Texte | Vincent Gillioz

Les Jeux olympiques de Rio se disputeront du 5 au 21 août et quelques membres de la délégation Suisse partent avec l’espoir de rapporter une médaille. Au vu des forces en présence, la tâche promet d’être difficile, mais pas irréalisable.

Les régatiers Suisses, bredouilles depuis 48 ans, vont-ils enfin ramener le graal tant convoité de Rio : une médaille olympique suisse en voile ? En matière de pronostics, aucune certitude, mais quelques indicateurs sur les performances nous permettent d’y voir plus clair.

JO, inhibiteur de performance ?

La vraie question qui se pose c’est de savoir si l’épreuve olympique favorisera le dépassement de soi, ou a contrario, agira comme inhibiteur de performance. Car l’histoire nous a montré différents cas de figure… comme avec des athlètes bien classés au niveau mondial, qui se sont trouvés démunis sur le plan d’eau olympique. Ou plus rarement l’inverse, des régatiers tout juste sélectionnés, réalisant des résultats jusque-là jamais obtenus. Mais l’histoire nous montre le plus souvent que les JO reflètent, en fait, le niveau moyen des compétiteurs. Compter sur une réussite exceptionnelle relèverait-il alors du fantasme ? Et pourquoi ne faut-il pas abandonner nos espoirs d’exploit pour autant ?

Où en sont-ils ?

La délégation Suisse compte quatre équipages et un windsurfer. En Nacra 17, Matías Bühler et Nathalie Brugger, déjà expérimentés dans l’olympisme, sont sans aucun doute les plus en vue pour une médaille. Cet équipage mixte, qui avait terminé sur le podium des mondiaux de Scheveningen en 2013 s’est régulièrement classé dans les dix premiers. Il a remporté la Midwinter regatta de Miami cette année, terminé 2e de la Worldcup de Weymouth en 2015 et 10e en 2016. D’excellents résultats, parfois en dent de scie, mais qui leur confère un réel potentiel de diplôme.

En 470 masculin, Yannick Brauchli et Romuald Hausser sont également expérimentés puisqu’ils étaient déjà présents à Londres, après une qualification de justesse, et une belle 16e place. Depuis, ils ont vécu autant de haut que de bas, et sont capables du meilleur comme du pire. L’équipage est, semble-t-il, sur une pente ascendante depuis le début de l’année, et a terminé 11e du Trofeo Princesa Sofia de Palma, et surtout 8e de la Worldcup du Weymouth en juin. Ils peuvent objectivement viser un diplôme, même s’ils sont en moyenne plutôt en-dessous des exigences.

Linda Fahrni et Maja Siegenthaler, révélation de cette sélection de 470 féminin sont entrées en élite en 2014, et n’ont fait que progresser depuis. 9e aux Mondiaux de La Rochelle en 2013, 8e au Test Event de Rio en 2015, le duo termine au pied du podium de la Worldcup de Weymouth cette année. Linda et Maja n’ont, certes, pas l’expérience requise, mais elles ont peu de pression, ce qui pourrait constituer une force. Reste en équipage, pour le 49er, Sébastien Schneiter et Lucien Cujean, 18es à la dernière Worldcup de Weymouth. Inscrits dans une des classes les plus exigeantes, les Genevois abordent cette campagne avec pour seul but d’acquérir de l’expérience. Leur réel objectif se situe à Tokyo en 2020. Mateo Sanz Lanz, le windsurfer originaire de Formentera navigue encore régulièrement dans les dix premiers mondiaux. 17e du Test Event de Rio en 2014, il a terminé 6e l’année suivante, faisant preuve d’une remarquable et prometteuse progression. Mateo est donc clairement papable pour un diplôme, voir plus. Son potentiel se situe surtout dans le tout petit temps, où personne ne peut le rattraper.

Force en présence

Le paramètre qu’il faut encore prendre en compte, est celui du potentiel des autres concurrents. Chaque classe a ses leaders, et certains sont intouchables. En 49er, les Néo-Zélandais Peter Burling et Blair Tuke (Burling est le barreur d’ETNZ) dominent le circuit et devraient ramener l’or. Les Australiens Nathan Outteridge et Iain Jensen font aussi partie des candidats au podium. En Nacra 17, le duo français Billy Besson et Marie Riou a remporté les titres mondiaux en 2013, 2014, 2015 et 2016, ce qui constitue un exploit et en dit long sur ce qu’on peut attendre d’eux. En 470 masculin, les australiens Mathew Belcher (or à Londres) et William Ryan font clairement figure de favoris. Chez les filles, l’équipage polonais, Agnieszka Skrzypulec et Irmina Mrozek Gliszczynska qui s’entraîne avec les Suissesses devrait se démarquer. Le jeu est plus ouvert en windsurf, mais le Néerlandais Dorian van Rijsselberghe, vainqueur à Londres sera présent, de même que le Britannique Nick Dempsey (argent) et le Polonais Przemyslaw (4e en 2012).

Mais tout le monde sait qu’un succès se construit sur trois ou quatre campagnes. Pour autant que les régatiers gardent la foi, et surtout trouvent une structure qui leur permette d’envisager une carrière sur le long terme. Les vrais espoirs pourront donc être portés sur 2020. Mais attendons de voir ce qui se passe à Rio avant d’évoquer la suite.