Les Surprise ont déjà disputé leur championnat national au Bouveret en 2001 et 2004. © Julie Cornet

La plupart des gens connaissent le Valais pour ses stations de montagnes, ses vins et sa gastronomie essentiellement à base de fromage. En revanche, peu savent que ce canton plutôt tourné vers les Alpes abrite un des plus grands ports du Léman. Le CVVC (Cercle de la Voile du Vieux Chablais) fait par ailleurs partie des clubs très actifs de la région. Preuve en est, la fréquence de l’organisation d’événements d’envergure nationale. Plusieurs séries se tournent en effet vers ce site au décor grandiose pour leur rencontre phare, à l’image des Surprise cette année.

Les départs étaient particulièrement agressifs, et le comité de course a utilisé le pavillon noir à plusieurs reprises. © Sandra Culand
Accueil ambitieux

« C’est en discutant avec Pierre Moerch, l’ancien président, que nous avons décidé de poser notre candidature pour organiser le Championnat Suisse de Surprise », raconte Paolo Gatti, à la tête du Cercle depuis deux ans. « Le processus se déroule entre nous, Swiss Sailing et l’ASPRO. Ça fait neuf mois que nous sommes sur le pont pour tout mettre en place. » Il faut dire que pour l’occasion, le CVVC a mis les petits plats dans les grands, en proposant un programme de festivités ambitieux digne d’une rencontre internationale. Des groupes de musique live ont joué chaque soir de ce week-end prolongé de l’Ascension sous l’immense tente aménagée pour l’occasion. La fréquentation des lieux a toutefois été en deçà des attentes, et Paolo Gatti ne cache pas une légère déception. Il espère néanmoins pouvoir afficher un bilan comptable positif, au vu des investissements consentis pour être à la hauteur de la série. « Nous avons eu pas mal de difficultés à trouver des financements. Le Bouveret n’a pas le prestige de Genève pour toute une catégorie de sponsors », a encore confié le président, qui reste optimiste et surtout ravi du déroulement global de l’événement. « Une telle manifestation est importante pour notre club, qui compte 140 membres. Elle doit générer des bénéfices. Nous avons amélioré notre offre d’école de voile, avec un moniteur à plein-temps l’été et l’achat de nouveaux bateaux. Ce sont des frais. Nous sommes également partenaires de l’ASA Valais qui permet chaque année aux handicapés de naviguer. »

Teo Jakob remporte son cinquième titre au Bouveret, avec sa dream team, complétée par Jean-Marc Monnard. © Sandra Culand
Site complexe

Côté organisation sur l’eau, le CVVC a fait appel à Dominique Hausser, qui a dirigé le comité de course. Avec sept manches disputées, les concurrents ont pu régater vendredi et samedi. Des parcours ont été posés et des départs lancés jeudi et dimanche, mais aucune course n’a pu être validée. « J’ai plusieurs fois navigué ici, mais jamais organisé de course », a relevé Dominique Hausser. « Je dois dire que les conditions étaient difficiles. D’une part, il y a 200 m de fond, ce qui rend la pose de bouées assez complexe et surtout assez longue. Par ailleurs, les airs qui descendent des montagnes sont capricieux. C’est assez compliqué et je crois qu’on a exploité tout ce qu’on a pu. Si je devais avoir un regret, il concerne la dernière manche du vendredi que j’aurais dû arrêter au premier tour. Plusieurs paramètres m’ont fait prendre une autre décision et les variations de vent ont redistribué les cartes. Mais ça fait partie du jeu. »

© Sandra Culand

Les coureurs sont pour leur part assez contents de ce championnat, malgré une participation qu’on peut qualifier de correcte. « Je ne m’attendais pas à beaucoup plus de bateaux », a déclaré Daniel Rinolfi, le président de la classe. « Pour les Vaudois et Genevois, le déplacement est aussi compliqué que sur un autre lac. Il y a par ailleurs un championnat de Esse en même temps. Je pense qu’on peut être satisfait avec vingt-six bateaux. » Nicolas Groux, le patron du CER qui termine deuxième, ne semble de son côté pas perturbé de n’avoir qu’un bateau de son groupe inscrit. « Nous sommes en pleine période d’examen, et le CER compte passablement d’étudiants. Il est clair qu’à un autre moment de l’année, nos trois Surprise auraient été engagés.»

Troisième du championnat, le CER 3 Aprotec réalise une belle opération lors de cet événement. © Julie Cornet
Imbattable Teo Jakob

Le championnat a été remporté haut la main par le Teo Jakob de Michel Glaus, qui naviguait pour l’occasion avec Christophe Ganz, Nicolas Wyler et Jean-Marc Monnard. Avec quatorze points d’avance sur le second, Michel Glaus, qui remporte son quatrième titre national, se défend d’avoir disputé un championnat facile. « Il y avait comme chaque fois beaucoup de papables », explique-t-il. « Nous avons dû nous battre. Preuve en est que nous n’avons jamais fait la course en tête du début à la fin. Nous avons fait des départs moyens, et avons su tirer notre épingle du jeu lors de chaque manche. » Derrière lui, l’équipage du CER 3 Aprotec, mené par Nicolas Groux, est bien sûr content, même si de l’avis de Cédric Pochelon : « nous aurions préféré gagner ».

© Julie Cornet

Tcheûstékip d’Olivier Légeret termine troisième. Avec à son bord Alex Detrey, Pierre-François Beboux et Pascal Lavarelo, l’équipage était constitué majoritairement de locaux qui n’ont pas manqué de faire valoir leur connaissance du plan d’eau pour terminer sur le podium. Et si la première place n’a pratiquement pas été disputée au classement, c’est entre le deuxième et le cinquième que la bagarre a été la plus conséquente. Seulement six points séparent le CER 3 Aprotec d’Happycalosse.