Sous les rayons du soleil couchant, Holy Smoke pointait encore en tête avant de chavirer. © Hans Jörg

En 2014 déjà, une météo agréable avait fait oublier les éditions précédentes, disputées sous la pluie. Cette année, ce fut encore mieux : un soleil radieux et des températures estivales ont attiré 320 bateaux et plusieurs milliers de spectateurs qui ont afflué pour suivre le départ de la régate et assisté aux nombreuses animations proposées à terre. En ce premier week-end de juin, le port de Lindau ressemblait à une ruche.

Veit Hemmeter sur son M2 Team.com a permis au club organisateur de remporter cette 65e édition de la Rund Um. © Tobias Stoerkle

Seul bémol, le vent n’a pas toujours joué le jeu. Au départ, il était même carrément absent. Plusieurs heures après le coup de canon, de nombreux bateaux traînaient encore sur la ligne qui s’étirait sur une longueur de 2,5 km devant Lindau. Plus à l’aise dans le petit temps, les multicoques ont en revanche vite pris le large, à l’image du vainqueur de l’édition précédente, le M2 Sonnenkönig mené par Armin Schmid et barré par Stefan Stäheli. S’il a déjà remporté la Rund Um trois fois, il n’a jamais réussi à aligner deux victoires de suite. « Bien sûr que nous aimerions gagner deux fois d’affilée, mais cela reste un défi de taille », annonçait Armin Schmid avant le départ. « Avec Hemmeter, Schatz et Schiess, la concurrence est rude. Il faut vraiment que tout joue en notre faveur pour réussir. Mais nous allons tenter le coup, c’est certain ! »

Les concurrents sur la ligne de départ © Walter Rudin
Les multis suisses malchanceux

Finalement, les conditions n’étaient pas réunies pour permettre à Sonnenkönig de rafler la mise. Pourtant, tout avait commencé sous de bons auspices pour les Suisses, même si les nombreuses vagues provoquées par les bateaux suiveurs leur ont rendu la vie difficile. Schmid revient sur les événements : « Nous étions proches de Holy Smoke avant de commettre une faute tactique à la hauteur de Romanshorn en optant pour le milieu du lac où nous sommes restés coincés faute de vent. A partir de là, on n’a plus vraiment progressé jusqu’à la bouée de dégagement, où les premières rafales d’un front orageux ont fait leur apparition. Au retour, nous avons vécu une véritable chevauchée avec des pointes à 28 nœuds. Ceci nous a permis de réduire l’écart, sans toutefois réussir à rejoindre le groupe de tête. »

Armin Schmid, chef d’équipe du Sonnenkönig, sur ses choix tactiques : « Les options choisies n’ont pas toujours été payantes. » © Walter Rudin

Albert Schiess du Yacht Club Arbon sur Holy Smoke, qui s’était classé 2e en 2014, a connu un sort encore plus terrible. Alors qu’il pointait encore en tête au passage de la bouée, il s’est fait surprendre par une rafale d’une telle puissance que son catamaran surtoilé âgé de 25 ans a fait un plongeon avant de se retourner et se coucher sur le flanc. « Notre bateau accompagnateur a certes réussi à remettre le cata debout, mais comme toute aide extérieur est interdite, nous avons été obligés d’abandonner », explique le régleur Dieter Kuhn. C’est lui qui équipe Holy Smoke – qui n’est plus de toute première jeunesse – de voiles rapides qui lui permettent de rester compétitif. Catair, l’autre M2 suisse de Lothar Geisser, a connu un sort semblable. Pour lui, la course s’est également terminée avant l’heure suite à la déchirure de son gennaker et de sa grand-voile.

© Walter Rudin

Le grand vainqueur de cette 65e édition de la Rund s’appelle Veit Hemmeter, membre du club organisateur de Lindau. Après un peu moins de huit heures de course, il a franchi la ligne d’arrivée à trois heures du matin sous les roulements du tonnerre. « Ce fut ma plus belle Rund Um ! Tout y était : le clair de lune, un magnifique coucher de soleil et du bon vent. Cette victoire couronne une édition d’exception », s’est réjoui cet ancien navigateur sur Tornado.

Petite consolation, les Suisses ne sont pas rentrés complètement bredouilles. Chez les monocoques, le Farr 36 d’Andreas Künzli de Kreuzlingen s’est classé 2e. Il est suivi de près par un autre Suisse, Ralph Nater du SSC Romanshorn avec sa nouvelle construction maison qui porte le nom de Yunikon.

Une aura particulière

205 bateaux ont finalement terminé la régate dans le temps imparti. Parmi les derniers, le Saint-gallois Martin Gasser sur Moggel a passé la ligne après 21h 42’ 16’’ de course. Fidèle à cette régate de longue distance qui réunit à chacune de ses éditions plus de 300 bateaux depuis de nombreuses années, il apprécie tout particulièrement le départ qui, selon lui, n’a pas d’équivalent. Mais la Rund Um a encore bien d’autre qualités : « Chaque édition est une aventure, on ne sait jamais ce qu’elle nous réserve. Nous y avons vécu des tempêtes et le calme plat. On a déjà fini trempés jusqu’aux os et complètement frigorifiés, mais l’année d’après, tout est oublié et on recommence. »

A l’heure où les régates de longue distance ne sont plus vraiment à la mode et où de nombreuses petites courses se plaignent d’une forte baisse du nombre de participants, le Bol d’Or Mirabaud et la Rund Um rassemblent encore un nombre considérable de bateaux. L’explication de cet engouement doit se trouver dans l’aura particulière que ces événements dégagent. Ils restent les piliers de la culture vélique que même les amateurs aiment partager au moins une fois par année.

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