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Après quatre saisons à la dimension européenne, l’Extreme Sailing Series s’est ouvert en 2011 au reste du monde avec des escales à Oman, Singapour et Boston. Une véritable révolution pour son créateur et organisateur, le Britannique Mark Turner. « C’était un gros risque pour nous. Ce n’est plus du tout le même événement aujourd’hui qu’il y a cinq ans.  Cette année 2012 est celle de la consolidation. » Seule nouveauté cette année, l’ajout d’un cinquième équipier sur la première épreuve à Oman. « C’est un test », précise Turner. « Ce cinquième équipier doit être une femme, un jeune de moins de 23 ans ou un amateur. Nous déciderons avant Qingdao si l’on continue à quatre ou cinq pour le reste de la saison. » Novateur, le format de régates intenses, très courtes et au plus près du public resté à terre des Extreme Sailing Series, a même inspiré les organisateurs de la Coupe de l’America pour leurs America’s Cup World Series sur les catamarans à aile AC45. « C’est très flatteur que la Coupe ait repris cet élément », se félicite Mark Turner. « Mais je ne pense pas que ce soit la même chose car leurs régates se déroulent plus loin du public. » Autre différence, les Extreme 40 enchaînent trente à quarante manches en quatre jours contre une petite dizaine pour les AC45 en une semaine ! Les équipages d’Extreme 40 sont donc soumis à un rythme très soutenu. Et la taille réduite des parcours oblige sans cesse à manœuvrer.

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Début difficile pour Alinghi

Un rythme qu’a découvert Ernesto Bertarelli, nouveau venu sur le circuit à la barre de l’Extreme 40 Alinghi : « J’apprécie le circuit des Extreme 40 parce qu’il est équilibré », explique Bertarelli. « Mais c’est vrai qu’on est un peu obligé de jouer avec les limites. Le circuit ne s’appellerait pas Extreme si ce n’était pas le cas. » Après Ed Baird et Yann Guichard, c’est donc au tour du patron de prendre les commandes du catamaran suisse. « Je ne pouvais pas barrer l’année passée pour des raisons d’emploi du temps. Cette année, je vais pouvoir participer aux deux circuits D35 et Extreme 40, même si je ne ferai pas toutes les manches des Extreme Sailing Series », ajoute le double vainqueur de la Coupe de l’America. Malgré deux victoires de manche à Mascate, le team Alinghi a terminé septième sur huit équipages. Le niveau est relevé et la maîtrise de l’Extreme 40 n’est pas évidente, surtout pour garder de la vitesse dans les vents faibles. « C’est un vrai challenge pour moi, je suis le seul barreur amateur », analyse Ernesto Bertarelli. « Mais ce n’est pas impossible et c’est pour ça que je le fais. C’est en se frottant aux meilleurs qu’on apprend le mieux… »

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Gitana, favori

Parmi les meilleurs auxquels Bertarelli vient se frotter, le Gitana Team de Pierre Pennec fait figure de grand favori de la saison. Deuxième derrière Luna Rossa l’an passé, Pierre Pennec a soif de revanche. Avec Yann Guichard avant lui à la barre du Groupe Edmond de Rothschild, c’est même la troisième année consécutive que le Gitana Team échoue à une place de la victoire finale. Pour franchir cette dernière marque, le barreur français a renouvelé son équipage avec les arrivées de Bernard Labro et Jean-Christophe Mourniac, en complément d’Hervé Cunningham. L’équipage du baron Benjamin de Rothschild s’est également offert cette année les services d’un coach, Thierry Peponnet. Le Français médaillé d’or aux JO de Séoul en 470 est un conseiller très recherché. Il dispensait déjà ses analyses auprès de Synergy (Louis Vuitton Trophy et Audi MedCup) et désormais de Groupama pour les régates in-shore de la Volvo Ocean Race.

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Oman Sail, deux sérieux clients

Mais, malgré une belle domination les trois premiers jours, les Français de Gitana ont trébuché le dernier jour dans les vents erratiques, laissant les deux équipages Omanais réaliser leur premier doublé en Extreme 40. Nouveau barreur d’Oman Air, l’Américain Morgan Larson réalise un coup de maître dès sa première épreuve en Extreme 40. Pour ceux qui s’inquiétaient du niveau du circuit cette année, après les départs de Luna Rossa, Team New Zealand et Artemis, tous trois partis sur la Coupe, les deux équipages omanais ont montré qu’il faudra compter sur eux cette saison. Loïck Peyron, grand spécialiste de la discipline et seulement sixième à Oman s’en est rendu compte. Avec le passage de la Coupe de l’America aux multicoques, le circuit des Extreme 40 a encore de belles années devant lui. « Beaucoup de régatiers veulent désormais participer aux Extreme Sailing Series », se réjouit Mark Turner. « Ils ont compris qu’il fallait faire du multicoque pour leur CV. »