La Rund Um 2013 entrera dans les annales comme une régate particulièrement rude. Une pluie persistante, du vent jusqu’à 6 Beaufort et une vague raide et courte ont mis les équipages et les bateaux à rude épreuve. Une centaine de bateaux seulement parmi les 280 présents sur la ligne de départ a réussi à terminer le tour du lac de Constance. Tandis que les multis sont revenus à Lindau en un temps record, les monocoques plus lents ont lutté contre l’absence de vent qui s’était installée dans la dernière partie du parcours.

Un engouement sans faille : dans la pluie persistante, il faut juste deux couches de vêtements de plus. © TT-Bilder, Jürg Kaufmann
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Il pleuvait des cordes, mais les conditions musclées étaient de bon augure pour une course rapide sur le parcours de 100 km. Les propriétaires des multicoques ne voyaient pourtant pas les choses de la même manière, tiraillés par des sentiments ambigus. Flavio Marazzi, en plein tour de promotion avec son nouveau catamaran GC32, a fait contre mauvaise fortune bon cœur : « Nous verrons si les foils fonctionnent encore avec les vagues de 1,5 mètres de haut. Le bateau n’a jamais vu de vent de plus de 12 nœuds. J’espère que nous allons sauter de vague en vague et non voler. » Armin Schmid, le vainqueur de l’année dernière et barreur du Sonnenkönig, s’est également dit préoccupé : « Notre bateau est plutôt conçu pour le petit temps, ce sera très dur pour nous. »

skinfit de Fritz Trippolt en route vers un bon résultat. C’était avant qu’il ne se brise en deux. © TT-Bilder, Jürg Kaufmann
La stratégie défensive payante

Personne n’aurait souhaité que les choses tournent si mal pour Schmid. L’équipage avait hissé le gennaker. Dans l’impossibilité de voir les rafales approchant dans la nuit noire pour réagir à temps, le Sonnenkönig a chaviré, alors qu’il se trouvait en position prometteuse. Heureusement, l’équipage et le bateau sont restés sains et saufs. L’Autrichien Fritz Trippolt fut moins chanceux. Sur son Ventilo M2 skinfit, le bras de liaison avec le flotteur au vent s’est cassé. L’équipage a pu être récupéré, mais le bateau a été complètement détruit.

D’autres catamarans dont Holy Smoke d‘Albert Schiess, vainqueur en 2011, ont préféré abandonner. Au final, seulement trois des sept multis en lice ont terminé la course. La stratégie consistant à privilégier la sécurité s’est avérée payante. Après un peu plus de cinq heures, Ralph Schatz sur son SL33 Black Jack – en principe un bateau conçu pour le petit temps – était le premier à se présenter au large de Lindau. Il avait rapidement réduit la voilure dans le vent soutenu. Entre Constance et Überlingen, le bateau atteignait 26 nœuds même sans foc et avec la grand-voile arisée. Après trois places d’honneur, Schatz a enfin fêté sa première victoire sur la Rund Um, affichant même une avance confortable de dix minutes sur son poursuivant.

© TT-Bilder, Jürg Kaufmann
Marazzi satisfait

Flavio Marazzi a également bien tiré son épingle du jeu : « Le CG32 est un bateau polyvalent avec beaucoup de portance à l’avant. Le risque d’enfourner est donc moindre », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « La vitesse était bonne et nous avons pris la tête peu après le départ. En optant ensuite pour le mauvais côté du lac, nous avons perdu beaucoup de temps. Je n’aurais jamais cru que la connaissance du plan d’eau puisse être aussi capitale par temps fort ». A la fin, il affichait un retard de 15 minutes sur le vainqueur. Mais c’est surtout la mauvaise visibilité due à la pluie battante qui a handicapé Marazzi : « C’était extrêmement dangereux de foncer sur l’eau au milieu de la nuit avec 50 km/h, c’était comme avancer à l’aveugle. On devrait envoyer les catamarans l’après-midi déjà, cela réduirait énormément le risque de collisions nocturnes. En plus, le public est dans l’impossibilité de voir les catamarans dans l’obscurité. » Marazzi se fera-t-il entendre ? Réponse à la Rund Um 2014.