Altaïr et Elena of London en arrière plan de Moonbeam III et Cambria.

Une météo idéale qui a réjoui les régatiers, un nombre de participants en augmentation de 20 % avec 99 inscrits répartis en cinq catégories, trois goélettes de plus de 40 m et neuf unités de plus de 30 m, 12 monocoques centenaires dont le 15 m JI Mariska, mais aussi Manitou, le voilier de la famille Kennedy ou le charmant sloop de 8,07m Dainty… La 35e édition des Régates Royales de Cannes – Trophée Panerai a dépassé les attentes des organisateurs et des participants. « C’était une semaine de régates exceptionnelles, même s’il y a eu parfois un tout petit peu trop de vent pour nous », analyse Daniel Leutwyler, skipper de Phoebus II, le cotre mythique du Léman qui avait fait le déplacement après deux ans d’absence à ce rendez-vous de classiques. L’équipage de Phoebus II, dont les plats bords sont vraiment au ras de l’eau, a cependant un peu souffert lors de la manche de mercredi, journée la plus ventée avec des rafales dépassant les 20 nœuds et une mer très formée. « On fait un moins bon cap quand il y a des vagues », précise le skipper néanmoins satisfait de sa 9e place au sein du groupe Epoque aurique, remporté par Chinook de Graham Walker. Tout juste rénové dans un chantier de Bizerte, en Tunisie, ce bateau est l’un des 4 NY 40, plans Herreshoff construits entre 1916 et 1926, encore à flot. Pour son arrivée dans le circuit des classiques, ce cotre Marconi de 19,20 m détrône les habitués du podium que sont Oriole (2e) et Bona Fide (4e) dont le skipper Giuseppe Giordano s’interroge, comme d’autres propriétaires, sur le calcul parfois déroutant des handicaps.

Les 8 m JI Carron II et Anne Sophie bord a bord a la bouée au vent.
Les Suisses au rendez-vous

Dans la catégorie des neuf Big Boats dont sept plans Fife, Moonbeam III l’a emporté sur Moonbeam IV en claquant trois manches sur les cinq tandis que le seul 15 m JI présent cette année à Cannes, Mariska, complétait le podium. « Nous avons énormément régaté cette année, avec quatorze semaines de navigation. Cela a élevé le niveau sportif de l’équipage et la connaissance du bateau », explique Christian Niels, propriétaire de ce plan Fife de 1908. En effet, la maîtrise des 730 m2 de voilure nécessite entraînement et professionnalisme et le patron de Mariska est heureux de pouvoir faire naviguer le plus souvent possible sa vingtaine d’équipiers dirigés cette année par Edouard Kessi.

Jeu géométrique de voiles entre Mariska et Cambria.

Tandis que chez les 17 inscrits en Classique – c’est-à-dire des bateaux construits après 1960 – le vainqueur de la coupe Louis Vuitton 1992, Il Moro di Venezia a fait grosse impression en temps réel. Chez les Epoque Marconi inférieurs à 15 m, le sloop Sirius de 1937 dessiné par Olin Stephens l’emporte devant Sonny issu des mêmes crayons et barré par German Frers. Le célèbre architecte naval argentin était présent pour la première fois à Cannes, rendez-vous qu’il a qualifié de « magnifique ». Dans cette catégorie, le suisse Carron II, skippé par Nicolas Groux s’est adjugé une plus qu’honorable 6e place malgré un abandon dû à une casse de barre de flèche lors de la première manche. « C’est un peu dommage que nous n’ayons pas pu régater entre 8 mJI puisque nous étions sept, mais on est satisfait d’avoir coiffé Anne-Sophie au poteau lors de la dernière manche », commentait Nicolas Groux tandis qu’Arthur Cevey, 17 ans, étudiant en charpenterie de marine chez Philippe Durr, était émerveillé d’avoir régaté au cœur d’une flotte aussi prestigieuse.

Entre Dragon et Requin

De son côté, la jolie flotte de 36 Dragon venus de toute l’Europe a régaté tous les jours a proximité des îles de Lérins et le suspense est resté entier jusqu’à la 9e manche. Russes et Britanniques, présents en force et aussi nombreux que les Français avec sept équipages chacun, ont trusté les cinq premières places. C’est Jerboa de Gavia Wilkinson-Cox qui a soufflé la victoire à Integrity et Annapurna. La barreuse britannique a surpassé ses concurrents russes sur les quatre dernières manches (1,1,2,2) alors que le vainqueur de l’an dernier, Annapurna, connaissait une baisse de régime (12,7,10,6). Mais la belle surprise est venue de Free de Dirk Oldenburg qui, sous les couleurs helvètes, s’adjuge la 9e manche, ce qui lui permet de terminer à une très belle 10e place.

Elégance et puissance pour Moonbeam IV.

Aux côtés des Dragon, les régatiers ont apprécié le grand retour des Requin après une quinzaine d’années d’absence, grâce à la présence de deux figures de la série venues d’Annecy, Slim d’Antoine Pêcheur et Daniela barré par Roger Quenet. Tirant le meilleur parti des petits airs caractéristiques de la semaine, les Savoyards n’ont laissé aucune chance à la flotte de 8 Broads One Design arrivée tout droit du Norfolk pour une première participation aux Royales. Ces quillards britanniques de 7,39 m sur 1,52 m de large furent dessinés en 1900 par Linton Hope pour naviguer aussi bien en mer que sur des plans d’eau intérieurs. Leur élégance et leur maniabilité ont suscité intérêt et admiration des amateurs de voile classique.