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66e édition de la Rund Um Bodensee: Un Romand sème le trouble

par Quentin Mayerat

Photos | Peter Sternbeck, Walter Rudin & Stephan Cicholinski

Texte | Walter Rudin

Pour sa première participation à la Rund Um, la victoire a échappé de peu au team Safram. L’équipage lémanique s’est fait surprendre juste avant la ligne d’arrivée par Ralph Schatz sur son Orange Utan. Quatre catamarans suisses ont dû se contenter des places d’honneur.start_von_peter_sternbeck

« Notre but était de disputer toutes les grandes régates sur un plan d’eau fermé en Europe et la Rund Um manquait encore au tableau », explique Rodolphe Gautier, le skipper de Safram. La participation au grand classique du lac de Constance s’est donc imposée naturellement. Compte tenu de son palmarès, l’équipage lémanique faisait, bien malgré lui, figure de favori. « Leur bateau est très rapide, commente Armin Schmid, membre du SSC Romanshorn et chef d’équipage du M2 Sonnenkönig, avant la course. Il nous reste à espérer qu’ils optent pour une option défavorable. Cela dit, le fait qu’ils n’aient aucun navigateur local à bord connaissant le plan d’eau est certainement un handicap. » Avec trois victoires au compteur, Sonnenkönig comptait également parmi les favoris. Le M2 s’est en effet adjugé la victoire avec une régularité extrême pour se retrouver tous les deux ans sur la plus haute marche du podium. « C’est vrai, ça devrait être de nouveau notre tour, plaisante Schmid avant le départ, nous allons faire tout notre possible. »

Un orage qui s’était abattu sur la Suisse a provoqué un vent de terre au large de Lindau permettant aux 320 bateaux en lice de prendre un départ rapide et d’avancer à bonne allure dans la nuit pluvieuse. En optant pour le côté suisse, Safram prend bientôt la tête. Peu avant la première bouée au large de Romanshorn, il se fait dépasser par Ralph Schatz sur son Orange Utan. Pendant que les deux cherchent de bons airs en se dirigeant vers Constance, deux autres catamarans suisses les rejoignent : Sonnenkönig et Holy Smoke. Ce quatuor ne se lâchera plus jusqu’au bout, pour finalement se lancer une ultime bataille pour la victoire.

holy_smoke_von_walter_rudinHoly Smoke surprend tout le monde

Holy Smoke, le catamaran d‘Albert Schiess, affiche l’âge vénérable de 30 ans. Beaucoup s’étonnent qu’il arrive toujours à tenir tête aux multicoques modernes. Schiess, lui-même âgé de 65 ans, espère qu’il en restera ainsi, mais n’est pas dupe : « Nous avons fait des modifications sur les dérives pour augmenter la portance dans la navigation au portant. On verra si nous sommes concurrentiels. Nous allons faire de notre mieux pour rester devant, mais il ne faut pas oublier que nous aussi, nous avons pris de la bouteille ». Si un de ses coéquipiers a même dépassé les 70 ans, le trio du Club Nautique d’Arbon semble toujours au top de sa forme. Peu avant Constance, il caracole même en tête. Lorsque le vent se renforce avant la bouée de dégagement située à hauteur d’Ueberlingen, les bateaux plus rapides reprennent toutefois les commandes.

En revenant vers Lindau, à quelques milles de l’arrivée, Safram distance ses concurrents directs et prend une bonne avance. La victoire est à portée de main. Mais les apparences s’avèrent trompeuses. Au large de Wasserburg, Safram se fait piéger dans un trou de vent. Orange Utan – qui n’en demandait pas tant – glisse en tête pour finalement remporter la course. Rodolphe Gautier accepte sa défaite avec humour : « Il parait que c’est un classique de la Rund Um donc on a respecté la tradition. Par contre, les coups de mistoufle lacustres sont les mêmes. C’est le propre de ces grandes courses et cela fait partie du jeu. Tant que la ligne n’est pas franchie, tout peut arriver. » Après six heures de course, il lui aura manqué deux minutes pour l‘emporter.

La nuit noire et la pluie battante ont donné du fil à retordre aux équipages. « On n’a pas vu grand-chose d’autre que les étraves de Safram ! », s’est exclamé Gautier et le barreur Christophe Peclard a rajouté : « Naviguer de nuit sur ces multicoques est assez exigeant, alors quand en plus il y a des grains et de la pluie, on doit être très vigilants. C’est une belle expérience mais je préfère faire les tours de lac de jour ! »

Une approche différente du Bol d’Or Mirabaud

Rodolphe Gautier est aussi Président du comité d’organisation du Bol d’Or Mirabaud. Comparant ces grandes régates européennes, il analyse : « L’ambiance est très similaire à celle du Bol d’Or. L’île entière est tournée sur la course pendant tout un week-end. Je doute qu’un Bol d’Or avec un départ le soir aurait le même succès mais c’est fantastique pour les spectateurs. »

Andreas Zimmerli participe depuis plusieurs années aux deux courses. « La Rund Um est plus proche du public. Avant laimmoset_von_walter_rudin régate, tous les bateaux se trouvent dans le port, juste devant les yeux des spectateurs et des badauds qui se baladent dans les parages. En plus, le public profite d’un grand nombre d’animations. Par contre, sur un plan sportif, le Bol d’Or est plus attrayant pour les multicoques et la concurrence est plus grande. J’aime beaucoup les deux régates. En plus, les organisateurs restent fidèles à leur concept depuis plus d’un demi-siècle. D’autres régates de longue distance n’ont cessé de changer de formule en fonction des tendances et ont vu leur participation chuter ». Pour Zimmerli, le déplacement depuis la Suisse centrale où il habite s’est avéré payant. Son Quant30 a trouvé suffisamment de vent pour pouvoir profiter de ses foils et entreprendre un vol de nuit. Il a passé la ligne en 11e position, loin devant les autres bateaux de moins de 10 mètres.

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