Journée difficile et nuit délicate à venir après dix jours de mer ! Alors que Groupama 3 approche du 35° Sud, la situation météorologique n’est pas très favorable pour les 24 heures qui s’annoncent assez instables côté vent… Franck Cammas et ses hommes doivent s’adapter en permanence à une brise irrégulière, en zigzaguant entre les bulles de hautes pressions.
L’horloge tourne et les milles défilent dans le mauvais sens : l’avance que possédait Groupama 3 sur le temps de référence du Trophée Jules Verne a fondu sous le soleil tropical, passant de plus de 600 milles à moins de 300 milles… Et la perte n’est pas finie ! L’anticyclone de Sainte-Hélène est en effet scindé en plusieurs cellules et Franck Cammas et ses neuf équipiers doivent composer entre les bulles qui implosent sur place pour se reformer un peu plus loin… Difficile d’établir un plan de campagne rigoureux quand le vent joue les filles de l’air !
« Heureusement qu’il y a eu de belles rotations du vent la nuit dernière : on a pu gagner pas mal de milles vers le Sud jusqu’au matin. On a pu progresser avec des phénomènes locaux assez instables qui nous ont permis de bien descendre sous gennaker. Nous n’avons eu à faire que des empannages, mais pas de manoeuvres de changements de voile. Il a fallu être aux aguets toute la nuit pour bien exploiter ces bascules. C’est une course contre la montre face à une bulle anticyclonique qui risque de nous « manger ». C’est un peu tendu à bord, mais nous faisons ce que nous pouvons ! » indiquait Franck Cammas à la vacation radio de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama.
À l’assaut du front !
Il va falloir ronger son frein et rester particulièrement vigilant pour grignoter les milles vers le Sud afin de sortir des métastases anticycloniques. Près de 300 milles à faire avant de lâcher les chevaux dans une dépression très Sud, associant des vents de secteur Ouest d’une vingtaine de noeuds. D’ores et déjà, Franck Cammas et ses hommes savent qu’ils auront du mal à tenir le temps de passage au cap de Bonne-Espérance (14j 08h 19′) de Bruno Peyron en 2005. Mais si l’entrée dans l’océan Indien ne compte que quelques heures de retard, le match n’en sera que plus relancé ! Reste que les heures à venir vont mettre l’équipage sur les dents…
« Nous naviguons depuis midi avec un vent faible de 9-10 noeuds de Sud-Ouest. La mer est déjà un peu soumise aux effets de la houle du Grand Sud et ça « pendule » un peu. On cherche toujours à gagner le plus vite possible dans le Sud pour attraper les dépressions. Mais le premier front avec du vent de Sud-Ouest n’arrivera que jeudi soir : le moment délicat, c’est en ce moment et jusqu’à minuit ! Il faut espérer ne pas tomber dans un trou de vent qui nous mettrait en retard sur le front… »
Tableau de marche de Groupama 3
(départ le 31 janvier à 13h 55′ 53 » TU)
Nombre de milles parcourus par rapport à la route optimale du Trophée Jules Verne)
Jour 1 (1er février 14h TU) : 500 milles (retard = 94 milles)
Jour 2 (2 février 14h TU) : 560 milles (avance = 3,5 milles)
Jour 3 (3 février 14h TU) : 535 milles (avance = 170 milles)
Jour 4 (4 février 14h TU) : 565 milles (avance = 245 milles)
Jour 5 (5 février 14h TU) : 656 milles (avance = 562 milles)
Jour 6 (6 février 14h TU) : 456 milles (avance = 620 milles)
Jour 7 (7 février 14h TU) : 430 milles (avance = 539 milles)
Jour 8 (8 février 14h TU) : 305 milles (avance = 456 milles)
Jour 9 (9 février 14h TU) : 436 milles (avance = 393 milles)
Jour 10 (10 février 14h TU) : 355 milles (avance = 272 milles)
Temps de référence du Trophée Jules Verne entre Ouessant et le cap de Bonne-Espérance
2005 : Orange 2 (14j 08h 19′)
Meilleur temps sur la tranche Ouessant – cap de Bonne-Espérance
2008 : Groupama 3 (13j 08h 47′)
L’équipage et l’organisation à bord de Groupama 3
- Quart n° 1 : Franck Cammas / Loïc Le Mignon / Jacques Caraës
- Quart n° 2 : Stève Ravussin / Thomas Coville / Bruno Jeanjean
- Quart n° 3 : Fred Le Peutrec / Lionel Lemonchois / Ronan Le Goff
- Navigateur hors quart : Stan Honey monte sur le pont pendant les manoeuvres
- Un quart sur le pont, un quart en stand-by prêt à manoeuvrer, un quart de repos total
• Chaque quart dure trois heures sauf entre 12 et 18 heures TU ou ils ne durent que 2 heures
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Le record à battre
Détenu depuis 2005 par Bruno Peyron sur Orange 2 en 50 jours 16 heures 20 minutes à 17,89 noeuds de moyenne. Étaient à bord : Lionel Lemonchois, Ronan Le Goff et Jacques Caraës.