Jour J-189

 

Il ne reste plus que 189 jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Autant dire que le temps presse, et que nos athlètes sont désormais totalement accaparés par leur préparation en vue des Jeux Olympiques.

Plusieurs régatiers sont actuellement en déplacement ; certains ont mis le cap sur Miami cette semaine, afin d’y effectuer des entraînements puis d’enchaîner avec une épreuve de Coupe du Monde. Ce déplacement inclut l’équipe des Stars, Flavio Marazzi et Enrico De Maria, ainsi que Nathalie Brugger, Manon Luther et Guillaume Girod en Laser Radial / standard.

Richard Stauffacher s’entraîne quant à lui à Perth, puis en Nouvelle-Zélande, tandis que les 470 naviguent en Europe depuis le début de la semaine.

Les coaches ne sont pas en reste : ils se sont réunis la semaine passée afin de faire le point sur la situation et de fixer les priorités en vue des prochains six mois.

 

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Perth : succès réel !

Les championnats du monde de la Fédération Internationale de Voile (ISAF), à Perth, ont permis aux meilleurs régatiers de la planète et aux membres de Swiss Sailing Team de tester leur niveau de forme à six mois des Jeux Olympiques.

Le point sur la situation dans le clan Suisse avec le responsable de la délégation Tom Reulein.

 

Tom Reulein, quel bilan tirez-vous des championnats du monde ISAF ?

Tom Reulein : « Nous sommes satisfaits que Nathalie Brugger et Flavio Marazzi / Enrico De Maria soient parvenus à atteindre les critères de qualification par nation et qu’ils satisfassent aux exigences de Swiss Olympic. Grâce à cette qualification rapide, ces régatiers et leurs coaches peuvent désormais se concentrer sur leur préparation pour les Jeux Olympiques, leur équipement etc. Bien sûr, nous aurions préféré qu’ils obtiennent des performances de premier plan lors des Medal Races, mais il faut se concentrer sur l’avenir, et notamment les régates de Miami. »

 

Quelles ont été vos plus grandes sources de satisfaction ?

Tom Reulein : « Ce qui me rend le plus optimiste, c’est que de jeunes navigateurs ont clairement démontré leur potentiel pour l’avenir. Âgé de 20 ans, Guillaume Girod a qualifié la nation pour les JO en battant deux régatiers expérimentés, Christoph Bottoni et Christian Steiger. Par ailleurs, Yannick Brauchli et Romuald Hausser ont atteint les critères de sélection par nation en effectuant une série de régates solides malgré les conditions inhabituelles et difficiles. »

 

Dans quel domaine les athlètes Suisses doivent-ils encore prioritairement évoluer ?

Tom Reulein : « Cela dépend d’une classe à l’autre ; il s’agit parfois de la performance pure, de l’équipement, du mental, de la technique ou de la stratégie. Les athlètes et les coaches ont fait leur analyse et ils vont implémenter leurs conclusions dans leur structure d’entraînement future. »

 

Les Suisses sont-ils sur un pied d’égalité par rapport aux grandes nations véliques, au niveau de leurs conditions de préparation ?

Tom Reulein : « Lorsque l’on tient compte du budget, de la taille des structures d’accompagnement, du nombre de coaches ou du réservoir de jeunes talents disponibles, il est clair qu’il y a des différences entre les équipes, et notamment par rapport aux nations qui dominent le sport. Nous offrons le meilleur soutien possible à nos athlètes compte tenu de la structure qui existe en Suisse. »

 

La plupart des athlètes de Swiss Sailing Team vivaient ensemble à Perth. Peut-on dire qu’ils constituent une équipe ? Où sont-ils une addition d’individualités ?

Tom Reulein : « C’était très bien pour l’équipe de vivre ensemble et de pouvoir communiquer facilement. Grâce à cela, les athlètes et les coaches ont beaucoup progressé, et l’équipe s’est soudée. C’est ce qu’il faut en vue des Jeux Olympiques. »

 

Est-ce que votre objectif initial – revenir de Londres avec une médaille – demeure d’actualité ?

Tom Reulein : « Bien que les derniers résultats, à Perth, n’aient pas été aussi bons que souhaité, je demeure persuadé qu’il est possible de remporter une médaille. Nous devons rester concentrés, continuer à travailler et surtout être convaincus que cet objectif est réalisable. »

 

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Vincent Hagin : « La volonté de réussir et la force mentale caractérisent les membres de notre équipe nationale »

Le vaudois Vincent Hagin occupe depuis le début de l’année le poste de Président Central de Swiss Sailing. Il était présent aux championnats du monde de Perth, en Australie, non pas dans la tente VIP avec les officiels des autres pays, mais sur l’eau, en Star, en tant que compétiteur. Autant dire qu’il sait de quoi il parle lorsqu’il évoque le sport d’élite. Nous lui avons demandé de nous préciser quelles étaient ses priorités en tant que Président de Swiss Sailing.

 

Vincent Hagin : « J’ai effectivement pris mes nouvelles fonctions au début de cette année, dès mon retour d’Australie. Le sport d’élite sera au cœur de nos priorités pour 2012, car nous devons remettre notre concept 2013-2016 à Swiss Olympic avant la fin de l’année. Or, notre but est de renforcer notre structure pour la formation, avec un objectif de haute performance à la clé, ce qui implique d’intégrer dans notre structure actuelle une méthodologie de formation moderne et transversale.

Cette partie technique signifie que l’on va réfléchir au concept des juniors, et nous adapter aux nouvelles demandes de Macolin et de Swiss Olympic.

