Avec quinze nations présentes, et six Suisses, les mondiaux de Moth d‘Hawai ont été dominés par les Anglo-saxons. © Thierry Martinez

Avec un plateau époustouflant constitué de champions olympiques et de barreurs de l’America’s Cup, les Mondiaux de Moth ont prouvé que ce support atypique a manifestement gagné l’élite mondiale de la voile. Les Anglo-saxons ont clairement trusté le sommet du classement. Les quatorze premiers sont en effet issus des USA, d’Australie, du Royaume-Uni et de Nouvelle-Zélande.

Les Helvètes en force

Six Suisses ont fait le déplacement pour ce championnat qui a tout de même réuni quinze nations. «Le fait d’aller à Hawaï a été autant moteur que restrictif», raconte Fabien Froesch, qui était de la partie. Et de poursuivre: «Les coûts sont forcément importants et ont probablement découragé certains régatiers. D’un autre côté, c’était pour la plupart d’entre nous l’occasion de découvrir une destination intéressante, et de rester dans le coup avec les meilleurs. On a également profité d’organiser des vacances, pour que le voyage vaille la peine.» Les compatriotes ont fédéré un certain nombre de dépenses, comme la location d’une maison, afin de rendre l’ensemble de l’opération financièrement abordable.

Quinzième au général, Arnaud Psarofaghis réalise une belle performance, d’autant plus que le Genevois ne s’était pratiquement pas entraîné. © Thierry Martinez

Arnaud Psarofaghis, qui termine 15e est le premier Suisse. «Je m’étais fixé l’objectif de terminer dans les quinze, et c’est ma place au final. C’est pas mal, dans la mesure où je ne me suis entraîné que quatre jours. Je pense qu’avec vingt jours de préparation, je pourrais finir dans les dix. Le niveau est monté depuis mon dernier championnat du monde en 2011, mais ça s’est surtout homogénéisé à l’arrière. Il y a plus de monde qui peut rentrer dans les vingt qu’avant.»

Chris Rast, habitué des séries olympiques, s’est mis au Moth, et termine deuxième Suisse à la 27e place. © Thierry Martinez

Philip Käsermann s’est quant à lui fait une belle frayeur, lors d’une collision avec le Britannique Tom Offer. Le président de la classe, qui a finalement pu réparer son bateau, a quand même terminé le championnat en ratant quatre manches qui ont sérieusement mis à mal son résultat. Tom Offer n’a par contre pas pu réparer son bateau et s’est résigné à abandonner après la quatrième manche.

Malgré une collision impressionnante, Philip Käsermann a pu réparer son bateau sur place, et terminer le championnat. © Thierry Martinez
Alizé en panne

Du point de vue des régates, les 79 classés ont largement regretté le manque de vent, pourtant supposé fort à cette époque. «Nous avons trop souvent navigué en low riding (ndlr: en mode archimédien), relève encore Fabien Froesch. Au final, nous avons eu sept à neuf noeuds de vent, et douze au maximum. C’était un peu frustrant et décevant, mais quand même très riche d’enseignement. Nous avons vu combien les meilleurs gèrent mieux ces situations, grâce à leur maîtrise technique, mais également leurs foils qu’ils développent eux mêmes. La différence entre un voilier qui vole et un qui flotte est du simple au double. On se fait tourner autour si on décolle après les autres.»

Le skipper français Loïck Peyron, qui se qualifie lui même de «plus vieux des rookies», n’a pas hésité à remettre sa combinaison pour aller se mouiller les cheveux et se confronter aux spécialistes de la discipline. © Sander van der Borch

Dix courses ont malgré tout été disputées lors de trois journées de régates et personne ne regrette le déplacement malgré la météo décevante. «Il existe peu de séries qui permettent de côtoyer autant de beau monde, a pour sa part déclaré Philippe Schiller. Il est évident que nous attendions plus de vent. Mais au final, on a fait dix manches instructives. J’ai énormément progressé, et je compte bien continuer.»

Des Français peu enclins

Malgré l’engouement planétaire du Moth, les Français restent timides dans cette classe. Et seuls deux d’entre eux, dont Loïck Peyron, ont fait le déplacement. « J’ai très peu navigué, mais dans l’équipe d’Artemis, nous avions six bateaux, et profitions de toutes nos journées libres pour faire du Moth», confie le célèbre navigateur. Et de poursuivre: «Cette série est remarquable, bien plus marrante que l’olympisme. J’espère d’ailleurs que le Moth ne sera jamais un voilier olympique, ça casserait l’esprit. Il faut une énorme maîtrise technique avant de commencer à régater. On dit qu’il y a de bons marins qui sont des mauvais mothistes, et inversement. C’est une réalité, tellement le bateau est spécifique. J’ai eu pas mal de problèmes sur les départs, ce qui a largement influencé mon résultat. Je dois pouvoir faire mieux, surtout avec un peu plus de vent.» Le skipper français souligne encore l’intérêt que représente ce bateau en terme de formation, notamment au regard de l’America’s Cup. «J’espère bien être impliqué d’une manière ou d’une autre dans les prochaines éditions. Et si on reste sur les catamarans volant, naviguer en Moth a beaucoup de sens.».

L’édition 2014 est dores et déjà prévue au Royaume-Uni. Bora Gulari, le vainqueur, sera bien sûr présent pour défendre son titre qu’il a conquis pour la deuxième fois. La plupart des Suisses présents à Hawaï comptent évidemment faire le déplacement. Une aventure qui semble bien simple quand on revient du milieu du Pacifique.