Créée en 2003, la manifestation devenue incontournable dans le calendrier de l’AFYT (Association française des yachts de tradition), ressemble pourtant, au départ, au pari un peu fou de deux amis, Stéphane Meil et Thibaud Assante. Les deux jeunes Ajacciens sont respectivement président et secrétaire général des Régates impériales. Régates, concours d’élégance et de convivialité, les épreuves voient s’affronter entre elles, chaque année sur plan d’eau, les catégories Classique marconi, Epoque aurique, Epoque marconi, Esprit de tradition… Des régates que les navigateurs apprécient autant pour l’aspect sportif que pour celui, non négligeable, de la fête… A la tombée de la nuit, le quai d’honneur du port Tino Rossi s’anime au son des disc-jockeys, férus de musique lounge et de techno pour un défilé aux platines du coin VIP. Quant aux spectateurs, ils s’extasient devant l’alignement des Moonbeam of Fife et autres Halowe’en.

Jean-Philippe L’Huillier, le seul Suisse en lice
Pour la première fois, en 2010, le groupe des Tofinou est de la compétition. D’une année sur l’autre, les fondateurs des régates drainent un public de passionnés de yachts de tradition et des participants toujours plus nombreux… et plus cosmopolites. Stéphane Meil y tient, renommée de la régate oblige : « Plus nous arrivons à fidéliser les navigateurs étrangers, plus le nombre de nationalités différentes est élevé, plus la manifestation gagne en notoriété. Cette année, nous avons accueilli des Italiens, des Allemands, des Britanniques, des Américains, des Français et un Suisse. » Un seul, sur une vingtaine de bateaux inscrits, au lieu de deux, attendus initialement. Le propriétaire de Mariska, Christian Niels, un constructeur immobilier suisse, a été contraint de renoncer aux Régates impériales. Mariska, un 15 m de jauge internationale datant de 1908, dessiné par William Fife, l’un des plus illustres architectes navals, devait être de la partie. Mais, selon les organisateurs des régates, le bateau « n’a pas pu être prêt à temps pour les régates, l’entretien de ses parties en  bois n’était pas tout à fait terminé ». Conséquence : seul Jean-Philippe L’Huilier a défendu les couleurs de la Suisse à Ajaccio, avec son Oiseau de feu, Époque Marconi de 1937 battant pavillon français. Le port d’attache de cet oiseau de bois et de voiles est Cannes, dans le sud de la France. « Personnellement, c’est la deuxième fois que je participe à ces Régates impériales, mais le bateau en est un habitué de plus  longue date. Avec ce bateau, j’attaque ma 4e saison. Je l’ai racheté car il est excellent pour les croisières et les régates. Cette saison, nous avons déjà gagné la Lady’s cup entre Villefranche-sur-Mer et Saint-Tropez. »

Avec la Marine nationale de France
Armé d’une soif de compétition et de victoire, le propriétaire a choisi de s’entourer d’un équipage motivé et compétent, soit les éléments les plus sportifs de la Marine nationale, venus de Lorient. Jean-Philippe L’huillier était venu « chercher la victoire ». Une quête qu’il a partagée avec le skipper Blaise Bernos, lui laissant les commandes dès la sortie du port d’Ajaccio, lors de chaque régate de la semaine. À bord d’Oiseau de feu, le numéro 1, Denoal Blayo, directeur sportif dans la Marine nationale, a troqué l’uniforme blanc et le béret à pompon rouge pour la tenue de régatier, polo et bermuda bleu marine. Avec un rôle clé pour l’issue de la course, et le classement final : « Rassembler l’équipe, sélectionner les gens qui montent à bord, choisir les voiles de départ déterminent la suite. On se rend vite compte, selon le déroulement de la course, si l’on a pris la bonne décision ou pas. Nous sommes un orchestre et jouons une partition sur l’eau. » Du golfe d’Ajaccio à la rive sud, jusqu’à Porticcio, ou encore au large des îles Sanguinaires, Oiseau de feu a démarré très fort la compétition, avec un début de semaine prometteur, à la deuxième place, à quelques encablures et quelques minutes de son grand concurrent, Rowdy. Poussé par les vents du golfe, Oiseau de feu a pu déployer jusqu’à 450 m2 sa surface totale de voile au portant, offrant au public resté sur le rivage, un spectacle grandiose. Au fi nal, l’Américain Rowdy de Graham Walker, redouté par Jean-Phi-lippe L’Huillier dès le premier jour, a rafl é la première place chez les Epoques marconi, suivi de The Blue Peter et Oiseau de feu. Jean-Philippe L’Huillier, ne se trompait pas, avant les régates, en confi ant : « Blue Peter et Rowdy sont nos principaux concurrents. » Excellent pronostic qui présageait en effet un trophée de troisième place, signé par le joaillier tropézien Heraclea. La suite, pour Jean-Philippe L’Huillier et son fidèle skipper depuis trois ans, Blaise Bernos, va s’écrire en Méditerranée : Voiles d’Antibes, Voiles du Vieux-Port (à Marseille), le Bailli de Suffren. Et, du 10 au 14 septembre, Oiseau de feu jettera l’ancre en Italie, le temps des Vele d’epoca di Imperia.