Le championnat a été marqué par un niveau homogène et des courses âprement disputées. © Walter Rudin/CVLL

Le championnat suisse des Surprise n’avait pas connu une telle participation depuis des années. Malgré cette affluence record, Peter Schmidle, le responsable du Circolo Velico Lago di Lugano (CVLL), ne cache pas son mécontentement : « A la clôture des inscriptions, seuls 15 bateaux s’étaient annoncés et c’est quand-même un échec pour une série qui compte près de 660 bateaux enregistrés. Moyennant des efforts considérables, nous avons finalement réussi à mobiliser quelques équipages de plus, mais cette incertitude prolongée quant au nombre final de navigateurs a grandement compliqué l’organisation. »

Naviguant avec la même équipe depuis des décennies, l’équipage de Teo Jakob remporte son 6e titre. © Walter Rudin/CVLL

L’implication de Schmidle a finalement payé : pour le championnat qui se tenait cette année sur le lac de Lugano, 28 bateaux ont répondu présent, dont six venus du Tessin. Profitant de l’avantage d’évoluer sur « leur » plan d’eau, ceux-ci ont démarré en fanfare. Andrea Colombo, le président du club organisateur et vainqueur de la manche d’ouverture, a d’emblée affiché les ambitions des Tessinois. Après trois manches, ce sont toutefois les jeunes Doninelli/Baranzini/Colombo/Orsati, équipe où évoluait le fils de M. Colombo, qui menaient les débats. L’équipage, qui a débuté il y a un an seulement dans la série, affiche une progression épatante. Au sein du CVLL, la satisfaction était de mise. L’engagement d’entraîneurs professionnels semble porter ses fruits et la formation des jeunes est de si bonne qualité qu’ils sont capables de naviguer à un bon niveau sur n’importe quel bateau.

© Walter Rudin/CVLL
La régularité a payé

A ce moment, le tenant du titre Michel Glaus et son équipage sur Teo Jakob de la Société Nautique de Genève comptaient déjà cinq points de retard sur les premiers. Il en aurait fallu plus pour inquiéter le multiple champion. Imperturbable, il a déclaré après une journée de repos forcé pour cause de pluie : « Je n’abandonne pas. Nous nous battrons jusqu’à la fin, mais si la victoire nous échappe, ce n’est pas grave non plus. Notre équipage a déjà cinq titres en poche et nos ambitions se résument désormais à deux objectifs : remporter une manche pour montrer que nous figurons toujours parmi les meilleurs et une place sur le podium. » Et d’ajouter avec un sourire malicieux : « De toute manière, les jeunes Tessinois ont trop fêté hier soir pour être en forme aujourd’hui. »

Peter Schmidle, du Circolo Veligo de Lugano © Walter Rudin/CVLL

Glaus avait peut-être vu juste. En tout cas, les jeunes Tessinois ont vite brûlé leurs cartouches lors de la 2e journée de régate. Après avoir mené dans la première manche qui a été interrompue par la suite, l’équipage de Giangi a aligné les contre-performances et même provoqué un faux départ, le reléguant dans le bas du tableau. Glaus par contre s’est réveillé. Avec trois places au top, il a pris l’avantage sur ses concurrents pour ne plus le lâcher. Si dimanche, le bateau tessinois Olympic est revenu en force, il n’est pas parvenu à supplanter le leader. L’équipage de Teo Jakob avec Glaus/Ganz/Monnard/Wyler remporte finalement le titre avec une avance de cinq points sur les deuxièmes. Quant aux Tessinois, ils ont obtenu un résultat très positif en plaçant quatre équipages du CVLL dans le top 10.

Emmené par le skipper Gastone Farolfi, l’équipage tessinois d’Olympic s’est hissé jusqu’au podium © Walter Rudin/CVLL

Cette année, le Centre d’Entraînement à la Régate de Genève était représenté par ses trois Surprise. L’objectif du nouveau directeur sportif d’élargir la base semble être sur la bonne voie. Après un départ en demi-teinte, Nicolas Groux et son équipage, sur Signaterre-CER 1, décrochent finalement la troisième place. Pour lui, ce podium est toutefois une déception, surtout après sa victoire en début de saison lors de la Primo Cup à Monaco.

© Walter Rudin/CVLL
Recours à la commission d‘appel

A la remise des prix, les vainqueurs furent les seuls à se voir remettre les médailles. La contestation concernant le changement d’équipage au sein du team Olympic ayant été refusée, les protestataires ont recouru auprès de la commission d‘appel de Swiss Sailing. « Nous adorons venir au Tessin pour y disputer un championnat », a déclaré Frank Reinhardt, le nouveau président de l’association suisse des Surprise. De superbes événements y sont proposés, on bénéficie d’un accueil chaleureux et le plan d’eau, en plus de se situer dans un décor magnifique, offre généralement un bon vent thermique. Mais les règles doivent être respectées par tout le monde, particulièrement quand il s’agit d’un championnat suisse. » Reinhardt a pourtant des soucis bien plus graves. Archambault, le constructeur des Surprise, a fait faillite. « Les commandes pour les sept bateaux à livrer en Suisse ne peuvent pas être honorées. Mais cette faillite ne signe en aucun cas l’arrêt de mort de la série », lance le président. Si la concurrence entre les séries s’intensifie et que le nombre de Surprise en Suisse alémanique tend à diminuer, ils sont tout de même encore une centaine d’unités à participer au Bol d’Or chaque année. Quelle autre série peut rivaliser avec une telle flotte ? »