Ce début d’étape vers La Barbade donne l’occasion aux concurrents de la Panerai Transat Classique 2012 de prendre leurs marques. Quelques petits tracas matériels ne viennent pas gâcher le plaisir d’être en mer.
« Entrée en douceur dans cette transat, pas de sortie de route, pas d’arrêt au stand, pneumatiques intacts ! Attendons de passer devant les tribunes à l’issue du premier tour pour la holà générale. » Voici le message plein d’humour envoyé par Bruno Jourdren à bord de Corto. Deux jours après le magnifique départ donné à Cascais depuis le quatre-mâts Creoula, les concurrents de la Panerai Transat Classique 2012 montrent tous, comme Bruno, leur plaisir à s’être lancé dans cette aventure exceptionnelle, autant humaine que maritime et sportive. Il faut dire que les conditions sont très agréables depuis le départ et que cela permet aux équipages de bien s’amariner et de faire mieux connaissance avec leur coursier pour certains. Le directeur de course, François Séruzier apprécie le comportement de tous : « Ils avancent plus vite que ce que l’on pouvait imaginer. La difficulté est devant avec une grande bulle sans vent entre les concurrents et la porte placée au nord des îles Selvagem. Ils peuvent la contourner par l’Est ou l’Ouest, mais il semble y avoir plus de pression le long des côtes africaines. Les prochains jours risquent d’être difficiles pour les nerfs. »
Arche de Noé
En attendant, tous profitent de cette navigation au portant et les messages reçus font – déjà ! – état de moments inoubliables, à la hauteur de ce que chaque marin espérait. Il y a bien sûr la visite de dauphins, joyeux compagnons des navigateurs, qui accompagnent les voiliers depuis que l’homme s’est aventuré sur les mers. Ils ont déjà rendu son sourire à la petite Elizabeth sur Croix des Gardes, après son petit blues du départ. Cet élégant cotre bermudien de 1947 est d’ailleurs en train de se transformer en arche de Noé car, après avoir aperçu un fulmar et des fous de Bassan, un pouillot siffleur, petit passereau habitué des forêts et sans doute égaré au large, est venu se reposer quelques instants sur la grand voile, avant de reprendre sa quête vers la terre ferme. Sur Artaius, Jérôme Lunot, le propriétaire de ce joli voilier, réplique d’un cotre-pilote de Bristol, signale aussi des dauphins, avant d’ajouter que « le moral est excellent et la vie à bord est pour l’instant nonchalante. ». Plusieurs photos de ces animaux ont été envoyées par les concurrents au comité de course et le gagnant du prix Capbiotek, attribué au premier cliché de mammifère marin, est… un secret bien gardé jusqu’à l’arrivée. Ce ne sera sans doute pas Gimcrack qui a croisé six ou sept globicéphales, bien reconnaissables par leur nageoire dorsale arquée, mais sans avoir le temps de sortir un appareil pour immortaliser cette rencontre.
Petits bobos
La navigation n’étant pas un long fleuve tranquille, de petits incidents émaillent aussi les premiers comptes-rendus. White Dolphin déplore la perte de son grand spi noir orné – quelle surprise ! – d’un grand dauphin blanc, ce qui lui coûte entre 1 et 1,5 nœuds en vitesse. Mais Yann, le skipper, ne baisse pas les bras : « Je n’ai jamais cru dans la voile magique de Fred (le second, ndlr), dans l’efficacité de cette voile d’étai. Et bien bizarrement, je suis le premier aujourd’hui à croire dans cette voile : elle sera à poste jusqu’à La Barbade. » La voile d’étai est en général envoyée devant l’artimon aux allures portantes. Gérald Ravache, propriétaire de Gimcrack, yawl construit en 1961, évoque ses soucis, sans en être affecté : « Après quelques petites déconvenues à la tombée de la nuit (bras de spi cassé et rail de bordure de grand voile partiellement arraché), nous avons effectué les réparations en matinée pour renvoyer le spi et reprendre une allure et une vitesse de course. » La palme des petits pépins de début de course revient à Persephone : « On a dû arrêter le bateau après avoir vu qu’on avait un morceau de filet de 80 cm de long pris dans l’hélice. Affalage du spi et petite réparation. On repart pleine bourre : on devait perdre de 0,3 à 0,5 nœuds ! Maintenant, œufs au bacon pour tout le monde avec un petit verre de vin rouge et double dose pour Xavier qui a plongé. »
Après avoir cédé sa place quelque temps au Swan 38 d’Oren Nataf, Gweneven, The Blue Peter s’est réinstallé au commandement de l’étape majeure de la Panerai Transat Classique 2012. Juste derrière, et toujours en temps compensé, la bataille fait rage entre Persephone, Valteam, White Dolphin et Corto avec des changements au classement à chaque relevé, ou presque. Derrière, Cipango est intercalé, prêt à revenir dans le jeu du groupe de tête. Un peu plus loin, Artaius, Croix des Gardes, Marie des Isles, Gimcrack et Red Hackle bataillent ferme pour ne pas se laisser distancer. Les options prises pour contourner la bulle qui bloque le passage vers la porte des îles Selvagem peuvent tout chambouler, avec Valteam décalé dans l’Ouest quand d’autres sont partis vers le Sud pour se rapprocher du continent africain. Verdict très bientôt.
