Deux athlètes suisses s’apprêtent à partir pour Singapour afi n de disputer en août la première édition des Youth Olympic Games. Cet événement mis en place par le mouvement olympique a pour objectif de permettre aux jeunes talents de moins de 18 ans de goûter au sport d’élite dans un contexte approprié. Sébastien Schneiter et Alexandra Rayroux, tous deux issus du groupe compétition de la Société Nautique de Genève, vont donc en découdre sur le dériveur en solitaire Byte CII et rappeler au monde de la voile suisse que l’élite a besoin d’une relève. Car si l’effet Alinghi a certainement permis à de nombreux clubs de voir leur mouvement junior prendre de l’ampleur, la situation des cadres et le suivi des jeunes talents ne sont toujours pas à la hauteur des ambitions affi chées. La plupart des projets de haut niveau sont issus d’initiatives personnelles et la fédération n’apparaît pas comme un réel moteur.

Entrer dans le sport d’élite
Le Swiss Sailing Team (SST) est cependant impliqué dans le processus qui doit emmener les deux régatiers en Asie et Rainer Staub, le responsable de l’élite pour la fédération, se réjouit de cet événement formateur. « Les Youth Olympic Games représentent une excellente occasion de sensibiliser les jeunes au mouvement olympique. Ces jeux permettent de rentrer dans la philosophie du sport d’élite et de faire prendre conscience aux amateurs de l’ampleur de l’investissement qu’impose un tel engagement. » Alex Schneiter, le père de Sébastien, qui s’est largement investi dans le développement du groupe compétition de la SNG, confi rme ce point de vue et constate au quotidien la diffi culté d’un tel projet. « Il faut d’abord mener de front les études et le sport, ce qui n’est pas évident. Les loisirs sont limités à l’entraînement. Sébastien a navigué plus de 60 jours entre janvier et mai et le programme est encore chargé d’ici les jeux. » Il relève également l’importance d’avoir une structure performante pour encadrer les jeunes. « Ce que nous avons mis en place à la Nautique est le fruit d’un engagement important, en temps et en argent. La participation de deux de nos jeunes aux Youth Olympic Games est le résultat de ces investissements », complète-t-il en soulignant l’importance du travail des clubs dans le développement d’une élite performante.

Londres 2012 en ligne de mire
Les jeux de Singapour nous rappellent que Londres 2012 se rapproche à grands pas et que la situation des candidats suisses reste relativement précaire, comparativement à d’autres pays. Le SST s’était fi xé l’objectif de trouver des sponsors qui permettent d’engager les athlètes en leur offrant une situation acceptable, avec une caisse de retraite et un minimum de sécurité sociale. Mais, à ce jour, l’objectif n’a toujours pas été atteint. Rainer Staub confi e qu’il manque encore un partenaire solide mais rappelle l’importance des travaux déjà réalisés. « Certains n’hésitent pas à dire que nous dilapidons l’argent pour le fonctionnement structurel et que les régatiers ne profi tent pas de nos fonds. Ces allégations sont mensongères et toutes les ressources dont nous disposons sont investies dans les programmes sportifs. » Et de compléter : « Les coaches que nous fi nançons représentent des dizaines de milliers de francs investis pour chaque athlète ; ils constituent l’essentiel de nos frais. »
Si Nathalie Brugger, 6e à Beijing, pourrait bien ramener une médaille à Londres, elle regrette le manque de culture sportive de la Suisse. « Il suffi t de regarder l’offre en matière de sportétudes pour faire ce constat. Nous bénéfi cions en effet de la prise en charge des entraîneurs, mais l’essentiel reste fondé sur notre capacité à trouver nos propres sponsors. » Le fait qu’Emanuelle Rol, qui bénéfi cie de la double nationalité suisse et française, navigue aujourd’hui pour la FFV interroge sur la capacité du SST à éviter la fuite des talents. Diffi cile dans ce contexte de ne pas songer au cas de Chris Rast qui après trois campagnes aux couleurs de la Suisse a participé aux derniers jeux pour les USA ? Rainer Staub précise sur ce sujet qu’il s’agit dans les deux cas de choix motivés par des opportunités d’équipages, mais il ne considère pas porter une quelconque responsabilité. « On observe également des cas dans l’autre sens, comme celui de Matias Bühler, qui est Argentin et qui a rejoint l’équipe suisse pour sa campagne prometteuse avec Félix Steiger.» Rainer Staub affi che une confi ance à toute épreuve et voit même trois opportunités de médailles à Londres, réparties entre Nathalie Brugger, Flavio Marazzi et Richard Stauffacher.

En attendant de voir les résultats de ces compétiteurs, qui possèdent tous au moins une expérience olympique, soutenons Sébastien Schneiter et Alexandra Rayroux pour qu’ils réalisent de beaux résultats à Singapour et prouvent à leurs aînés que la relève n’est pas une vue de l’esprit.