Ma vision consiste à mettre en place, à moyen terme, les infrastructures nécessaires pour avoir un centre national de performance et des centres régionaux forts. Si l’on veut obtenir des médailles dans le futur, nous devons offrir des infrastructures qui permettent de naviguer jusqu’à 280 jours par année dès l’âge de 15 ans tout en suivant une formation scolaire. C’est un sacré défi ! Mais on a bien gagné la Coupe de l’America deux fois, non ?

Ensuite il y le financement de SST à partir de 2013. Nous avons mis en place la semaine passée une Task Force sous la direction du vice-président, qui a pour objectif de structurer et d’organiser le Fundraising. S’il y a des gens qui croient en nous, ils sont les bienvenus.

Et finalement, en parallèle, il s’agit de gérer le département Jeunesse de Swiss Sailing, de faire la promotion de la voile, d’attirer de nouveaux jeunes navigateurs vers notre sport. Le projet « New Kids on the Water », soutenu par la Fondation Bertarelli et la Fondation UBS pour le domaine social et la formation, sera lancé mi-mai. C’est avec nos clubs que nous allons conduire ce projet. »

 

Quelle est l’importance de l’élite pour la Fédération ?

Vincent Hagin : « Avoir des athlètes d’élite est fondamental dans une fédération. Ils jouent le rôle de modèles, ils sont des ambassadeurs pour la jeunesse et l’ensemble des compétiteurs. Mais pour moi ils représentent aussi la finalité de la formation de Swiss Sailing, du club à l’équipe nationale : ce que nous appelons le Système Swiss Sailing dans notre jargon. Il est pour moi important qu’une fédération ait une équipe nationale et des sportifs de haut niveau performants. On le voit avec Dario Cologna en ce moment, le ski de fond est partout. »

 

Vous avez participé aux championnats du monde de l’ISAF, à Perth. Quel est votre background en tant que régatier ?

Vincent Hagin : « J’ai commencé la voile sur un lesté, en famille. Et c’est assez tard, vers 16 ans, que j’ai commencé le dériveur, par le Laser et le 470. J’ai commencé la régate comme équipier en 470 puis sur d’autres dériveurs. J’ai notamment navigué avec Charles Favre au milieu des années 90. Mais la grande partie de ma « carrière », je l’ai faite comme barreur de Laser et j’ai arrêté en 2003. Ensuite, j’ai repris le Star en 2010 car je trouve que c’est une classe incontournable. C’est un bateau magnifique, selon-moi. »

 

Vous avez certainement profité des championnats du monde pour observer les régatiers suisses. Quelle impression en avez-vous retiré ?

Vincent Hagin : « Lorsque je navigue contre nos deux Staristes, Flavio et Enrico, ma première impression est qu’il me reste un Everest à gravir avant de pouvoir les suivre (éclat de rire).

Non sérieusement, j’ai été très impressionné par l’engagement des athlètes dans leur projet. La volonté de réussir et la force mentale, c’est ce qui caractérise nos navigateurs de l’équipe nationale.

Et on le voit par la capacité mentale dont ils ont fait preuve pour redresser la barre et garder le contact afin de remporter leur sélection. Je n’ai pas le souvenir que Swiss Sailing ait qualifié autant de classes du premier coup ; c’est donc un très bon signe de la qualité du travail de l’ensemble du team SST. On doit aussi féliciter le management de SST : ils font un vrai travail dans l’ombre et c’est ça qui va aussi faire la différence dans la durée. »

 

Quelles sont vos attentes pour 2012 ?

Vincent Hagin : « Elles sont grandes ! On ne va pas se cacher, nous souhaitons une médaille. La couleur sera la bonne, mais je suis clair sur ce point, les objectifs de Swiss Sailing sont élevés et nous demandons à nos athlètes de réaliser quelque chose d’exceptionnel à Londres en 2012. Mais j’ai confiance.

Je suis conscient que les chances sont minces, car la concurrence est très élevée et qu’il faudra que tous les paramètres soient maîtrisés non pas le jour J mais une semaine entière.

Le Swiss Sailing Team, avec l’ensemble de ses partenaires, a mis en place des moyens exceptionnels. Jamais nous n’avions atteint un tel niveau de suivi et d’aide à la performance, et permis aux athlètes de bénéficier d’un service aussi professionnel.

Finalement, les résultats de Perth montrent une chose importante pour moi : Il reste du boulot, oui, mais nos athlètes sont sur le bon chemin. »

 

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Nathalie Brugger & Manon Luther donnent un vent nouveau à leur saison olympique, et changent de coach

Les Lasers Radial bénéficient d’un nouveau coach en vue des Jeux Olympiques en la personne d’Olivier Terrol. La classe sera présente à Weymouth, Nathalie Bugger ayant atteint les critères de sélection olympique en se classant parmi les douze meilleures nations à l’occasion des championnats du monde ISAF.

Olivier Terrol a déjà entraîné les Laser Standard de SST dans le cadre d’un mandat spécifique ; il est par ailleurs unanimement reconnu comme un excellent spécialiste de cette classe de bateaux. Comme le précise Tom Reulein : « Olivier s’intègre parfaitement bien à ce projet ambitieux, tout comme à l’ensemble de Swiss Sailing Team. Je suis convaincu qu’il va faire tout son possible pour aider Nathalie à essayer de remporter une médaille olympique durant ces prochains mois. »

Terrol commencera à travailler avec Nathalie et Manon après les régates de Coupe du Monde de Miami. Une première session de travail est prévue à la mi-février, à l’occasion d’un workshop organisé par Swiss Sailing Team et consacré à la météo de Weymouth. Le partenariat sur l’eau débutera dans la foulée.

L’entraîneur national Didier Charvet reprend quant à lui des responsabilités au sein du Talent Pool et du Youth Team ; il effectuera par ailleurs des entraînements spécifiques lors de certains événements avec les équipes féminines de 470, Hasler / Hasler et Testuz/Thilo.

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