Hyères et la presqu’île de Giens, Brégançon Hyères s’éveille dans la volupté d’un printemps lumineux, de ceux que l’on connaît bien en Provence: lotie dans un écrin minéral à la géomorphologie singulière, entre la rade de Toulon et le golfe de Saint-Tropez, elle se dore au soleil, dans la douceur azuréenne, entre ciel et grande bleue. Hyères, la ville aux 7000 palmiers! La petite station balnéaire a une tradition historique dans la culture de cet arbre aux accents exotiques, et ce, depuis plus de 4 siècles. Elle s’en est fait une interminable couronne qui frange tout son littoral sur plus d’une trentaine de kilomètres… Il faut dire qu’elle est l’une des cités les plus étendues de France! Ajoutons à cela une douceur de vivre qui se décline dans les rues commerçantes, les nombreuses terrasses, ses monuments, sa collégiale, son joli port, et l’on a vite fait de tomber sous le charme! Un excellent prologue pour cette balade bucolique bercée d’iode et d’embruns à la découverte de ce joyau de la Côte d’Azur varoise! Depuis le port, la presqu’île de Giens, autrefois île, s’étend de tout son long, reliée au continent par deux tombolos. C’est en vélo qu’il faut la parcourir, tôt le matin, ou en fin de journée, pour y découvrir ses trésors cachés, derrière son insignifiance trompeuse. Quelques coups de pédales et là, surprise, déjà s’installe un magnifique salin du milieu du XIXe se révèle, le salin des Pesquiers. C’est un site exceptionnel qui a été préservé et revalorisé par le conservatoire du littoral. Ici, on découvre en compagnie d’un guide, un univers d’une biodiversité insoupçonnée! De la lecture du quadrillage que composent les différents bassins, on apprend la logique industrielle de l’époque qui inscrit Hyères, sur la roue du sel, comme producteur principal des Génois. On trouve également des bâtiments d’époque pour le conditionnement du sel et son stockage, ainsi qu’un très rare tympan – roue à aube – et puis il y a la flore avec les salicornes aux couleurs changeantes, les roseaux pliant sous la brise marine. Plus loin, c’est un héron, imperturbable, malgré le ronronnement lointain des voitures passantes, enfin, un vol inespéré de flamants roses. La balade à vélo se poursuit tout autour des salins, d’où l’on aperçoit également bon nombre d’oiseaux. En continuant, on atteint le charmant village de Giens avec son pittoresque petit port de pêcheurs qui peut abriter quelques bateaux les jours de Mistral. Le matin, de bonne heure, c’est ici que les amateurs de poissons viennent acheter la pêche du jour, tout juste démaillée des fi lets. De l’autre côté de la pointe, on atteint la Tour Fondue, un reste de fortification du XVIIe, point de départ en ferry pour les Iles d’Or. On peut redescendre alors le tombolo ouest avec de bonnes chances de pouvoir saisir encore, un vol de flamants ou alors tout simplement les observer jusqu’à la belle plage de l’Almanarre. Cette longue bande de sable blond, plus de 4km, léchée par des eaux limpides aux couleurs changeantes suivant le vent, est un fameux spot pour la planche à voile, le funboard et le kitesurf! Paradis préservé, c’est ici qu’une halte s’impose pour un pique-nique de rois, voire le premier bain de l’année pour les plus téméraires. Les plus curieux iront sans doute visiter, non loin de là, le site archéologique d’Olbia, vestiges d’un comptoir maritime fondé par les Grecs au IVe siècle avant J.C. À l’est de la Presqu’île, à environ 8 milles nautiques, il est intéressant de signaler ce bout de côte escarpée qui accueille le fort de Brégançon, le lieu de villégiature des Présidents français. Hormis ce petit détail, le site offre de fantastiques mouillages, avec l’anse de l’Estagnol et sa superbe plage préservée de la route, par la pinède et les domaines privés.

