Si le nombre de participants était un peu en deçà des dernières éditions, le niveau était par contre très relevé, et la flotte particulièrement homogène durant les 120 heures de l‘épreuve. © Yves Ryncki

Si plusieurs têtes d’affiche régulièrement présentes sur cette classique d’endurance n’étaient pas sur la ligne de départ de cette 21e édition, le plateau des 5 Jours 2013 était néanmoins très relevé et la flotte d’une homogénéité rarement observée. Les concurrents ont en effet évolué la majeure partie du temps dans un mouchoir de poche, jouant une régate au contact durant les 120 heures de la course. Quelques rares bateaux se sont finalement fait larguer par le peloton, mais après le quatrième jour.

Plateau relevé

Patrick Girod et Cédric Pochelon (Mordicus – Girod Piscines), vainqueurs en 2011, étaient de la partie de même que les frères Preitner, Loïc et Yannick, (Menerga CNM Voiles Gautier) qui totalisent 17 participations à eux deux. Renaud Stitelmann, lauréat de la première édition, était encore lice avec Darius Golchan (Luna). Le Vaudois Michel Vaucher, qui faisait son come-back après 18 ans d’absence, s’est présenté quant à lui avec Alex Detrey sur Clinique Montchoisi. Les Lévêque père et fils (Mirabaud 1) se sont lancés pour la première fois de leur carrière. Jacques, âgé de seulement seize ans, attendait d’avoir enfin l’âge requis pour pouvoir s’inscrire. Jean-François de Cerjat et Roman Bartunek (HappyCalosse), qui se déplacent chaque année du lac de Neuchâtel depuis cinq ans, n’ont pas manqué le rendez-vous, de même que l’habitué Loïc Forestier, accompagné de Donatien Carme, à bord de Mayer Opticien. Côté régatières, seuls deux équipages 100 % féminin étaient présents : Julie Richard et Gaelle Cevey sur Zitoune ainsi que Céline Stutz et Valérie Savoy sur l’incontournable Pschiit. Deux duos mixtes, Hypnautic avec Christa et Sandro Kuster, ainsi que Ketos-Fondation Respirer, mené par Alain Corthésy et Anne Jordan, étaient là pour compléter la représentation féminine.

Pour sa première participation, la famille Lévêque, père et fils, réalise une superbe performance avec une deuxième place. © Yves Ryncki
Schéma météo complexe

Après le traditionnel briefing météo matinal de Philippe Jeanneret, les bateaux se sont élancés le 3 août à 14h précises devant le Cercle de la Voile de Vidy. La flotte a profité d’un petit rebat pour prendre la direction du Bouveret, après avoir tourné autour de la bouée de dégagement. La première marque a été franchie en début de soirée, et les équipages ont ensuite passé leur première nuit sur l’eau, rejoignant Genève au petit matin. Velasco Quantum, qui a pris la tête de la course à la première bouée, s’est profilé comme leader pendant le premier tour du lac, talonné par HappyCalosse.

Les 5 Jours du Léman-Challenge Vaudoise Assurances restent une classique très appréciée au delà du Léman. Preuve en est la victoire cette année d‘un équipage neuchâtelois. © Yves Ryncki

La deuxième journée a probablement été la plus difficile du point de vue de la chaleur. Avec un soleil de plomb et des airs plus que discrets, les concurrents ont joué de toutes les astuces possibles pour se rafraîchir. HappyCalosse, qui n’a pas lâché un centimètre au meneur, a fait le point après les premières 24 heures de régate : « Nous avons joué au chat et à la souris avec Velasco une bonne partie de la journée » a déclaré Roman Bartunek. « La bagarre est serrée, mais encore assez sage. Nous naviguons à environ 150m les uns des autres. » Concernant la chaleur, l’équipage a affirmé ne pas trop souffrir : « On profite du moindre souffle pour se rafraîchir. Il faut se mouiller avec un seau d’eau de temps à autre. Ça reste supportable, même si c’est effectivement pénible. »

Orages violents

C’est après la troisième journée de course que les choses se sont réellement corsées avec le passage d’un front froid, une baisse franche de température, et surtout de nombreux orages durant la nuit. Les premiers abandons ont d’ailleurs été signalés à ce moment. Mordicus – Girod Piscines a pris, à ce stade de la course, le commandement des opérations pendant un moment.

Si les transitions météorologiques représentent souvent des occasions d’échappées pour quelques bateaux, il n’en a rien été cette fois-ci et le vent est toujours revenu par l’arrière, resserrant encore et toujours la flotte. « Je crois que c’est l’aspect le plus difficile de cette régate » a déclaré Jean-Luc Lévêque, à son retour à terre. « On a l’impression de bosser pour rien. Il faut à chaque fois tout reprendre à zéro. » Avant d’aborder la dernière nuit, ils étaient encore une dizaine à pouvoir se démarquer et l’emporter.

Nuit décisive

C’est donc au petit matin du vendredi que tout s’est joué, et qu’HappyCalosse a tenté un coup à la faveur de la nuit, coup qui lui a permis de prendre une demi-heure d’avance sur ses poursuivants. « Pour nous qui ne venons pas du Léman, l’expérience acquise lors des précédentes éditions a été fondamentale », a expliqué Roman Bartunek. « C’est en appliquant un schéma que nous avions déjà observé qu’on a pu creuser l’écart devant Hermance. Contrôler dix bateaux de nuit, c’est difficile. Alors, on a préféré faire un choix risqué mais réellement intéressant pour peu qu’il passe. »

© Yves Ryncki

Au final, HappyCalosse s’est donc imposé avec près d’une demi-heure d’avance sur le second, Mirabaud 1. Mayer Opticien, qui a également mené la régate durant une nuit, a complèté le podium. « Aux 5 Jours, il n’y a pas de second », déclarait Loïc Forestier le dernier jour de course. « Soit tu gagnes, soit tu termines ».

Les vainqueurs, éreintés et très émus, ont affirmé vouloir faire un break pour l’année prochaine : « Cette régate laisse des traces sur l’organisme. On ne dort et ne mange pratiquement pas pendant 120 heures. C’est très dur et pas innocent. On va donc prendre une petite pause et savourer notre victoire, avant de songer à revenir. »