Les concurrents sur la ligne de départ. Pendant quatre jours, l’Acte 7 a offert à la flotte des conditions très variées dans la Baie des Anges, avec 25 noeuds de vent et une houle de deux mètres pour commencer, et à peine 10 noeuds le dimanche de clôture. © Lloyd Images

Pour Mark Turner, patron des Extreme Sailing Series, le circuit est incontestablement une réussite. Après huit ans de fonctionnement, il constate que l’entrée de la voile au cœur des villes et ces marins voltigeurs qui s’affrontent lors de régates d’une intensité exceptionnelle créent un véritable succès sportif et commercial : « Sportivement, ces événements sont réussis et je suis très content du niveau d’engagement des marins et des teams. Avec l’arrivée de Land Rover comme nouveau sponsor principal, nous avons eu un magnifique partenariat qui va se prolonger en 2014. Grâce à eux, on arrive à un niveau de budget très équilibré. Mais, plus important que l’argent, il y a l’histoire de cette marque qui n’a aucune habitude de la voile et qui y investit comme sponsor principal, c’est pour nous un signe de grande confiance dans notre travail. » Turner a pourtant dû naviguer un peu à vue lors des différents rendez-vous internationaux de 2013. Les situations politique et sociale ont donné des sueurs froides à l’Anglais, qui met un point d’honneur à trouver des endroits d’exception pour ces confrontations véliques. « Le niveau de la compétition est devenu très homogène. On a cinq à six bateaux capables de monter sur le podium à chaque événement. On est très heureux de cette formule. Cette année, les difficultés qu’on a eues, c’est la situation politique à Istanbul – qui nous a empêchés d’aller naviguer là-bas – et les problèmes de violence de Rio, qui nous ont obligés à opter pour Florianopolis. Ce sont les aléas d’une compétition qui se veut internationale », explique encore Mark Turner.

Realteam termine cinquième du dernier Act des Extreme Sailing Series qui s’est tenu à Florianópolis au Brésil mi-novembre, et donc aussi du classement général 2013. © Lloyd Images
Spectaculaire

Quoi qu’il en soit, l’Act 7 des Extreme Sailing Series s’est révélé spectaculaire. Le front de mer niçois offrait des airs d’océan, éclaboussé d’embruns bretons. A en croire les marins, le rendez-vous azuréen a été de loin le plus musclé et le plus venté de toutes les étapes du circuit cette année. Pour preuve, les conditions rencontrées au large de la Baie des Anges les deux premiers jours de la compétition : creux de deux mètres dans une houle de sud-est, 25 nœuds de vent, plus qu’il n’en fallait pour laisser parler la fougue de ces petites bombes survitaminées. Les équipages ont dû donner le maximum pour maîtriser leurs embarcations.

Dominique Wavre était invité à bord de Realteam le dernier jour des régates niçoises. Le navigateur genevois s’est dit très impressionné : « ça va très vite, c’est du sport réflexe un peu comme une course de stock-car. Ils sont très pros, sérieux mais tout en prenant énormément de plaisir ». © Lloyd Images

Une avant-dernière épreuve très sportive donc : « On a abordé cette saison en anticipant un peu ces conditions très dures. On savait que l’Extrême 40 est un support hyper physique qui demande de l’endurance. En compétition, c’est seulement trois heures de régates par jour, mais d’une intensité rare. Pour ce sport de haut niveau, la préparation doit être optimale ». Grâce aux explications de Jérôme Clerc, on saisit un peu mieux avec quel degré physique les marins ont affronté les journées ventées de l’étape niçoise. Il ajoute : « A la sortie d’une régate comme ça, on est complètement lessivés, on range le bateau, on va se faire un stretching et en général, on se couche dans l’heure qui suit. »

Dompter le vent

Pour Jérôme Clerc, le bilan de la saison est positif : « Ces courses, il faut les faire à fond ou pas du tout. Il faut dompter le vent et les vagues, ne pas mettre de freins et rester tout le temps en mode attaque. Parce que tous nos concurrents sont dans ce mode-là.

Une cinquième place pour une première participation à ce circuit

Extreme, c’est pas mal. On a beaucoup appris, et puis c’était une année de transition. Elle nous a servi à nous préparer pour la suite. Notre but était vraiment de chercher le niveau supérieur. A notre stade, on a tout en main pour entamer la saison prochaine sous les meilleurs auspices. »

Leigh McMillan et ses quatre équipiers, qui ont remporté le titre de champions du monde en 2012, sont bien partis pour doubler la mise, même s’ils restent sous la menace des Suisses d’Alinghi. A Nice, The Wave, Muscat aligne sa 5e victoire en 2013, après Mascate (Oman), Qingdao (Chine), Porto (Portugal) et Cardiff (Pays de Galles). En vue de la finale à Florianopolis, cinq équipes peuvent encore accéder au podium, et seuls deux points séparent les favoris The Wave, Muscat et Alinghi. « Le jeu sera totalement différent au Brésil. Alinghi va pousser au maximum et nous mettre la pression. On ne peut pas les en empêcher. Nous avons essayé, mais cela ne marche pas », explique Leigh McMillan.

Alinghi s’est imposé au Brésil, et finit la saison sur la deuxième marche du podium, à égalité de points avec The Wave, Muscat. © Lloyd Images

Mark Turner, lui, aborde la saison 2014 la tête remplie de projets. Même s’il reste encore discret sur les villes hôtes, il réaffirme le succès de la formule : « Je ne peux pas tout dévoiler maintenant, mais je peux confirmer que ça s’annonce très bien, on va continuer à amener la voile au cœur de huit villes, le nombre d’équipages reste bloqué à huit. On ne cherche pas à en avoir plus, puisque le format est gagnant. Après, il y a plein de choses qu’on peut modifier en terme d’accueil, aussi bien dans les règles sportives que dans le village public. Il n’y aura pas de rapprochement entre les AC45 et les Extreme 40, notre série restant unique ». Et quand on lui rappelle une récente interview de la Tribune de Genève où il évoquait une éventuelle étape genevoise, il sourit : « Une étape des Extreme à Genève, on y pense ».