Les Iles d’Or

La légende raconte que, dans les temps anciens, le prince Olbianus, seigneur respecté de la contrée, avait quatre très belles filles qui adoraient nager. Un matin, alors qu’elles se baignaient au large du rivage, un bateau pirate apparut à l’horizon. Le seigneur les supplia de revenir mais les princesses, trop éloignées, n’entendirent pas les appels désespérés. Olbianus demanda alors aux dieux de lui venir en aide: plutôt que d’être empoignées par les pirates, elles furent pétrifiées. Ce sont les trois îles d’or et la presqu’île de Giens qui symbolisent l’une des filles touchant le rivage de sa main. Beautés minérales, elles restent de véritables princesses insulaires! Il y a d’abord Porquerolles, la plus proche du continent, à 2,5 milles nautiques. On est vite arrivé au port arboré d’une forêt de mats cliquetants. Pas très loin du quai, le ponton des pêcheurs accueille les pointus aux couleurs acidulées et chargées de tout un attirail pittoresque pour pêcher les saveurs de la Grande Bleue que l’on retrouve sur les menus des restaurants. En laissant, à gauche, la ribambelle de commerces frangeant le port, on atteint la charmante place du village rafraîchie par l’ombre des eucalyptus, le clocher de Sainte-Anne qui distille l’ambiance du lieu: la simplicité chaleureuse de la douceur méridionale. Il n’y a que deux manières de découvrir l’île, un gros caillou de 7,5km de long pour 2,5km de large, le tout coiffé d’une luxuriante végétation: à pied ou à vélo. Tant mieux, car les loueurs de VTT sont omniprésents par ici! La piste mène d’abord sur le sentier de la plage d’argent, une longue bande de sable blanc ourlée d’un banc de posidonies séchées et qui n’a de cesse de flirter avec une eau scandaleusement translucide. L’endroit est tout simplement divin! Encore deux bons kilomètres et demi et voici que la pointe du Langoustier se révèle, une bande de terre bordée de deux plages bien différentes: la plage de sable blanc immaculé et la plage de sable noir de Port Fay, dans l’anse du Parfait, plus sauvage, plus surprenante. Demi-tour, maintenant, sur le village avec une bifurcation vers le Hameau, l’endroit qui abrite le conservatoire botanique de l’île et ses vergers. L’institution, qui agit pour la préservation du patrimoine végétal méditerranéen, gère des parcelles de collections de jardins et d’arbres: la piste qui mène jusqu’au phare y exhibe les 190 variétés d’oliviers de Méditerranée, 140 différentes variétés de figuiers, des amandiers, des agrumes, un délice pour les yeux! De l’autre côté du village, une autre escapade sur les plages de la Courtade et de Notre-Dame finit de nous ensorceler… On a beau être qu’à une dizaine de minutes du «continent», il n’en reste pas moins qu’ici, on navigue dans un autre monde sucré d’authenticité, d’ailleurs et de doux bonheur! Port-Cros, à 10 milles du continent se devine plus sauvage encore. Cet incroyable sanctuaire naturel fait partie, depuis 1963, du Parc National Marin de Port-Cros qui recouvre 700 hectares de terres émergées pour 1288 hectares de surfaces marines. L’île s’approche également par le port et son petit village, mais sa découverte n’est possible qu’à pied. Il y a trois sentiers qui ont été aménagés pour explorer la côte et l’intérieur du parc. Le premier, le chemin de l’Histoire, grimpe jusqu’aux collines pour atteindre les cinq forts de l’île. Il faut toute une journée pour le parcourir en totalité. Le sentier botanique, lui, révèle la richesse et la luxuriance de la fl ore environnante: pins, chênes, arbousiers, myrte, oliviers sauvages… Un cocktail d’espèces et d’essences végétales sur ce petit bout du massif des Maures, comme la Corse. La balade conduit jusqu’à la plage de la Palud, à trois quart d’heure de marche environ, bordée de tamaris et de roseaux. C’est ici qu’à été aménagé le sentier sous-marin qui se découvre en masque et tuba: accompagnés d’un guide ou en individuel, la vie sous-marine se joue sous nos yeux ébahis; posidonies, grandes nacres, poulpes, rougets, argonautes, cigales de mer… un ballet nautique incroyablement préservé! Une autre possibilité de découvrir ces fonds marins est proposée aux plongeurs confirmés avec l’exploration du rocher de la Gabinière qui offre des rencontres sous-marines exceptionnelles, dit-on! L’Ile du Levant, quant à elle, à une petite demi-heure de navigation de Port-Cros joue la carte de l’insolite. Dans ce petit paradis aux caractéristiques bien trempées, les militaires et les naturistes ont choisi de cohabiter! En effet ici, il faut être préparés: la plus grande partie du Levant appartient à la marine nationale et, dans sa partie accessible au public, en dehors d’un sentier botanique aménagé pour régaler les visiteurs de sa riche flore et de ses tout aussi précieux minéraux, l’île s’enorgueillit d’avoir fondé Héliopolis en 1931, le premier centre de naturistes d’Europe.