Il n’a gagné aucune manche sur les quatre courues à Beaulieu sur Mer, et pourtant il remporte le Grand Prix ! D’une régularité à toute épreuve, le skipper de Cercle Vert n’est jamais descendu en dessous de la 6e place et monte deux fois sur le podium. Adrien Hardy (Agir Recouvrement), très régulier et sans victoire en poche lui-aussi, conserve sa place de leader au général provisoire, à un petit point de Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012). A la veille de la dernière grande étape vers Sète, le jeu est on ne plus serré. Les 308 milles dotés d’un coefficient 4 vont être décisifs.
Quatre solitaires ont mené les débats sur le plan d’eau de Beaulieu sur Mer : Thierry Chabagny (Gedimat) et ses deux victoires de manche, Frédéric Duthil (Sepalumic) et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), gagnants d’un parcours chacun. Et pourtant, l’homme qui remporte les honneurs n’a jamais claqué une course… Gildas Morvan avec ses places de 3, 4, 6 et 2 s’offre la victoire de ce Grand Prix de Beaulieu sur Mer/Trophée des Ports d’Azur. Comme quoi, sur une course aux points, sur un Grand Prix comme sur La Generali Solo, la régularité est payante. Cependant, le skipper de Cercle Vert a eu chaud : 1 point le sépare de Fred Duthil, qui ne devance que d’un petit point Fabien Delahaye.
Sur l’eau comme sur le papier, c’est serré !
Il fallait avoir à Beaulieu sur Mer du bon sens et des automatismes bien huilés. Entre les parcours de brise et les manches de petit temps, la stratégie autour des effets de site, les bonnes trajectoires et les enroulements de bouées, sur les quatre manches courues chacun a pu tenter sa chance. Sur le dernier côtier par exemple, le doyen de la course, Jean-Paul Mouren (MarseillEntreprise) s’offre une belle troisième place, derrière les ténors du circuit, Fabien Delahaye et Gildas Morvan. Pour tous, il y a eu du bon… et du moins bon. Voilà pourquoi au final, le classement provisoire est si serré. Plusieurs duels vont être à observer de près, dont un en particulier. Adrien Hardy et Fabien Delahaye, respectivement premier et deuxième n’ont qu’un point d’écart.
Ca va être chaud sur la dernière ligne droite de la Generali Solo 2013 !
Beaulieu sur Mer-Sète via les Mèdes (Espagne)
L’étape de tous les dangers
C’est la dernière grande étape de La Generali Solo 2013. Dotée d’un coefficient 4, c’est elle qui dessinera les contours presque définitifs du classement général. Or, elle promet d’être lente et complexe, avec un vent qui, sur tout le parcours, ne devrait pas excéder les 10 nœuds, alternant avec des périodes de calmes plus ou moins longues. C’est pourquoi la Direction de Course a envisagé deux parcours. Le tracé initial (308 milles) prévoit de laisser l’île du Levant (rade de Hyères) à bâbord, puis de poursuivre le long des côtes de la Provence jusqu’aux Calanques, où les concurrents enrouleront la tourelle de la Cassidaigne, devant le port de Cassis. Après ce grand tronçon côtier (102 milles), cap à l’ouest-sud-ouest pour un segment hauturier de 122 milles jusqu’au petit archipel des Mèdes (Espagne, au large d’Estartit). Une fois passée cette marque espagnole, direction Sète via les fameux caps Creus et Bear, soit 84 milles le long des côtes du Roussillon et du Languedoc. En cas de forte « pétole », le parcours serait modifié à partir de la Cassidaigne. Les concurrents iraient alors directement à Sète, sans passer par l’Espagne, pour une distance totale de 181 milles.
Encore une étape de petit temps
C’est une éventualité à prévoir car « si la fiabilité de la prévision est bonne, ce qui l’est moins, c’est la quantification des vents en termes de force, nous explique Eric Mas de Météo Consult. Il y aura des zones de pétole possibles, plus ou moins du durables. Pour le départ, dimanche à 13h00, les 16 concurrents devraient s’élancer dans un vent variable faible avant l’établissement d’une brise de sud-sud-ouest d’une dizaine de nœuds, brise qui s’estompera le soir devant les côtes varoises. Dans la deuxième partie de nuit, poursuit Eric Mas, ils trouveront un petit fond de mistral. Du portant au programme, donc, dans un léger flux de nord-est puis de nord devant les Bouches du Rhône, s’orientant nord-ouest pour la traversée du golfe du Lion. Celle–ci devrait s’effectuer sur un bord tribord. La partie la plus délicate débute à partir du passage des Mèdes. Des côtes espagnoles à la ligne d’arrivée à Sète, le vent sera très faible. »
Une fois de plus sur cette Generali Solo, il s’agira d’être le roi du petit temps pour marquer des points à Sète.
