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Vingt ans que ça dure !

Les grandes idées sont celles qui durent, et la vingtième édition des 5 jours du Léman rappelle à tous les incrédules que la course d’endurance à la voile ne concerne pas que le Figaro, l’IMOCA ou les Minis. Les 5 jours du Léman sont devenus au fil des ans une épreuve de référence, quasiment incontournable dans la carrière d’un régatier. L’idée de tourner en rond sur le Léman pendant cinq jours pouvait sembler saugrenue il y a vingt ans. Pourtant, les meilleurs régatiers du lac apprécient toujours ce défi hors du commun. La plupart en redemandent même, année après année.

Le Centre d’EntraÎnement à la Régate a régulièrement aligné des concurrents sur les 5 jours du Léman. © Yves Ryncki

Organisés depuis vingt ans par le Cercle de la Voile de Vidy, les 5 jours du Léman sont en fait le bébé d’un concept lancé en 1991 à la SNG. Imaginés par des coureurs en mal de large, les 7 jours se voulaient un substitut au manque d’horizon du Léman. La Nautique a cherché à proposer, à nos portes, une régate qui présente les difficultés de la course au large. Car si tous les marins rêvent d’océan, peu sont ceux qui, au final, peuvent partir naviguer en mer.

La dream team composée de Denis Girardet et Olivier Légeret s’est imposée trois fois sur l’épreuve. © Yves Ryncki
Sept jours glacials

Remportée par le duo Christian Wahl et Marc Houlman après 583 milles nautiques, cette première édition a largement contribué à la fondation d’un mythe. Disputée à l’époque sur un parcours entre Genève, Nyon, Morges, Lausanne, Montreux, Le Bouveret, et Evian, la course a eu lieu en mai et les équipages se souviennent encore des nuits glaciales et humides qu’ils ont endurées. Laurent Bourgnon et Loïck Peyron, qui étaient normalement attendus pour l’événement, se sont finalement désistés, laissant la vedette aux six équipages locaux. Renaud Stitelmann, alias Isidore, et Daniel Robin ont terminé deuxièmes de la course, après le forfait d’Edouard Kessi et Elie Ohayon, qui ont craqué à l’entrée du Petit Lac lors de la dernière nuit. La famille Gavairon, père et fils, a complété le podium. Serge Patry et Bénédict Devaud, ainsi qu’André Guggiari et Stéphane Cevey ont abandonné. Trois classés, trois abandons… Le premier bilan des 7 jours est à la hauteur du Vendée Globe.

Faute de sponsor, la SNG n’a pas reconduit l’expérience pourtant inscrite au calendrier l’année suivante. Le CVV, a la recherche d’un événement original, n’a pas hésité à reprendre le flambeau un an après cette annulation. Le comité de Vidy a par contre revisité la course, en passant de sept à cinq jours. Il fallait en effet permettre de participer à ceux qui ne souhaitaient prendre qu’une semaine de vacances.

Des noms célèbres
Le plateau de l’édition 95, où l’on reconnait quelques figures incontournables du Surprise. © Yves Ryncki

Dix-sept équipages se sont engagés dans cette aventure prometteuse, confortant le CVV dans son projet. Les frères Stitelmann se sont imposés cette première année, après 765 kilomètres parcourus en 120 heures. Sergio Vela et Sacha De Michelis ont terminé deuxièmes, juste devant Daniel Robin et Eric Monnin. Le plateau de cette première édition rappelle par ailleurs que Stève Ravussin était concurrent avec son père. Alain Marchand était également de la partie, avec François Charpié. L’inénarrable René Mermoud faisait équipage avec Martial Bugnon, alors qu’Urs Bretcher et Lori Schüpbach naviguaient sur Cactus. Denis Girardet, qui détient l’un des records de participations et a cumulé quatre victoires, figure encore sur la liste de ces pionniers des 5 jours.

Stève Ravussin et son père, lors de la première édition de 1993. © Yves Ryncki

En 1994, la course continue de séduire, et vingt-trois bateaux sont au départ. Kiny Parade et Stéphane Bolognini s’imposent, devant Christian Scherrer et Hervé Riboni, tout juste rentré de la Whitbread sur Merit Cup. Renaud Stitelmann et Eric Barde complètent le podium. Les initiés continuent à s’intéresser à l’épreuve les années suivantes, mais le nombre de participants évolue peu. Seulement dix à quinze concurrents s’alignent année après année.

Le départ de 1998, dans la pétole, avant les orages. © Yves Ryncki

Il faudra attendre 2005 pour que la course trouve un nouveau souffle, et pour compter à nouveau plus de vingt bateaux au départ. L’engouement fait alors boule de neige, 33 concurrents, puis 37, et enfin 40 se pressent sur la ligne de départ en 2006, 2007 et 2008. Aujourd’hui, l’organisation se limite à 40 Surprise pour des raisons de sécurité et de ressources. En cas de forte affluence, le comité reste bien sûr prêt à accorder quelques Wild Cards, si le besoin devait se faire sentir. Il semble toutefois que les 5 jours du Léman ont trouvé leur rythme de croisière.

Cette édition anniversaire démontre aujourd’hui que la viabilité de cette course hors du commun ne saurait être remise en question. S’il fallait souhaiter quelque chose à l’événement pour les vingt prochaines années, c’est qu’elle suscite l’intérêt des coureurs océaniques et des figaristes. Pour l’heure, aucune célébrité du large n’a encore tenté l’expérience, mais le Léman fait partie des terrains de jeux appréciés. Les 5 jours avec Desjoyeaux ou Cammas pourraient bien devenir une réalité, bien avant la quarantième édition.

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