« C’est vraiment une excellente surprise. L’année dernière, quand on nous a demandé si on voulait organiser cette Coupe, ça a été tout de suite un oui vraiment très fort. » Didier Jombart, président de la section voile du Club nautique de Versoix, est fier d’avoir décroché cette manifestation européenne. « C’est Daniel Rinolfi, président de l’ASPRO Surprise, qui nous a approchés. La Coupe d’Europe de Surprise se court entre quatre pays, qui l’organisent à tour de rôle. En 2011, elle a eu lieu en France et l’année précédente en Italie. Orchestrer et planifier cette compétition représente un très gros boulot d’organisation et de suivi des régates, mais c’est passionnant. »

Quarante-trois concurrents sur la ligne de départ au large de Versoix. Une météo parfaite pour des régates passionnantes et engagées. © Jean-Guy Python

La Nationale Suisse European Surprise Championship est la régate la plus importante de Suisse pour les Surprise, qui sont eux-mêmes la classe numéro un du pays en nombre de participants. Plus de 1500 Surprise ont été diffusés dans le monde. Ils naviguent en France, en Italie, au Japon, en Autriche, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, au Portugal et bien sûr en Suisse, dont la flotte sur le Léman dépasse les 600 unités – le record absolu en Europe.

Des conditions exceptionnelles et variées ont accompagné cette Coupe d’Europe qui s’est déroulée du 19 au 22 juillet au large de Versoix. Elles ont permis au Comité d’organisation de lancer pas moins de douze manches et de sacrer l’équipage le plus complet : celui de Mirabaud 3, avec Etienne David à la barre et Gaëlle Cevey, Nils Frei, Julien Monnier et Romain Meyer pour équipiers. Une météo de rêve a réservé aux 43 concurrents engagés toute une palette de régime de vents différents. Dès le jeudi, la compétition a démarré par un fort vent de sud-ouest de 15 nœuds installés. De quoi donner aux compétiteurs  la possibilité de déployer d’entrée de jeu toute la palette de leur talent. Les deux jours suivants, les régates se sont poursuivies avec des thermiques et un plan d’eau assez calme pour se terminer en apothéose dimanche sous un régime de bise forcissant, faisant moutonner un lac couleur turquoise dans des rafales de 28 nœuds.

Mordicus-Girod PiscineS de Patrick Girod à la lutte à la bouée avec Etienne David (derrière) sur Mirabaud 3. © Jean-Guy Python

 

Des conditions musclées

L’équipage de Mirabaud 3 a forgé sa victoire lors des épreuves de brise de jeudi et dimanche, dominant très clairement le reste de la flotte. Lors des deux dernières régates jouées dans des conditions pour le moins musclées, le talent et le professionnalisme ont parlé. David avait toujours deux cents mètres d’avance. Techniquement au point, il a enroulé les empannages de manière impeccable. « Les autres jours, c’était plus difficile pour nous, commente-t-il. Notre vitesse n’était pas bonne. Nous avons fait en sorte d’accumuler un minimum de points, mais nous avons souffert. »

Teo Jakob skippé par Michel Glaus et Quantum Sails dirigé par Arnaud Gavairon ont aussi profité de la dernière journée de dimanche pour revenir dans le haut du classement et terminer respectivement quatrième et cinquième.

Le samedi était le jour de Mordicus-Girod Piscines. Déjà bien inspiré lors de l’ouverture de ce championnat lorsque le vent d’ouest prévalait, l’équipage emmené par Patrick Girod a confirmé sa forme avec des résultats de manches qui lui ont momentanément fait prendre la tête, avec huit points d’avance sur son poursuivant.

Le gagnant Mirabaud 3, skippé par Etienne David avec à bord Gaelle Cevey, Julien Monnier, Romain Meyer et Nils Frei. © Jean-Guy Python
Etienne David en pleine forme

A la remise des prix, c’est un Etienne David résolument satisfait et tout sourire qui nous confiait son bonheur de navigateur : « Dimanche matin en arrivant sur zone et en écoutant les mâts du port de Versoix chanter, on s’est dit que c’était notre journée. Le mérite de notre victoire revient à Julien Monnier, qui a mis cette équipe en place et qui a tout organisé. Moi, je suis arrivé au dernier moment, pour remplacer Lucien Cujean. Je n’avais pas fait de Surprise depuis des années et on s’est entraînés deux fois ensemble avant le championnat. Je suis donc particulièrement heureux de cette victoire. » Et de continuer : « J’ai fait beaucoup de course au large. Comme je n’avais plus touché ces bateaux depuis pas mal de temps, j’ai abordé ces épreuves avec humilité. Je dois reconnaître que le niveau était excellent et ça se voyait principalement sur les procédures de départ. C’était assez agressif. » Un David heureux qui ajoute : « Dès que j’ai l’occasion de naviguer, j’y vais à fond. Je reviens sur les régates pour me faire plaisir. Cette saison, j’ai fait trois courses. En mai, j’ai remporté la Trinité/Plymouth en double sur TeamWork avec Justine Mettraux, en juin, toujours avec Justine, j’ai gagné le Mini Fastnet et je peux aujourd’hui ajouter cette Coupe d’Europe de Surprise à mon palmarès. Ces trois épreuves, je les ai réalisées avec beaucoup d’engagement, la suite c’est juste du bonheur. En fait, je récolte un peu tardivement les fruits de ce que j’ai accompli ces dernières années… Tout compte fait, j’ai bien bossé ! »

Teo Jakob de Michel Glaus emmène la cohorte des poursuivants sous spi multicolore. Joli spectacle ! © Jean-Guy Python