau les plus exigeants du circuit des Extreme Sailing Series. Des plus spectaculaires aussi. Morgan Larson, qui barrait « Alinghi » en l’absence d’Ernesto Bertarelli, en est convaincu : « Porto est une des meilleures épreuves de la saison, pour les spectateurs comme pour les équipiers ». Huit équipages se sont affrontés au Portugal, dont deux wild cards. L’une d‘elle a été accordée à « Team Tilt », avec à bord des navigateurs suisses de moins de 25 ans. Les jeunes loups sont venus se frotter aux gladiateurs confirmés dans le cadre de leur entraînement pour la Youth America’s Cup à San Francisco. Pour l’équipe skippée par Lucien Cujean, 23 ans, il s’agissait de mettre la barre très haut et de se préparer pour le rendez-vous californien. « Il nous manquait des régates d’entraînement pour travailler les manœuvres en symbiose. Naviguer sur le circuit des Extreme 40, c’est de l’expérience qu’on emmagasine ». Le premier jour, lors des régates offshore, les jeunes Suisses ont démontré qu’ils étaient capables de rivaliser avec les meilleurs, signant une victoire et plusieurs arrivées dans le top 3.

A Porto, Morgan Larsson, barreur d’«Alinghi» a fait du bon boulot. © Jean-Guy Python

Si « Team Tilt » a plutôt bien réussi son examen de passage lors des régates au large, les choses se sont un peu corsées lors des épreuves « en stade nautique ». Comme le souligne Lucien Cujean : « Plusieurs manches se sont courues sur la rivière, avec du courant et un vent qui soufflait par rafales, perpendiculairement au parcours. Il s’agissait de conditions tout-à-fait inhabituelles, mais au bout du compte, nous avons beaucoup appris et toute l’équipe est sortie renforcée de cette expérience. Le niveau est très élevé et le circuit Extreme 40 vraiment cool. Les manches sont courtes et c’est impressionnant de régater avec quelques-uns des meilleurs skippers du monde. » De quoi s’en mettre plein les yeux et accumuler de l’expérience : « C’est une grande satisfaction d’avoir décroché la sélection pour la « Youth » en février dernier. A San Francisco, on vise un podium, voire – pourquoi pas – la victoire. C’est dans nos cordes ! »

Les régates en stade nautique sur le fleuve Douro sont toujours très spectaculaires. © Jean-Guy Python

Mais le véritable enjeu de Porto résidait dans la lutte acharnée à laquelle se sont livrés l’équipage omanais de « The Wave, Muscat » et les Suisses d’« Alinghi ». Après 30 manches, la victoire revient finalement à « The Wave, Muscat » qui s’impose devant « Alinghi » dans la toute dernière course. Au coup de canon, trois points seulement séparaient les deux grandes équipes du circuit et c’est grâce à des manoeuvres impeccables que le team omanais a réussi à gagner une dixième et dernière manche de ce rendez-vous lusitanien. Légère déception malgré sa deuxième place pour l’équipage d’« Alinghi », qui a pourtant constamment mis la pression sur les Omanais : « Nous aimons batailler avec « The Wave, Muscat ». Malheureusement, cela n’a pas marché pour nous ici à Porto, mais c’est un très beau plan d’eau et notre équipe a fait du bon boulot », explique Morgan Larson qui ajoute : « Alinghi » est une équipe formidable et la chance aurait pu tourner de notre côté ».

«Teamwork» et «Alinghi» en duel serré lors de la semaine portugaise des Extreme Sailing Series. © Jean-Guy Python

En embuscade et auteurs d’une progression remarquable, les Genevois de « Realteam » terminent à la troisième place. A plusieurs reprises, le multicoque skippé par Pierre Pennec est venu mettre « Alinghi » en danger de belle manière. Le Français, connu comme l’un des marins les plus audacieux de ces Series, permet à son équipe de grimper sur le podium pour la première fois de la saison. « C’était notre objectif dans cette épreuve, c’est donc un magnifique résultat pour le team ! »

Jérôme Clerc, Pierre-Yves Jorand et Lucien Cujean adversaires en mer et complices à terre. © Jean-Guy Python

Tout au long de la semaine, le skipper en titre de « Realteam », Jérôme Clerc, observait les épreuves depuis le zodiac d’assistance. Un choix délibéré pour, dit-il, « prendre du recul et ne pas avoir tout le temps le nez dans le guidon ». Un avis partagé en toute complicité par Pierre Pennec : « Je ne mets pas du tout Jérôme Clerc au placard, puisque c’est lui qui m’a appelé. Je trouve que son approche est bonne. En s’effaçant ainsi, il fait progresser l’équipe. « Realteam » a déjà eu d’excellents résultats en Extrême 40. Ici à Porto je devais fonctionner comme coach, mais Jérôme a préféré que je prenne la barre. Il a pensé que j’apporterais plus à l’équipe en étant à bord. » Mission accomplie donc pour « Realteam », avec le sourire et un constat des plus positifs de la part de Pennec : « Les marins de « Realteam » sont aussi physiques que motivés. Ils ont vraiment envie de progresser vite et sont très à l’écoute. Ils ont hâte de percer et une troisième place, c’est une jolie performance. On a bien bossé ensemble, autant sur le plan technique que sur la communication à bord. »