Nathalie Brugger et Matias Buhler ont rapidement pris leurs marques en Nacra 17, avec un podium à Hyères. © Marco Brunner

Voilà un an que les Jeux de Londres sont terminés,et la plupart des athlètes qui visent Rio sont déjà en mode entraînement pour cette nouvelle échéance, en 2016. Plusieurs d’entre eux ont démarré leur préparation sur les chapeaux de roues, démontrant un fort potentiel pour les années à venir.

Le duo Bühler/Brugger, qui navigue en Nacra 17, s’est par exemple illustré lors de la Coupe du Monde d’Hyères en montant sur le podium. Leur résultat représente un véritable exploit, qui n’était pas arrivé depuis pas mal de temps pour des Suisses. L’équipage a rapidement pris sa place sur ce nouveau support multicoque, réduisant à néant les espoirs de nombreux prétendants qui voyaient dans ce dériveur mixte, une belle opportunité de vivre le rêve olympique.

Yannick Brauchli et Romuald Hausser ne semblent pas avoir trop souffert de leur pause hivernale, et sont revenus rapidement à leur niveau initial. © Juerg Kaufmann

« Une des mesures principales que nous avons prises après Londres, commente Vincent Hagin, président de la Fédération suisse de voile, c’est d’engager des entraîneurs de classe mondiale, ayant déjà mené des projets de haut niveau au succès ». À ce stade, Sébastien Godefroid et Laurent Voiron ont déjà apporté leur énorme expérience qui a débouché sur le résultat d’Hyères. « Le Nacra 17 est le seul catamaran à foils de série du marché. C’est un support très intéressant que Matias et Nathalie mènent parfaitement. Ils apprennent très vite », explique Sébastien Godefroid. Et de poursuivre : « Le but, dans un premier temps, est qu’ils puissent participer à un maximum de medal race. Ils doivent apprendre à découvrir tous les secrets du support .» L’entraîneur belge se refuse pour l’instant à parler de quelconque objectif sportif, et préfère se concentrer sur la progression de ses dauphins.

© Marco Brunner

D’autres coaches du même calibre vont encore rejoindre SST pour apporter leur expérience dans les autres classes. Lionel Pellegrino, sélectionneur national de Laser Standard et Radial pour la France entre 2007 et 2013, sera chargé de la préparation de Guillaume Girod en Laser. Diego Romero aura quant à lui la responsabilité de la relève, et entraînera les navigateurs durant l’ISAF Youth Worlds 2013 de Chypre, au côté de Marco Versari, l’entraîneur junior titulaire de Swiss Sailing Team (SST). Ramon Aiximeno Mostajo viendra finalement apporter son soutien à l’équipage féminin de 49er FX.

Nathalie Keller et Livia Naef présentent un excellent potentiel, mais doivent encore travailler techniquement. Le 49er FX est un support complexe. © Marco Brunner
Quid des autres supports

Le nouveau dériveur en double femme, le 49er FX, n’a pas suscité autant d’intérêt que le multi chez les Suisses. L’équipage de Nathalie Keller et Livia Naef a néanmoins fait le choix de tenter sa chance sur ce voilier très complexe. « Cet équipage a un très bon potentiel, mais va devoir consacrer pas mal de temps à améliorer sa technique », commente encore Vincent Hagin.

En 470, Yannick Brauchli et Romuald Hausser, 16e à Londres, ont été contraints de faire une pause de huit mois suite à l’opération du genou de Yannick. Le barreur de l’équipe s’est remis au travail ce printemps et les résultats ont rapidement été au rendez-vous. « Nous avons navigué une petite semaine avant les championnats d’Italie que nous avons remportés », explique Romuald Hausser. L’équipage termine ensuite l’Eurosaf en 7e position. Leur objectif pour cette année reste celui imposé par la fédération, soit d’être dans le top 12 au niveau européen et le top 18 au niveau mondial.

Côté Laser, Guillaume Girod qui jongle entre sa carrière sportive et ses études, a repris ses marques sur l’eau au printemps à Palma. 49e, il est content de son classement, dans la mesure où il était plus sur les bancs de l’école qu’à bord de son bateau. Son engagement doit aller en grandissant sur la seconde partie de la saison et les résultats devraient suivre.

« En plus de la question des entraîneurs, la question de l’engagement a été évoquée après les Jeux de Londres, explique encore Hagin.  Nous avons des moyens limités, et nous les investirons uniquement auprès d’athlètes qui sont prêts à se donner les moyens de leurs ambitions. Nos critères sont plus sévères. Il ne sera par exemple plus possible de faire partie du Cadre B sans avoir une courbe de progression positive qui vise le cadre A en trois ans. » On l’a compris, SST compte bien privilégier la qualité à la quantité, et attend que le message soit clair pour tous ceux qui rêvent de la baie de Rio.

Guillaume Girod qui a privilégié ses études dernièrement reste dans la course pour Rio et déclare se sentir en forme pour la seconde partie de la saison. © Marco Brunner
La prochaine grosse échéance

Si chaque équipage vise, dans sa classe, les championnats d’Europe et les championnats du Monde, la prochaine échéance importante qui permettra d’avoir une vision objective pour Rio sera la Coupe du Monde ISAF de Santander, en Espagne, en septembre 2014. C’est à cette occasion que la moitié des quotas de participation seront attribués, par classe et par nation. Le comité de sélection de SST a publié un règlement interne afin de maximiser les chances des athlètes suisses. Une préparation spécifique est prévue pour cet événement. « Santander est une zone de navigation très complexe, notamment au vu des courants et des vagues. Nos athlètes doivent se préparer à ce qui les attend. Notre but est de sécuriser la qualification des séries que nous soutenons », a pour sa part déclaré Tom Reulein, le chef d’équipe.

Aucun pronostic sur les Jeux olympiques ne peut évidemment être envisagé à ce stade. Mais il semble que SST a pris les mesures adéquates pour permettre aux athlètes de se fixer des objectifs ambitieux. « La voile olympique reste malheureusement toujours un peu le parent pauvre de ce sport en Suisse. Un de nos plus gros challenges va être de renforcer nos ressources financières », conclut Vincent Hagin.