The fair weather of the first couple of days of the leg to Barbados has allowed the crews in the Panerai Transat Classique 2012 to settle comfortably into the race. Despite a few minor troubles with the gear, everyone is happy to be back at sea.
“A pleasant start to the race, no spin outs, no pit stops, tyres intact!Look forward to passing in front of the stands at the end of the first lap to see the Mexican wave.” A humorous start to Bruno Jourdren’s first message sent from Corto. Two days after the magnificent start off Cascais, under the gaze of the four-masted Creoula, the competitors in the Panerai Transat Classique 2012 are, like Bruno, all delighted to be in this exceptional adventure which combines sea, sport and human endeavour. It must be said that the fine weather has played its part, allowing the crews to get their sea legs and, for some, to get to know the ropes in the best of conditions. Race manager François Séruzier is thoroughly satisfied with the behaviour of the fleet: “They’re moving faster than we anticipated. But they’ll soon be facing their first test: a windless zone between them and the port off the Savage Islands. They can sail around it from east to west, although there seems to be some high pressure on the African coast. It looks like the coming days are going to test their patience. »
Noah’s Ark
In the meantime everybody’s enjoying the downwind sailing and the messages sent into race headquarters are—already!—describing unforgettable moments, much to the satisfaction of all involved. Unsurprisingly there have been sightings of dolphins, those joyous animals who have accompanied man’s aquatic adventures ever since he first went down to the sea in ships. They’ve already put the smile back on the face of little Elizabeth who had been suffering from some post-start blues on Croix des Gardes.So too have the fulmars and gannets, and a wood warbler who, straying out to sea, settled on the main sail for a rest, briefly turning the 1947 Bermudan cutter into a poor man’s Noah’s Ark. Let’s hope the little bird managed to get back to the safety of its more usual forest habitat.On Artaius, Jérôme Lunot, owner of this pretty little Bristol pilot cutter, also reported seeing dolphins before adding “morale is excellent and life aboard is, for the moment, easy-going”. A number of dolphin images have been sent back to race headquarters and the winner of the Capbiotek prize for the first yacht to take a photo of a marine mammal is… going to be kept secret until the finish! However it certainly won’t be Gimcrack because, despite crossing the path of a school of pilot whales, easily recognizable by their distinctive back fin, none of the crew had a camera to hand to immortalize the event.
Minor problems
Sailing is never just, er, plain sailing and the boats have already reported a number of minor incidents.White Dolphin is bemoaning the loss of her big black chute which bears—no surprises here—an enormous white dolphin; an incident which is costing her about a knot and a half. But skipper Yann is not one to give up easily: “I never had much belief in the ‘magic’ staysail much vaunted by Fred [the first mate]. And strangely enough, today I’m the first one to put all my hopes in it.We’ll keep it set until Barbados.” The staysail is usually set before the mizzen when reaching. Gérald Ravache, owner of the 1961 yawl Gimcrack, recounted his woes with little concern: “After a few disappointing incidents at sunset (spinnaker guy parted and mainsail foot track partially torn off) we carried out repairs in the morning and set the chute again which got us back up to racing speed.” But the prize for post-start teething troubles goes to Persephone: “We had to stop the boat when we spotted a piece of net, about 80 cm long, hanging off the propeller.We brought in the kite and got it fixed. We then set off again at full tilt. We had probably been losing 0.3 to .05 knots! We’re now gulping down bacon and eggs with a glass of red wine, double rations for Xavier who did the diving.”
After handing over her position at the head of the fleet to the Swan 38 Gweneven designed by Oren Nataf, The Blue Peter is now back in command of the main leg of the Panerai Transat Classique 2012. Just behind her battle is raging, in corrected times, between Persephone, Valteam, White Dolphin and Corto with positions changing almost by the hour.Further back Cipango is biding her time, waiting for a chance to catch up with the main pack.Bringing up the rear, Artaius, Croix des Gardes, Marie des Isles and Gimcrack are determined to hang in there and not get left standing.But the fleet is approaching the windless zone near the gate off the Savage Islands and making the wrong decision there could cause a major upset. Valteam has more westing than the rest who are heading south to sail along the African coast.Who’ll make the right decision? Answer coming soon.