Monaco réveille les sens. Ça tombe bien, il s’agit d’y courir la première grande régate de la saison européenne en monotype, au sortir de l’hiver. Ainsi, le plan d’eau toujours très joueur avec la patience des marins et du comité de course, leur a réservé quelques angoisses, laissant parfois croire qu’il ne jouerait pas le jeu de cette 23e Primo Cup – Trophée Crédit Suisse. Mais il fut finalement bon prince et offrit même une journée d’anthologie aux régatiers du premier week-end avec 5 manches enchaînées de main de maître par le comité, décidé à ne pas laisser filer une si belle occasion. Et pour finir de balayer la palette des conditions, si le premier week-end s’est achevé par un vent d’est sportif, le dernier dimanche a vu l’arrivée d’une impressionnante houle opposée au vent. Spectacle et sensations garantis.

Côté coureurs, à l’image de la population du Rocher, se côtoient sur les pontons de la Primo, champions du monde et noblesse, professionnels et amateurs, apprentis régatier et armateurs. Ce détonnant mélange n’est pas pour rien dans la courtoise ambiance yachting sportif de cet événement atypique. Mais le sport reste roi, le niveau des régates en témoigne. Aussi, les plus motivés des Suisses ne craignent pas la distance pour venir affronter ce parterre international, et s’affronter par dessus le marché.

Surprise: rafale de victoires sans surprise

C’est bien sûr dans cette série que la représentation des régatiers d’eau douce est la plus forte, et surtout la plus couronnée! Seul un Italien parvient à s’infiltrer dans les 5 premières places du classement trustées par les marins lémaniques. La bataille faisait donc rage jusqu’au dernier jour entre Sky Sweeper d’Alex Detrey et Olivier Legeret, Fou du Vent aux mains de Philippe Durr, St Jacques dans celles d’Alain Marchand et Allegretto mené par la fidèle équipe d’Arnaud Gavairon et Remy Verdier. Si ce dernier, particulièrement rapide, n’avait pas sacrifié sa dernière journée avec deux départs prématurés sous règle noire et une mauvaise place, il aurait bien pu voler la victoire à Sky Sweeper qui l’emporte au final avec tout de même trois victoires de manche. A son bord, la jeune bande, composée pour l’occasion, met sa victoire sur la bonne ambiance et Julien Monnier la résume d’un laconique et révélateur «Ça n’allait pas mal»… Petit clin d’œil au passage à l’équipage du CER, entièrement féminin, une fois n’est pas coutume, et bonne saison à Florence, Elodie, Justine, Doudou, Clotilde et Nadia.

C’est en Dragon qu’il faut chercher l’autre podium suisse que l’on doit à Ulli Libor sur son Gaudium. Double médaillé olympique en Flying Dutchman (l’argent en 68 et le bronze en 72), Ulli se réjouissait gentiment d’affronter son adversaire de cette grande époque, Marc Pajot, et encore plus de le devancer! Une vraie série de gentlemen, et de haut niveau. Chez les Mumm30, les Italiens ont démontré tout le dynamisme de leur classe en occupant le podium dont la haute marche revient au président de leur classe, Fausto Rubbini, à bord de Thule. Les régatiers du CER à bord d’Olympic se placent 5e, inaugurant là l’une des configurations du prochain Tour de France à la Voile dont Loïc Fuhrer, Julien Monnier, Jérôme Clerc et Jean-Marc Monnard seront les piliers. Affaire à suivre!

Pour le reste, on trouvait quelques représentants nationaux dans la série des Stars où Roman Timm et Huber Kaspar, habitués des lieux, terminent 6e à bord de Giuletta d’un classement complètement dominé par l’Ukrainien Vasil Gureyev. Egalement présents mais plus discrets les Suisses des séries des Platu 25, des Melges 24 dont seulement deux ont fait le déplacement, et des acrobatiques Laser SB3.

Quand le plan d’eau s’allie à l’abondance de la Eri Pasta Party, on a à faire à un bon cru de Primo Cup. Les coureurs ne démentiront pas.

Tous les résultats des deux week-ends sur www.ycm.org