Repères
Parcours A : Beaulieu sur Mer, Ile du Levant à bâbord, Cassidaigne à bâbord, enrouler les Mèdes à tribord, arrivée à Sète : 308 milles
Parcours B : Beaulieu sur Mer, Ile du Levant à bâbord, Cassidaigne à bâbord, arrivée à Sète : 181 milles
Distances
– Beaulieu sur Mer – Cassidaigne = 102 milles
– Cassidaigne – les Mèdes = 122 milles
– Les Mèdes – Sète = 84 milles
– Cassidaigne – Sète = 83 milles
Ils ont dit :
Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) : « J’ai bien lu le vent dans la baie et j’ai réussi à sortir en tête à la première bouée. Ce qui m’a permis de passer avec un peu d’avance. J’ai pu creuser par la suite. Il a fallu faire face au retour du Géant vert mais j’ai su le contrôler jusqu’à la fin. Il y avait Jean-Paul Mouren, aussi, qui a fait une super régate. Le bilan de ce Grand Prix ? Mitigé. Hier pas terrible et très bon aujourd’hui, ce qui fait que c’est une opération neutre pour moi. Ça se répercute sur le général. Pour l’instant, je dois être 1er ou 2e au classement avec Adrien, on se tient. C’est une bonne nouvelle avant d’attaquer le finish. Demain, c’est l’étape déterminante de cette Generali Solo. Le classement à Sète va être décisif pour la suite. Il y a du brassage sur les Grands Prix qu’il n’y a pas sur les grandes étapes de coeff 4. »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Aujourd’hui et hier, j’ai fait le Pac-Man : je ne pars pas bien et je reviens (il fait des bruits de bouche) en grignotant mes concurrents les uns après les autres, pour bien finir à l’arrivée. J’ai essayé de naviguer placé, propre, j’étais assez bien inspiré, donc au final, je fais des régates pas trop mal. Comme mes autres concurrents, Adrien (Hardy), Fred (Duthil) et Thierry (Chabagny) font une mauvaise manche ou une manche moyenne aujourd’hui, ça leur coûte cher. Demain, cette étape coefficient 4 va bien dessiner le classement général, voire le figer. Quant aux conditions météo, ce ne sera pas évident. Pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de vent pour aller jusqu’aux Mèdes. Et pour aller des Mèdes à Sète, non plus ! »
Thierry Chabagny (Gedimat) : « Jusqu’à présent, je n’arrivais pas à faire deux bonnes manches d’affilée, maintenant, c’est trois ! Je progresse, mais bon… Je me suis un peu raté sur le bord de près. J’ai joué à la côte, résultat, je passe super mal à la bouée de dégagement. J’ai réussi à grappiller deux ou trois bateaux mais ça ne suffit pas pour faire un Grand Prix de Beaulieu sur le podium. Le bilan de la journée n’est pas négatif car gagner une manche, c’est toujours sympa. C’est ma quatrième. Maintenant, il reste l’étape coeff 4 et c’est certainement celle-là qui fera le juge de paix. Vivement demain pour en découdre une bonne fois pour toutes ! »
Frédéric Duthil (Sepalumic) : « Dommage. J’étais encore bien placé sur la dernière régate mais il y a eu une petite redistribution avec la pétole, du coup je fais 7e à la manche et je perds d’un point le Grand Prix. Ce n’est pas très mérité parce que je pense que j’avais bien navigué ces deux derniers jours. Mais c’est comme ça. Ça m’aurait fait plaisir de gagner. Mais j’ai l’impression que ça ne veut pas… »
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) : « Je fais 4e et 9e aujourd’hui. C’est un petit peu moins bien sur la dernière, sauf que je suis revenu de la 14e place. Je fais un super retour donc c’est très positif. Toute la manche, j’ai été très rapide, j’ai fait de super manœuvres. Sur la dernière étape, je pars en confiance. Je suis très satisfait de la manière dont je navigue, la vitesse, les manœuvres, le passage des transitions. Ce sera important pour l’étape à venir tout ça. Ce sera chaud jusqu’à la fin et c’est ce qui fait tout l’intérêt de la course. Ça va être bien ! Non, je ne vais pas marquer Fabien. Parce qu’on est encore loin de la fin du championnat. Il y aura aussi le Grand Prix à Sète. »