De retour du Test Event de Rio, Linda Fahrni (dr.) et Maja Siegenthaler (g.) ont obtenu leur qualification individuelle pour les Jeux grâce à leur huitième place. © Jean-Guy Python

A l’heure où nombre de jeunes sportifs suisses doivent racler les fonds de tiroirs pour participer aux prochains JO, principalement dans les disciplines « de l’ombre », les membres de Swiss Sailing Team, la division indépendante de Swiss Sailing pour le sport d’élite, bénéficient d’une bonne prise en charge. Même si les apports financiers ne tombent pas tout seuls dans leur escarcelle. Le rôle du sponsoring, et surtout du mécénat dans le cas de la voile, est indéniable : « La structure du sport d’élite de Swiss Sailing vit en partie du mécénat. On évolue dans un sport de niche, on ne fait pas partie des grandes disciplines qui se partagent les grosses parts du sponsoring distribuées par Swiss Olympic. On est dans une situation où c’est aux équipes et aux clubs de trouver de l’argent », explique le directeur de Swiss Sailing Jean-Claude Ray. Il souligne ainsi l’importance de la structure fédérative et la qualité de la formation et du soutien donnés par les clubs. Ray met aussi en lumière le rôle tenu par les mécènes dans le fonctionnement de la fédération : « Actuellement, pour couvrir un budget annuel de 1,5 million, ce sont des mécènes qui nous épaulent », précise-t-il. Et dans cette quête constante de passionnés prêts à ouvrir les cordons de leur bourse, c’est le président du conseil d’administration de SST-SA, le Genevois Alex Schneiter, qui dirige la manœuvre : « Ma responsabilité est de veiller à la santé financière de Swiss Sailing Team et de lui donner les moyens de ses ambitions. On peut avoir beaucoup d’ambition, mais sans sponsors ni moyens financiers suffisants, tout devient beaucoup plus difficile », ajoute-t-il.

De retour de Rio, Lucien Cujean (g.) et Sébastien Schneiter (dr.) sont parvenus à accrocher la cinquième place de la dernière régate. De l’expérience acquise pour le duo qui vise Tokyo 2020. © Jean-Guy Python
Le poids des compétences

Pour Sébastien Schneiter, engagé avec Lucien Cujean dans le Cadre Cen 49er, le niveau de formation vient de très loin : « J’avais 9 ans quand j’ai commencé en Optimist à la SNG. A 14 ans, j’ai pu entrer dans le Talent Pool du club, soit 40 jours de préparation en hiver avec un coach. C’est vraiment un plus, parce qu’on voit tout de suite la différence sur l’eau quand les jeunes peuvent s’entraîner l’hiver. C’est un excellent système d’encadrement. Il y a aussi davantage d’aide au niveau logistique pour les grandes régates, que ce soit championnat d’Europe ou du monde. Nous sommes actuellement dans le Cadre C et nous touchons 15 000 francs par saison pour le coaching. A ce degré de compétence, il y a beaucoup de suivi et d’avantages sur le plan médical et logistique. L’envoi de nos bateaux à Rio dans des containers par exemple. Sur place, deux membres de Swiss Sailing récupèrent le matériel et le déchargent. Toute cette aide n’est pas à négliger », explique Sébastien.

L’importance de l’encadrement

Une organisation encore mieux rodée au niveau du Cadre A pour le duo Linda Fahrni/Maja Siegenthaler en 470. Elles ont été prises en charge pour toute la campagne des Test Events qui a eu lieu en août à Rio. Les deux Bernoises sont à ce stade déjà considérées comme des professionnelles. Elles aussi ont commencé par trouver le soutien dont elles avaient besoin dans le club de Thoune : « Actuellement, Swiss Sailing Team nous aide à organiser les grands events. Il nous inscrit aux régates, il est avec nous sur place, il s’occupe des coach meetings, nous informe des nouveautés et nous aide à organiser la logistique pour aller sur d’autres continents. Par exemple pour Rio, il gère tout ce qui est organisationnel, avec les papiers, la douane. Et bien sûr, on reçoit aussi un soutien financier », raconte Maja.

Quant à Lucien Cujean, dès le début, les clubs de Versoix et la SNG l’ont soutenu : « Les premières aides que j’ai eues, c’était grâce à trois mécènes privés que j’ai connus à travers la SNG et le club nautique de Versoix. C’est là qu’on m’a formé et que j’ai commencé ma carrière en Optimist, 420 et Laser.

J’étais le tout premier junior à faire des championnats du monde en Laser et je crois que ça a créé une forme d’émulation. En ce qui me concerne, je suis en quelque sorte issu de la génération Alinghi. Ce team a porté le professionnalisme en Suisse et c’est important de le souligner. Tout cet engouement autour d’Alinghi a permis à la fédération de se structurer et d’avoir la relève dont elle dispose maintenant. Aujourd’hui, on peut voir émerger un champion d’Optimist parce qu’un travail de fond a été fait par cette fédération et par ce Talent Pool. »