Les conditions de navigation se sont durcies ces dernières heures avec une dépression qui rattrape Groupama 3 : le trimaran géant cherche à rester en avant jusqu’au passage du cap Horn… Obligation de maintenir une vitesse élevée pour bénéficier de ce flux attendu de Nord-Ouest jusqu’aux îles Falkland.
Toujours plus rapide que Orange 2, le trimaran géant fait plus de route pour atteindre le cap Horn et donc son avantage est en courbe de yo-yo… Quand Groupama 3 fait cap vers le Nord-Est, il s’écarte de la route directe et quand il empanne comme ce dimanche soir, il fait du gain : résultat, l’avantage sur le temps de référence oscille au gré des manoeuvres et fluctue très sensiblement d’une heure à l’autre. Mais au final, Franck Cammas et ses hommes ont toujours quasiment une journée d’avance sur Bruno Peyron et son équipage…
« En ce moment, on fait plutôt de la route vers le Sud-Est, mais on va de nouveau empanner demain midi, puis encore empanner pour aller en route directe vers le Horn… On a eu de la mer hachée ces dernières heures, mais ça se régularise progressivement. » précisait Loïc Le Mignon à la vacation radio de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama.
Des glaces à surveiller
Les équipiers de Groupama 3 mangent beaucoup plus ces derniers jours en raison du froid persistant qui règne sur l’océan Pacifique. La consommation de calories est nettement plus importante quand les jours défilent (un mois de mer déjà) et que les températures descendent proches du zéro Celsius
« En tant que préparateur technique et naviguant, je trouve que le choix de la trajectoire est bien gérée : on peut aller très vite sans avoir de la mer. On ne coupe pas le fromage, mais c’est toujours très agréable. Là, en ce moment c’est plutôt froid : on a sorti les gants et on a hâte de passer le cap Horn pour sécher… On mange beaucoup plus et nous n’avons pas de manque de nourriture comme lors des autres tentatives. Mais on n’a déjà plus de pain de Lannilis… »
Il y a encore des glaces à surveiller car la température de l’eau est descendue en dessous de 6°C. Les icebergs ne sont pas très loin, mais les images satellites confirment que les glaçons sont plus au Sud… L’équipage reste toutefois très attentif tant sur le radar qu’en veille sur le pont. Et la fatigue commence à se faire sentir à bord.
Prendre la dépression
Une « méchante » dépression suit Groupama 3 qui doit maintenir un rythme élevé pour rester en avant et bénéficier des vents portants. Franck Cammas et ses hommes ont encore du « maille » jusqu’à la sortie des mers du Sud.
« C’est un peu le même schéma que lorsque nous avons passé le cap Leeuwin : il faut que nous restions devant une dépression jusqu’au Horn, voire plus ! Mais cette perturbation est plus rapide que nous… Il faut compter encore trois jours pour atteindre le cap ! On a un bon rythme à bord, car on se connaît depuis longtemps même s’il y a des frictions normales : tout le monde fait attention aux autres, c’est un très bon équipage, compétent, compétitif et gentil. On a envie que cette troisième tentative aboutisse ! »
Tableau de marche de Groupama 3
(départ le 31 janvier à 13h 55′ 53 » TU)
Nombre de milles parcourus par rapport à la route optimale du Trophée Jules Verne)
Jour 1 (1er février 14h TU) : 500 milles (retard = 94 milles)
Jour 2 (2 février 14h TU) : 560 milles (avance = 3,5 milles)
Jour 3 (3 février 14h TU) : 535 milles (avance = 170 milles)
Jour 4 (4 février 14h TU) : 565 milles (avance = 245 milles)
Jour 5 (5 février 14h TU) : 656 milles (avance = 562 milles)
Jour 6 (6 février 14h TU) : 456 milles (avance = 620 milles)
Jour 7 (7 février 14h TU) : 430 milles (avance = 539 milles)
Jour 8 (8 février 14h TU) : 305 milles (avance = 456 milles)
Jour 9 (9 février 14h TU) : 436 milles (avance = 393 milles)
Jour 10 (10 février 14h TU) : 355 milles (avance = 272 milles)
Jour 11 (11 février 14h TU) : 267 milles (retard = 30 milles)
Jour 12 (12 février 14h TU) : 274 milles (retard = 385 milles)
Jour 13 (13 février 14h TU) : 719 milles (retard = 347 milles)
Jour 14 (14 février 14h TU) : 680 milles (retard = 288 milles)
Jour 15 (15 février 14h TU) : 651 milles (retard = 203 milles)
Jour 16 (16 février 14h TU) : 322 milles (retard = 375 milles)
Jour 17 (17 février 14h TU) : 425 milles (retard = 338 milles)
Jour 18 (18 février 14h TU) : 362 milles (retard = 433 milles)
Jour 19 (19 février 14h TU) : 726 milles (retard = 234 milles)
Jour 20 (20 février 14h TU) : 672 milles (retard = 211 milles)
Jour 21 (21 février 14h TU) : 584 milles (retard = 124 milles)
Jour 22 (22 février 14h TU) : 607 milles (retard = 137 milles)
Jour 23 (23 février 14h TU) : 702 milles (avance = 60 milles)
Jour 24 (24 février 14h TU) : 638 milles (avance = 208 milles)
Jour 25 (25 février 12h TU) : 712 milles (avance = 365 milles)
Jour 26 (26 février 14h TU) : 687 milles (avance = 430 milles)
Jour 27 (27 février 14h TU) : 797 milles (avance = 560 milles)
Jour 28 (28 février 14h TU) : 560 milles (avance = 517 milles
Record WSSRC de la traversée de l’océan Pacifique (du Sud de la Tasmanie au cap Horn)
Orange 2 (2005) : 8j 18h 08′
L’équipage et l’organisation à bord de Groupama 3
- Quart n° 1 : Franck Cammas / Loïc Le Mignon / Jacques Caraës
- Quart n° 2 : Stève Ravussin / Thomas Coville / Bruno Jeanjean
- Quart n° 3 : Fred Le Peutrec / Lionel Lemonchois / Ronan Le Goff
- Navigateur hors quart : Stan Honey monte sur le pont pendant les manoeuvres
- Un quart sur le pont, un quart en stand-by prêt à manoeuvrer, un quart de repos total
• Chaque quart dure trois heures sauf entre 12 et 18 heures TU ou ils ne durent que 2 heures.
Le record à battre
Détenu depuis 2005 par Bruno Peyron sur Orange 2 en 50 jours 16 heures 20 minutes à 17,89 noeuds de moyenne. Étaient à bord : Lionel Lemonchois, Ronan Le Goff et Jacques Caraës.