© Martin Kobel

A vrai dire, on s’était réjoui de voir une réédition du duel de l’année dernière entre Eric Monnin et Arnaud Psarofaghis. En 2012, Monnin avait réussi à arracher le titre de champion suisse des Surprise aux Genevois habitués à la victoire en le ramenant en Suisse centrale. Après avoir remporté ensemble le championnat de série des Onyx, on aurait aimé les voir s’affronter sur l’eau. Hélas, il n’en fut rien. Engagés dans d’autres projets, les deux acolytes ont renoncé à participer au championnat suisse des Surprise. Parmi les illustres absents, on trouvait aussi quelques acteurs du CER (Centre d’Entrainement à la Régate) qui s’étaient accordé une pause après le Tour de France à la Voile et les 5 Jours du Léman.

Défensif au départ de la dernière manche, Mordicus – Girod Piscines a brillamment remporté le titre de champion suisse. © Martin Kobel

En tout, 26 équipages issus de quatre nations avaient fait le déplacement à Morat fin août. Malgré quelques absences, il restait suffisamment de concurrents de pointe pour assurer des régates de haut niveau auxquelles on est habitué chez les Surprise. Parmi les favoris, le très constant Michel Glaus sur Teo Jakob et la star montante Patrick Girod sur Mordicus – Girod Piscines. Si tous deux refusaient d’être considérés comme favoris, un coup d’œil au classement annuel du Trophée Voiles Gauthier ne faisait aucun doute : ils avaient toutes les chances de remporter le titre.

Le vent se fait désirer

Avant de pouvoir commencer, les navigateurs ont dû faire preuve de patience. « Nous avons eu du vent pendant toute la semaine… jusqu‘au jeudi dans l’après-midi, le jour où le championnat aurait dû commencer. Là, le vent s’était évaporé », s’est plaint Dietmar Friedli, le président du comité d’organisation. Calme plat oblige, le comité de course a tout simplement renoncé à envoyer les régatiers sur l’eau. Le vendredi, Eole ne s’est pas montré plus clément. Une tentative avortée fut le maximum à tirer de ces conditions. Seul restait l’espoir que le changement de temps prévu pour le week-end se concrétiserait et amènerait enfin un peu de vent.

© Martin Kobel

Le samedi matin a débuté par un avis de tempête. Pourtant, l’espoir de voir enfin le vent pointer le bout de son nez a d’abord pris une saucée. En sortant du port, ce n’était pas le vent qui attendait les régatiers, mais de puissants éclairs, du tonnerre et une pluie battante. Il a fallu attendre l’après-midi pour voir les régatiers complètement détrempés passer à l’action. Une fois le front de tempête passé, le vent s’est enfin levé et Banz Vonlanthen, le président du comité de course, a pu lancer une manche. Les vents changeant sans cesse de direction ont donné du fil à retordre aux concurrents. Le samedi soir, les régatiers avaient la mine défaite, usés par les cinq courses très physiques. Mais pas seulement. La décision du jury d’obliger les concurrents à porter un gilet de sauvetage avec col en a irrité plus d’un. Peut-être que Swiss Sailing devrait une fois pour toute prendre une décision officielle pour savoir quelles séries sont réellement à considérer comme bateaux de sport et donc autorisés à porter des gilets de dériveur. Suite à un vice de forme, aucun équipage n’a heureusement été disqualifié.

Duel entre Glaus et Girod

Peu impressionnés par les éclairs et le tonnerre, Glaus et Girod ont parfaitement rempli leurs rôles de favoris. Après cinq courses, ils caracolaient en tête avec des résultats identiques (1/3/4/4). Dans la dernière manche du samedi, le plus expérimenté des deux a finalement distancé le jeune Girod de cinq places.

Après un départ volé sous drapeau noir, Teo Jakob a dû enterrer ses ambitions de victoire. © Martin Kobel

Le dernier jour s’annonçait donc passionnant. Le comité de course a essayé de renoncer au drapeau noir, décision qu’il a rapidement regrettée. S’en est suivi un départ volé en masse. Parmi les moutons noirs, on retrouvait Michel Glaus, contraint d‘assister à la seule manche valide du dimanche en tant que spectateur. Une pilule d’autant plus amère qu’il menait les deux courses interrompues.

La voie était donc libre pour Girod et il ne s’est pas fait prier, remportant la dernière manche et, du coup, aussi le championnat. « Chez nous, tout a fonctionné comme sur des roulettes, a déclaré le vainqueur, rayonnant. C’est aussi une victoire de la jeunesse. Nous avons calculé que notre équipage a 120 ans de moins que celui de Teo Jakob. J’espère que le titre m’aidera à augmenter ma notoriété pour trouver de nouveaux sponsors pour mon projet en Mini Transat. »

Quid de l’avenir du Surprise ?

Daniel Rinolfi, président de l’association de série des Surprise, ainsi que les hôtes du Segelclub Murten se sont félicités du bon déroulement du championnat. Même si le Surprise commence à prendre de l’âge, Rinolfi se veut rassurant pour l’avenir de la série : « C’est la taille de la flotte qui rend le Surprise si attrayant. Rien que sur le lac Léman sont stationnées 600 unités et les régates locales rassemblent de nombreux bateaux. En plus, le Surprise est abordable avec une logistique simple. » Le succès du Surprise ne se limite toutefois pas à la région francophone comme l’a démontré la participation de plusieurs équipages autrichiens. Sur l’Achensee et le Wörthersee, les Surprise disputent régulièrement des régates locales et le championnat suisse figure parmi les régates à points de l’association autrichienne des Surprise.